En résumé :
- Israël a lancé dans la nuit de vendredi à samedi des raids de représailles à l’attaque du 1er octobre menée par l’Iran sur son sol, affirmant avoir frappé avec «précision» des cibles militaires sur le territoire de son ennemi juré. Elle a provoqué la mort de quatre soldats iraniens.
- Tsahal dit avoir visé des installations de fabrication de missiles, des batteries de missiles sol-air et d’autres systèmes aériens, avant d’expliquer dans un communiqué ces destructions donnaient «une plus grande liberté d’action» dans l’espace aérien iranien.
- L’Iran a confirmé une attaque contre des sites militaires dans la capitale et dans deux autres provinces limitrophes de l’Irak. Elle a provoqué des «dégâts limités», selon Téhéran. Les vols dans son espace aérien, brièvement suspendus, «vont revenir à la normale» dans la matinée.
- Après l’attaque, Israël a mis en garde l’Iran contre «une escalade plus large», tandis que les Etats-Unis ont sommé Téhéran de «cesser ses attaques contre Israël afin que ce cycle de combats puisse se terminer sans nouvelle escalade». L’Iran a rétorqué «avoir le droit et le devoir de se défendre».
Joe Biden croise les doigts. Le président américain a déclaré ce samedi soir qu’il semblait qu’Israël n’avait frappé que des cibles militaires dans son attaque contre l’Iran dans la nuit, et qu’il «espérait que c’est la fin» de cette escalade entre les deux puissances rivales. Dans la matinée, la Maison Blanche avait «exhorté l’Iran à cesser ses attaques contre Israël afin que ce cycle de combats puisse se terminer sans nouvelle escalade», par la voix du porte-parole du Conseil national de sécurité de l’exécutif américain, Sean Savett.
Israël a une «obligation historique» de faire cesser la menace iranienne, selon un de ses ministres d’extrême droite. Habitué des déclarations tapageuses et des actions coup de poing, Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité intérieure israélien, a déclaré ce samedi soir sur X que «l’attaque [menée par Israël dans la nuit de vendredi à samedi] est importante comme un premier coup pour endommager les intérêts stratégiques de l’Iran». L’homme politique d’extrême droite a aussi estimé que l’Etat hébreu avait une «obligation historique de faire cesser la menace iranienne de détruire le pays».
L’Iran affirme que seuls des «systèmes radar» ont été endommagés par Israël. Les forces armées iraniennes ont affirmé ce samedi soir que seuls les dégâts des frappes israéliennes nocturnes contre des cibles militaires à l’intérieur du pays ont été minimes. «Grâce à la performance opportune de la défense aérienne du pays, les attaques ont causé des dégâts limités et seuls certains systèmes radar ont été endommagés», a annoncé l’état-major des forces armées iraniennes, dans un communiqué cité par la télévision d’Etat.
Le Hezbollah et le Liban condamnent l’attaque israélienne. Le mouvement islamiste libanais, soutenu par Téhéran, a qualifié ce samedi d’«escalade dangereuse au niveau de toute la région» dans la région les frappes israéliennes sur l’Iran pendant la nuit. Le communiqué du Hezbollah ajoute que les Etats-Unis «portaient l’entière responsabilité des massacres, des tragédies et de la douleur» causés par son allié israélien. Le ministère libanais des Affaires étrangères a également condamné les frappes israéliennes, les qualifiant de «violation de la souveraineté de l’Iran et de menace sérieuse pour la sécurité régionale». Il a notamment appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à «mettre fin à l’escalade militaire d’Israël» dans la région.
Dans l'œil de Libé
Téhéran hausse à nouveau le ton. Après avoir affirmé dans la matinée que l’Iran «a le droit et le devoir de se défendre» après les frappes israéliennes de la nuit, le ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghtchi, a fait une nouvelle déclaration offensive ce samedi après-midi. «Nous avons prouvé qu’il n’y a pas de limites à notre détermination à nous défendre», a-t-il déclaré lors d’un entretien accordé au site du guide suprême iranien. L’Iran a lancé le 1er octobre quelque 200 missiles sur Israël, incluant pour la première fois plusieurs missiles hypersoniques. Israël avait juré de faire payer à l’Iran cette attaque.
