Otages. Les Brigades Al-Qassam annoncent qu’elles sont prêtes à libérer dimanche 22 octobre les deux détenues, «Nurit» et «Yokhved», en utilisant les mêmes procédures qui ont suivi la libération des deux détenues américaines.

Guerre informationnelle. Le Hamas affirme samedi soir dans un communiqué avoir eu l’intention de libérer deux nouveaux otages pour des «raisons humanitaires», mais prétend qu’Israël aurait «refusé de les accueillir». Abu Ubaida, porte-parole des brigades al-Qassam, le bras armé du Hamas, a indiqué que le Qatar avait été informé dans la soirée du vendredi 20 octobre de l’intention du Hamas de libérer deux nouveaux otages. Le même jour, deux Américaines, Judith Tai Raanan et sa fille Natalie Shoshana Raanan, avaient été libérées et ramenées en Israël où elles se trouvaient en vacances au moment de l’attaque du Hamas le 7 octobre. .

Biden favorable au prolongement du convoi humanitaire. Le président américain a promis que les Etats-Unis poursuivront leurs efforts pour s’assurer que les civils à Gaza continueront à recevoir nourriture, eau et soins médicaux. «Nous continuerons à travailler avec toutes les parties pour assurer que le poste-frontière de Rafah reste ouvert et permette le passage continu de l’aide humanitaire essentielle à la population de Gaza», a assuré samedi dans un communiqué le président des Etats-Unis.

Nouveau convoi en vue dimanche ? Les Nations unies espèrent pouvoir faire entrer dans Gaza un deuxième convoi d’aide humanitaire dès dimanche. «J’ai entendu cet après-midi – mais nous sommes en négociations à l’heure où je parle – que nous pourrions envoyer dimanche un autre convoi, peut-être même un peu plus conséquent que celui d’aujourd’hui, de 20 à 30 camions» dans Gaza, a déclaré samedi soir Martin Griffiths, en charge de l’aide humanitaire des Nations unies, lors d’une interview en marge du sommet sur Gaza qui s’est tenue au Caire. «Il est extrêmement important de ne pas laisser s’interrompre le flot d’aide à travers la frontière», a-t-il déclaré. Selon l’ONU, au moins 100 camions par jour sont nécessaires pour répondre aux besoins humanitaires de Gaza.

Tsahal va intensifier ses bombardements. L’armée israélienne a annoncé samedi soir, par la voix de son porte-parole, le général Daniel Hagari, qu’elle comptait «augmenter» ses bombardements sur Gaza, en vue des préparations de la prochaine phase de son offensive sur le territoire palestinien contrôlé par le Hamas.

La Turquie en lien avec le Hamas. Le président turc Tayyip Erdogan s’est entretenu samedi au téléphone avec le leader du Hamas, Ismail Haniyeh, a annoncé la présidence turque. M. Erdogan a informé M. Haniyeh des efforts d’Ankara pour obtenir un cessez-le-feu, l’accès de l’aide humanitaire à Gaza et la possibilité de soigner les blessés en Turquie.

Après l’arrivée du premier convoi humanitaire, l’ONU appelle à «faire plus». Dans un communiqué publié samedi soir, les Nations unies ont rappelé la nécessité pour la communauté internationale de faire davantage pour subvenir aux besoins de la population gazaouie. «1,6 million de personnes ont un besoin critique d’aide humanitaire», s’inquiète l’organisme, citant les risques d’épidémies, de famines face au blocus et au bombardement. L’ONU appelle à «un accès sécurisé à l’eau, la nourriture et la santé, y compris la santé sexuelle et reproductive – ainsi qu’à l’essence [...] Le monde doit faire plus.»

Le Qatar assure poursuivre ses efforts pour la libération d’otages. Le ministre qatari des affaires étrangères a souligné, dans un communiqué ce samedi, qu’il poursuivait la coordination avec les États-Unis et les partenaires internationaux afin de libérer les otages et de réduire l’escalade dans la bande de Gaza. Le cheikh Mohammed Bin Abdulrahman al-Thani s’est notamment entretenu avec son homologue américain Antony Blinken lors d’un appel téléphonique ce jour. Le Qatar a joué un rôle prépondérant dans la libération de deux otages américaines vendredi soir.

Des rassemblements de soutien aux Palestiniens à Lyon, Rennes et Metz. Plusieurs rassemblements de soutien aux Palestiniens et aux habitants de la bande de Gaza ont eu lieu samedi en France, dont Lyon où se sont réunies plus d’un millier de personnes dans une manifestation autorisée au dernier moment. Un drapeau géant a été déployé sur la place des Terreaux, devant l’Hôtel de ville de Lyon, au son de « Gaza, on est là! » et « Palestine vivra, Palestine vaincra ». Quelque 1 100 personnes, selon le décompte de la préfecture, se sont retrouvées quelques heures seulement après que le tribunal administratif a retoqué l’interdiction initiale de cette manifestation. Dans plusieurs villes de France, où les manifestants demandaient la levée du blocus, les mêmes slogans: « Nous sommes tous des enfants de Palestine ». Mais aussi « Israël assassin, Macron complice » repris à Lyon, donc, mais aussi Metz ou Rennes.

