En résumé :
- Des combats acharnés et meurtriers se poursuivent ce vendredi 8 décembre ans la bande de Gaza entre le Hamas et l’armée israélienne. Tsahal traque toujours le chef du Hamas dans l’enclave, architecte de l’attaque sanglante du 7 octobre contre Israël, Yahya Sinwar.
- Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer ce vendredi sur un «cessez-le-feu humanitaire immédiat», Emmanuel Macron a insisté auprès de Benyamin Nétanyahou pour l’ouverture d’un deuxième «point de passage» entre Israël et l’enclave gazaouie, à Kerem Shalom, afin d’acheminer l’aide dont les civils palestiniens ont «urgemment besoin».
- Le Hamas, au pouvoir à Gaza, avance un bilan de plus de 17 000 Palestiniens morts, dont une majorité de femmes et d’enfants, selon des chiffres toujours invérifiables. Côté israélien, près de 1 200 personnes ont été tuées, essentiellement des civils, massacrés le 7 octobre.
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«Le Hamas n’a aucun désir d’une paix durable», justifie l’ambassadeur américain adjoint à l’ONU. Robert Wood, l’ambassadeur américain adjoint à l’ONU, a justifié le véto américain en déclarant que le projet de résolution proposé n’était pas conforme à la réalité et qu’il «ne ferait pas avancer les choses concrètement sur le terrain». «Cela planterait seulement les graines pour une future guerre, parce que le Hamas n’a aucun désir d’une paix durable», a-t-il ajouté, déplorant également l’absence de condamnation des attaques du Hamas du 7 octobre, un «échec moral».
«Cessez-le-feu» à Gaza : véto américain à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Les Etats-Unis ont mis leur véto ce vendredi à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU réclamant un «cessez-le-feu humanitaire immédiat» dans la bande de Gaza réclamé avec force par le secrétaire général Antonio Guterres. La résolution préparée par les Emirats arabes unis et soutenue par près de 100 pays, a recueilli 13 voix en faveur, une voix contre (Etats-Unis) et une abstention (Royaume-Uni).
L’administration Biden a demandé au Congrès d’approuver la vente de 45 000 obus pour les chars Merkava d’Israël. Ces obus seraient utilisés dans le cadre de l’offensive à Gaza, selon un fonctionnaire et un ex-fonctionnaire américain. La demande est formulée alors même que l’on s’inquiète de plus en plus de l’utilisation d’armes américaines dans une guerre qui a tué des milliers de civils dans l’enclave palestinienne. Cette vente potentielle, d’une valeur de plus de 500 millions de dollars, fait l’objet d’un examen informel par les commissions des affaires étrangères du Sénat et de la Chambre des représentants, ce qui donne aux membres le privilège de bloquer la vente ou d’avoir des discussions informelles avec l’administration au sujet de leurs préoccupations. Toutefois, le département d’État américain fait pression sur les commissions du Congrès pour qu’elles approuvent rapidement la transaction, ont déclaré un fonctionnaire américain et Josh Paul, ancien porte-parole du département d’État, face aux objections des défenseurs des droits de l’homme concernant l’utilisation d’armes fabriquées aux États-Unis dans le conflit.
En images.
Deux soldats blessés dans une tentative de libérer des otages. L’armée israélienne a reconnu vendredi l’échec d’une opération visant à libérer des otages dans la bande de Gaza, dans laquelle deux soldats ont été grièvement blessés et, selon le mouvement palestinien Hamas, un otage est mort. «Dans la nuit (de jeudi à vendredi), deux soldats israéliens ont été grièvement blessés lors d’une opération visant à secourir des otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza», a indiqué l’armée dans un communiqué. «Aucun otage n’a été sauvé», a-t-elle ajouté, affirmant qu’«au cours de l’opération, de nombreux terroristes ayant participé à l’enlèvement et à la garde des otages ont été tués».