Le patron de l’OMS alerte sur la situation humanitaire à Gaza. Tedros Adhanom Ghebreyesus, le secrétaire général des Nations unies chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a prévenu ce samedi que la situation était «catastrophique» dans le nord de la bande de Gaza ravagée par la guerre, avec «des opérations militaires intensives se déroulant dans et autour des établissements de santé». Il a notamment évoqué «une grave pénurie de fournitures médicales, mélangé à un accès sévèrement restreint, privent des gens de soins vitaux».
Le chef de l’ONU veut éviter une «guerre régionale». Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’est dit «profondément inquiet de la poursuite de l’escalade au Moyen-Orient», après les frappes israéliennes en Iran, a déclaré ce samedi son porte-parole dans un communiqué. «Le secrétaire général réitère d’urgence son appel à toutes les parties pour qu’elles cessent toutes les actions militaires, y compris à Gaza et au Liban, déploient tous les efforts possibles pour empêcher une guerre régionale totale et reviennent sur la voie de la diplomatie», a-t-il ajouté.
Une rivalité de près d’un demi-siècle entre Israéliens et Iraniens. Assassinats ciblés, sabotages, bombardements stratégiques, contre-renseignement… Les deux pays se rendent coup pour coup, dès que l’un ou l’autre camp franchit ce qui apparaît comme une ligne rouge. Après la nouvelle riposte d’Israël ce samedi, retour sur une guerre de l’ombre entre l’Etat hébreu et la république islamique qui dure depuis 1979. A lire ci-dessous.
Décryptage
L’UE appelle à «la plus grande retenue». «Le cycle dangereux d’attaques et de représailles risque de provoquer une nouvelle extension du conflit régional», a déclaré l’Union européenne dans un communiqué après les frappes israéliennes en Iran. «Tout en reconnaissant le droit d’Israël à l’autodéfense, l’UE appelle toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue pour éviter une escalade incontrôlable, qui n’est dans l’intérêt de personne», a ajouté le bloc de 27 pays européens.
Un secouriste affilié au Hezbollah tué dans un raid israélien. Un membre du Comité islamique de la santé (organisation affiliée à la milice pro-Iran) a été tué ce samedi au sud du Liban dans un «raid de l’ennemi israélien» sur un «centre médical» du village de Bazouriyé, a rapporté le ministère libanais de la Santé dans un communiqué. Cinq personnes ont aussi été blessées, dont trois secouristes, selon cette même source. L’armée israélienne n’hésite pas à les prendre pour cible car accusant le comité de transporter combattants et armes dans ses ambulances, ce que le mouvement islamiste libanais nie.
Israël fait état de 80 projectiles tirés par le Hezbollah. Cela faisait partie des conséquences attendues de l’opération israélienne sur l’Iran pendant la nuit. Environ 80 «projectiles» ont été tirés ce samedi depuis le Liban vers le nord d’Israël par le Hezbollah, milice soutenue par Téhéran, a chiffré Tsahal dans un communiqué à la mi-journée, alors que le mouvement tire quotidiennement plusieurs dizaines de roquettes sur le territoire israélien.
Interview
Berlin met en garde l’Iran contre toute «escalade» après les frappes israéliennes. Le chancelier allemand Olaf Scholz a mis en garde ce samedi Téhéran après les frappes israéliennes sur son territoire. «Mon message à l’Iran est clair : il ne faut pas que les réactions massives d’escalade continuent. Cela doit cesser maintenant. C’est alors que s’ouvrira la possibilité d’une évolution pacifique au Proche-Orient», a dit Olaf Scholz, dans un message posté sur X.
La Turquie condamne les frappes sur l’Iran et appelle à «mettre fin à la terreur» créée par Israël. Ankara a appelé ce samedi à «mettre fin à la terreur créée par Israël dans la région» et «condamné» les frappes israéliennes sur l’Iran, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères. «Mettre fin à la terreur créée par Israël dans la région est devenu une tâche historique pour l’établissement de la sécurité et de la paix internationales», selon le communiqué. «Nous condamnons avec la plus grande fermeté l’attaque israélienne contre l’Iran. En commettant un génocide à Gaza, en se préparant à annexer la Cisjordanie et en tuant des civils chaque jour au Liban, Israël a amené notre région au bord d’une plus grande guerre», ajoute le ministère turc.