En Egypte, le sommet s’achève sans avancée diplomatique. La conférence internationale convoquée par le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, prend fin ce samedi soir sans même une déclaration commune des participants. Alors que les dirigeants arabes ont unanimement demandé la fin de l’offensive israélienne sur Gaza, les pays occidentaux ont été plus mesurés, se contentant de plaider pour la protection des civils et le passage accru de l’aide humanitaire. Le convoi de 20 camions, transportant de l’eau, des conserves et des fournitures médicales, est entré samedi matin dans l’enclave palestinienne par le terminal de Rafah au moment où s’ouvrait la conférence. La prochaine livraison est attendue lundi. « Les Gazaouis ont besoin de beaucoup plus, un acheminement massif d’aide est nécessaire », a plaidé le patron de l’ONU, Antonio Guterres. Les Nations unies ont notamment pointé le besoin de faire entrer du carburant sur le territoire palestinien, vital pour faire tourner les générateurs et alimenter les hôpitaux en électricité. Israël s’y refuse pour l’instant.

Le Hamas promet « une escalade plus importe que le 7 octobre » en cas d’opération terrestre de Tsahal à Gaza. Interrogé ensuite sur la libération de deux otages américaines, Ossama Hamdan, le chef du Hamas au Liban, s’est dit prêt à rendre leur liberté à d’autres otages « si nous avons des garanties. L’entité sioniste sera tenue responsable si certains meurent sous leurs bombardements. Nous échangeons beaucoup avec nos frères du Qatar. Nous avons des contacts avec la Russie et la Chine. Nous voulons montrer notre bonne volonté. » Un journaliste de la télévision libanaise ose ensuite une question : le Hezbollah a-t-il aidé le Hamas à mener cette opération ? Réponse : « Pas besoin de confirmer ce qui est une évidence. Pour la suite, bientôt vous verrez ce qu’il se passera. » Ossama Hamdan commence à hausser la voix, le regard sombre. Une toute dernière question sera posée : Les Israéliens ont annoncé une invasion de Gaza, quelle est votre position à cet égard ? « Cette opération a été annoncée. Si cela a lieu, s’ils entrent, ils connaîtront une escalade qui sera encore plus importante que ce qu’ils n’ont connu le 7 octobre. (…) Personne ne veut cette guerre, mais s’ils la déclenchent nous y sommes prêts ». Par notre correspondant à Beyrouth, Arthur Sarradin.

Depuis Beyrouth, le Hamas prône toujours la «fin d’Israël». Dans les quartiers sud de Beyrouth, sous contrôle du Hezbollah, une Mercedes aux vitres teintés se gare à la hâte dans la cour d’un immeuble. Ahmad Abed Al Hadi, le représentant du Hamas au Liban, se prépare à la première conférence de presse du mouvement islamiste depuis les massacres du 7 octobre en Israël. Le discours, soigneusement ficelé en haut lieu, est porté par Ossama Hamdan, leader du Hamas au Liban. Lors de la conférence de presse, le leader du Hamas énumère les morts civiles de la bande de Gaza, la situation humanitaire, la fréquence des frappes aériennes israéliennes et en appelle «aux Nations Unies […] à assumer leurs responsabilités et protéger les personnes déplacées». Aucune mention ou presque n’est faite des actions armées du Hamas, de ses ambitions militaires… jusqu’au moment des questions des journalistes. Le leader adopte des postures plus menaçantes. Quelle était l’objectif derrière l’opération déluge d’Al Aqsa ? «C’est la fin de l’occupation. La fin du sionisme et aussi le droit du retour pour les Palestiniens. La fin d’Israël» ajoute-t-il. Par notre correspondant à Beyrouth, Arthur Sarradin.

La frontière avec le Liban fait craindre un embrasement régional. Le ministre israélien de la Défense s’est rendu ce samedi à la frontière avec le Liban. Alors que la communauté internationale redoute un débordement du conflit entre le Hezbollah libanais pro-iranien, allié du Hamas, et l’armée israélienne, les échanges de tirs d’armes légères et d’artillerie se sont multipliés cette semaine le long de la ligne bleue qui sépare Israël et le Liban sur environ 80 kilomètres. L’armée israélienne a fait état vendredi de «vingt tirs» de roquette et d’au moins un tir de missile vers son territoire, qui a tué un réserviste de 22 ans. Tsahal a répliqué dans la nuit contre des cibles du Hezbollah et annoncé samedi qu’un nouveau tir de missile de l’organisation islamiste avait blessé deux travailleurs thaïlandais. Notre synthèse.