Au moins 10 personnes tuées dans une frappe israélienne à Khan Younès. On dénombre par ailleurs de nombreuses autres personnes blessées, selon des responsables palestiniens de la santé cités par Reuters, après que les forces israéliennes ont bombardé une maison familiale dans le sud de la bande de Gaza, à Khan Younès. Tsahal avait déclaré mercredi en fin de journée que ses forces à Gaza opéraient pour la première fois «au cœur de Khan Younès».
Israël peut faire mieux pour limiter les morts à Gaza, estime Washington. La Maison Blanche a déclaré vendredi qu’Israël pouvait faire davantage pour réduire le nombre de victimes civiles et que les États-Unis partageaient les préoccupations internationales concernant la situation humanitaire à Gaza. «Nous reconnaissons tous qu’il est possible de faire davantage pour réduire le nombre de victimes civiles», a dit à la presse le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, John Kirby.
Témoignage
«Je vis habituellement à Khan Younès, mais j’ai dû venir m’installer avec ma famille à Rafah ces dernières semaines, où je continue mon activité pour venir en aide aux déplacés dans la détresse totale.
«Les arrivées massives de réfugiés, ces derniers jours, ont accentué la concentration dans la ville, rendant la situation très difficile. Il n’y a plus aucun abri en dur. Les rues sont remplies de tentes qui occupent tout l’espace, dans un désordre total. Les gens dorment à même le sol sur des couvertures, alors qu’il commence à faire de plus en plus froid. Les choses se compliquent de jour en jour, y compris pour les réfugiés abrités dans les écoles de l’UNRWA [l’agence de l’ONU d’aide aux réfugiés palestiniens, ndlr] à Rafah.»
En image. Au milieu des décombres à Majdal Zoun, au sud du Liban, près de la frontière israélienne.
Liberté de la presse
Ils s’appelaient Roshdi Sarraj, Bilal Jadallah ou Mohammed Fayez Abou Matar. En tout, ce sont 58 journalistes qui ont été tués à Gaza par des frappes israéliennes depuis deux mois, «dont quatorze dans l’exercice de leurs fonctions», selon un décompte de Reporters sans frontières (RSF). Pour alerter sur cette situation, les syndicats de journalistes français et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) organisaient jeudi 7 décembre à la Bourse du travail à Paris un meeting de soutien aux journalistes qui couvrent le conflit sur le terrain, ainsi qu’une prise de parole du président du Syndicat des journalistes palestiniens, Nasser Abou Bakr, en visite en France.
Des donateurs musulmans se désengagent de Trudeau à cause de sa position sur Gaza. Un groupe de donateurs musulmans canadiens de premier plan ne collectera plus de fonds pour les libéraux au pouvoir, en raison de la position du Premier ministre Justin Trudeau, lequel n’a pas appelé à un cessez-le-feu, a déclaré vendredi la La Société Radio-Canada. Le groupe en question a déclaré qu’il se retirait du Club Laurier, le niveau supérieur des donateurs, parce que Justin Trudeau ne semblerait, selon eux, ne pas s’intéresser au droit international ou aux enfants de Gaza. «C’est le cœur brisé que nous devons quitter le Club Laurier», a écrit dans une lettre au parti le groupe.
Le Hamas appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à mettre fin à la «guerre brutale» à Gaza. «Nous appelons le Conseil de sécurité, la communauté internationale et tous les pays du monde à mettre fin à cette guerre brutale et à sauver la bande de Gaza avant qu’il ne soit trop tard», a écrit le bureau de presse du Hamas dans un communiqué.
Une conférence de paix internationale nécessaire pour mettre fin au conflit, estime Abbas. Dans un entretien accordé à Reuters dans son bureau de Ramallah, le président de l’Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas, 87 ans, a déclaré que le conflit entre Israël et les Palestiniens en général avait atteint un stade alarmant qui nécessitait une conférence internationale et des garanties de la part des puissances mondiales. Outre la bataille en cours à Gaza, l’octogénaire a déclaré que les forces israéliennes avaient intensifié leurs attaques partout en Cisjordanie occupée au cours de l’année écoulée et que les colons avaient multiplié les actes de violence contre les villes palestiniennes. Il a en outre réitéré sa position de longue date en faveur de la négociation plutôt que de la résistance armée pour mettre fin à l’occupation de longue date.