Le Hezbollah dit avoir tiré sur des soldats israéliens et revendique un tir sur une base près de Tel-Aviv. La milice libanaise pro-iranienne a annoncé ce samedi avoir tiré «une salve de roquettes» sur des soldats israéliens dans le sud du Liban près du village frontalier d’Aïta al-Chaab, où des soldats israéliens avaient réussi la semaine dernière à hisser leur drapeau sur le réservoir d’eau du village. Il s’agit d’un des axes sur lesquels l’armée israélienne tente de poursuivre ses incursions terrestres. En parallèle, le Hezbollah dit avoir lancé une attaque de drones en Israël contre la base aérienne de Tel Nof au sud de Tel-Aviv, première attaque contre ce site militaire en plus d’un an d’escalade meurtrière.
L’Iran «a le droit et le devoir de se défendre» après les frappes israéliennes, selon Téhéran. Le ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghtchi, a dit ce samedi «condamner» les frappes israéliennes menées contre son territoire durant la nuit. Il a aussi affirmé que l’Iran «a le droit et le devoir de se défendre», «sur la base du droit inhérent de légitime défense qui figure à l’article 51 de la Charte des Nations unies», selon un communiqué de la diplomatie iranienne.
La France demande à ne pas «aggraver le contexte d’extrême tension». Disant avoir «pris connaissance de l’annonce par Israël de frappes contre des cibles militaires en Iran cette nuit, en réponse à l’agression du 1er octobre», le ministère des Affaire étrangères a signifié la position tricolore dans un court communiqué ce samedi : «La France appelle instamment les parties à s’abstenir de toutes escalade et action susceptibles d’aggraver le contexte d’extrême tension qui prévaut dans la région».
L’Irak appelle la communauté internationale à réagir face à Israël. Le gouvernement irakien a mis en garde ce samedi contre les «conséquences dangereuses» résultant du «silence de la communauté internationale» face au «comportement brutal» d’Israël, après la série de frappes nocturnes contre des positions militaires en Iran voisin. Le porte-parole du gouvernement, Basim Alawadi, a aussi accusé l’Etat hébreu de poursuivre «l’expansion du conflit dans la région» avec des «attaques perpétrées dans l’impunité». A l’aube, les factions de la «Résistance islamique», nébuleuse de groupes armés irakiens alliés de Téhéran, avaient revendiqué une attaque de drone contre une «cible militaire» dans le nord d’Israël, après l’annonce de frappes israéliennes sur l’Iran.
L’armée israélienne dynamite des maisons dans un village libanais frontalier. L’agence de presse nationale libanaise Ani a rapporté que dans le village d’Adaysseh, «l’armée de l’ennemi israélien a fait exploser et détruit depuis l’aube des maisons dans les quartiers proches des barbelés» de la frontière. De son côté l’armée israélienne a fait état de «l’explosion d’une importante quantité d’explosifs au Liban», si forte que les signaux d’alerte au séisme ont été activés dans une grande partie du territoire israélien.
La défense antiaérienne israélienne renforcée. Quelques jours avant son opération contre l’Iran, l’Etat hébreu venait de recevoir le le THAAD, système de défense aérien livré par les Américains. Libération fait le point autour de ce nouveau dispositif de protection dans le ciel israélien. A lire ci-dessous.
Dcéyptage
Le Premier ministre britannique estime que l’Iran ne devrait pas riposter. «Il est clair qu’Israël a le droit de se défendre contre l’agression iranienne. Je suis tout aussi convaincu que nous devons éviter une nouvelle escalade régionale et j’invite toutes les parties à faire preuve de retenue», a déclaré Keir Starmer a déclaré samedi lors d’une conférence de presse à Samoa, où il participe à une réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth. Le chef du gouvernement britannique est même allé plus loin : «l’Iran ne doit pas répondre» à l’attaque israélienne de cette nuit.