Le Hamas ne négociera pas la libération des soldats de Tsahal faits prisonniers tant qu’Israël ne «mettra pas fin à son agression» à Gaza. «Notre position vis-à-vis des captifs de l’armée israélienne est claire : elle est liée à un [éventuel] échange de prisonniers, a déclaré samedi après-midi Ossama Hamdan, un responsable du mouvement armé palestinien, au cours d’une conférence de presse télévisée. Nous ne discuterons pas tant que Israël ne met pas fin à son agression envers Gaza et les Palestiniens.» A propos des civils israéliens retenus en otage, en revanche, le Hamas avait annoncé vendredi dans un communiqué «travailler avec tous les médiateurs impliqués pour mettre en œuvre la décision du mouvement de clore le dossier des [otages] civils quand les circonstances sécuritaires le permettent».

A Paris dimanche, une manif autorisée mais hautement surveillée. Le rassemblement prévu demain après-midi place de la République à Paris pour demander l’arrêt des opérations militaires d’Israël à Gaza pourra bien se tenir, assure la préfecture de police, prévenant qu’«aucun débordement ne sera toléré». «Les appels à manifester condamnent les attaques terroristes perpétrées par le Hamas : le rassemblement déclaré place de la République pourra donc avoir lieu», a indiqué la préfecture de police à l’AFP. Le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, qui réunit une quarantaine d’organisations marquées à gauche dont la France insoumise, le mouvement Attac et les syndicats CGT et Solidaires, a appelé à des rassemblements partout en France.

L’armée israélienne a mené un raid terrestre sur la maison d’un cadre du Hamas en Cisjordanie. L’opération armée visait la demeure familiale de Saleh al-Aruri, l’adjoint de Ismail Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, située à une vingtaine de kilomètres de Ramallah. Plus de 20 personnes ont été arrêtés, dont l’un de ses frères et neuf de ses neveux, ont rapporté des témoins à l’Agence France Presse. Des «dizaines de militants du Hamas» ont été interpellés au cours du raid, a annoncé Tsahal. Saleh al-Aruri a été l’un des fondateurs des brigades Al-Qassam, la branche armée du Hamas. Il est installé au Liban depuis 2010, après avoir passé près de vingt ans dans les prisons israéliennes. L’armée israélienne dit avoir arrêté 670 Palestiniens en Cisjordanie depuis le début de la guerre, dont 450 membres du Hamas.

Manifestation géante de soutien à la Palestine au Royaume-Uni. A Londres, plus de 100 000 personnes ont participé à une marche de solidarité avec la population de Gaza et de Cisjordanie ce samedi après-midi, selon les chiffres de la police. Le cortège a atteint dans le calme Parliament Square, près du palais de Westminster. Les manifestants réclament l’arrêt immédiat de la guerre.

Rachel Polin, mère de Hersh, 23 ans, otage à Gaza : «On espère vraiment qu’il est encore en vie mais on n’en sait rien». Deux semaines après l’attaque du Hamas, au cours de laquelle son fils Hersch, qui participait au festival de musique de Réïm, a été enlevé, sa mère se confie à Libération. «Nous sommes entrés dans un univers parallèle», dit cette Américaine, qui ignore tout de l’état de santé de Hersch, grièvement blessé lors de l’assaut, selon plusieurs témoins. Pour elle comme pour les familles des 210 otages qui seraient aux mains du Hamas, la libération, vendredi soir, de deux Américaines, «donne un peu d’espoir». «Hersh est aussi Américain. Il est sévèrement blessé. On se dit qu’il pourrait aussi être libéré. Mais le temps est compté», conclut-elle.

Les ressortissants étrangers seront-ils autorisés à sortir de Gaza ? L’Egypte avait conditionné l’ouverture du poste-frontière de Rafah, pour l’exfiltration des internationaux pris au piège à l’intérieur de l’enclave, à l’entrée de l’aide humanitaire sur le territoire palestinien. Or une vingtaine de camions ont pu y pénétrer ce matin. «Nous continuons à travailler en urgence avec l’Egypte et Israël pour faciliter la possibilité des citoyens américains et des membres de leur famille de quitter Gaza en sécurité», a commenté le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, dans un communiqué. «Nous exhortons toutes les parties à garder ouvert le passage Rafah [il a été refermé après l’entrée des camions, ndlr] pour assurer le mouvement continu de cette aide essentielle pour les habitants de Gaza», indique le chef de la diplomatie américaine, qui précise : «Nous avons été clairs : le Hamas ne doit ne doit pas interférer dans la distribution de cette aide vitale».

Dispensés de service militaire et longtemps indifférents aux affaires sécuritaires, les religieux sont partagés entre vision de l’attaque du Hamas comme un châtiment divin et volonté de s’inscrire dans l’effort de guerre.