A l’ONU, les Etats-Unis rejettent les appels à un «cessez-le-feu immédiat» à Gaza. «Bien que les Etats-Unis soutiennent une paix durable, où les Israéliens et les Palestiniens peuvent vivre en paix et dans la sécurité, nous ne soutenons pas les appels à un cessez-le-feu immédiat», a insisté vendredi l’ambassadeur américain adjoint à l’ONU Robert Wood devant le Conseil de sécurité. Ce dernier estimant que cela «planterait les graines d’une future guerre», le Hamas n’ayant «aucun désir d’une paix durable».
Des ministres de pays arabes appellent à une fin «immédiate» des hostilités. «Notre message est que nous pensons qu’il est absolument nécessaire de mettre fin aux combats immédiatement», a déclaré à Washington le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, au nom d’un groupe mêlant les chefs de la diplomatie de plusieurs pays arabes. Ces mêmes ministres appellent à ce que le Conseil de sécurité de l’ONU approuve une résolution sur un cessez-le-feu humanitaire à Gaza.
Macron appelle Nétanyahou à l’ouverture d’un deuxième accès pour acheminer l’aide à Gaza. Le président français Emmanuel Macron a insisté vendredi auprès du Premier ministre israélien pour l’ouverture d’un deuxième «point de passage» entre Israël et l’enclave gazaouie, à Kerem Shalom, afin d’acheminer l’aide dont les civils palestiniens ont «urgemment besoin». Lors d’un entretien téléphonique, «le président de la République a rappelé la nécessité de protéger les civils de Gaza et souligné l’importance de parvenir à un cessez-le-feu durable», rapporte l’Elysée.
L’inaction du Conseil de sécurité de l’ONU «le rend complice du massacre» à Gaza. C’est Médecins sans frontières (MSF) qui le dit, ce vendredi, via un communiqué. «A ce jour, l’inaction du Conseil de sécurité des Nations Unies et les vetos des Etats membres, notamment des Etats-Unis, les rendent complices du massacre en cours», écrit l’ONG.
Récit
En image.
Paris condamne l’approbation par Israël d’une nouvelle colonie à Jérusalem-Est. La France a «fermement» condamné ce vendredi la décision des autorités israéliennes de permettre la construction de nouveaux logements dans des colonies à Jérusalem-Est, qui compromet, selon elle, «la possibilité d’établir un futur Etat palestinien viable». «La colonisation est illégale en droit international», a rappelé Anne-Claire Legendre, la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. «En approuvant de nouveaux projets de construction de colonies, le gouvernement israélien compromet la possibilité d’établir un futur État palestinien viable et contigu et met en danger la perspective de la solution des deux États [l’un israélien et l’autre palestinien, ndlr], qui est seule susceptible de répondre au droit à la sécurité d’Israël et aux aspirations légitimes des Palestiniens à un État», a également réagi la porte-parole.
Les violences du Hamas ne justifient pas la «punition collective» des Palestiniens, déclare le chef de l’ONU. «Les violences perpétrées par le Hamas ne peuvent en aucun cas justifier la punition collective du peuple palestinien», a déclaré ce vendredi, devant le Conseil de sécurité, le secrétaire général de l’ONU, appelant à nouveau à un «cessez-le-feu humanitaire». «Si les tirs indiscriminés de roquettes du Hamas vers Israël, et l’utilisation de civils comme boucliers humains sont des violations du droit de la guerre, un tel comportement n’absout pas Israël de ses propres violations», a insisté Antonio Guterres, qui a pour la première fois invoqué l’article 99 de la Charte de l’ONU pour provoquer cette réunion extraordinaire du Conseil sur un dossier qui «pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales».