En résumé
- L’ultimatum de 24 heures lancé vendredi par l’armée israélienne pour l’évacuation des civils d’une partie de la bande de Gaza s’est achevé samedi 14 octobre au matin. Israël continue à réclamer des Palestiniens qu’ils évacuent le nord, mais a annoncé samedi soir leur accorder encore un peu de temps.
- Depuis l’attaque du Hamas il y a une semaine, plus de 1 300 personnes sont mortes en Israël, en majorité des civils. Côté palestinien, le dernier bilan fait état de plus de 2 215 morts, dont plus de 724 enfants.
- Le Hamas détiendrait une centaine d’otages, qu’il menace d’exécuter. Des centaines de personnes restent portées disparues tandis que des dépouilles sont encore en train d’être identifiées.
Environ 300 Palestiniens tués samedi à Gaza. Une communication tôt dimanche matin du ministère de la Santé du Hamas à Gaza rapporte que 300 personnes, «principalement des enfants et des femmes», avaient été tuées et 800 autres blessées dans l’enclave palestinienne au cours des vingt-quatre dernières heures.
Les Etats-Unis accentuent leur manœuvres de dissuasion. Le Pentagone mobilise un second porte-avions en Méditerranée orientale «pour dissuader les actions hostiles contre Israël ou tout effort visant à élargir cette guerre suite à l’attaque du Hamas», a déclaré samedi le ministre américain de la Défense Lloyd Austin. L’USS Eisenhower et ses navires d’escorte rejoindront un premier porte-avions déployé dans la région au lendemain de l’attaque du Hamas, marquant ainsi «l’engagement sans faille de Washington en faveur de la sécurité d’Israël et notre détermination à dissuader tout acteur étatique ou non étatique cherchant à intensifier cette guerre», a ajouté le communiqué d’Austin, en référence notamment à la monté de tensions ces dernières heures entre Israël et ses voisins syrien et libanais. Washington a dit à plusieurs reprises son intention d’œuvrer à désamorcer à tout prix la possible ouverture d’un deuxième front impliquant le Hezbollah à la frontière libano-israélienne.
L’Iran avertit Israël, entre apaisement et menace. Selon le média américain Axios, la République islamique d’Iran a fait passer samedi un message à Israël via l’envoyé des Nations Unies au Moyen-Orient – faute de relations diplomatiques entre les deux pays. Le ministère des Affaires étrangères iranien entendait faire savoir que Téhéran ne souhaiterait pas voir la guerre Hamas-Israël connaître une nouvelle escalade pour s’étendre à l’échelle régionale, et entendrait même contribuer si possible à la libération des otages civils détenus à Gaza. Mais l’Iran, a-t-il menacé, estimerait devoir intervenir si l’opération israélienne en cours devait se poursuivre et monter encore en puissance par une intervention au sol à Gaza, comme Tsahal semble s’y préparer.
Biden s’entretient avec Nétanyahou et Abbas. Depuis Washington, le président américain continue de suivre de très près la situation au Proche-Orient. Samedi soir, il s’est entretenu par téléphone avec le Premier ministre israélien, leur cinquième conversation en une semaine, puis avec le président palestinien. A Benyamin Nétanyahou, il a réitéré «le soutien indéfectible des Etats-Unis pour Israël», selon un communiqué de la Maison Blanche aux mots soigneusement choisis. Dans une acrobatie sémantique qui illustre l’embarras de Washington, le texte ne mentionne pas explicitement Gaza mais insiste sur le soutien du président Biden aux «efforts visant à protéger les civils», afin de faire en sorte qu’ils puissent avoir «accès à l’eau, à la nourriture et aux soins médicaux». Gaza est, en revanche, mentionnée dans le compte rendu officiel de sa conversation téléphonique avec Mahmoud Abbas, au cours de laquelle Joe Biden a condamné le Hamas, qui «ne défend pas le droit du peuple palestinien à la dignité et à l’autodétermination». Le président américain a exprimé en outre «son soutien total» aux efforts humanitaires et diplomatiques de l’Autorité palestinienne.
Une frappe «probablement israélienne» a touché Alep, en Syrie. Une frappe aérienne israélienne a visé l’aéroport d’Alep, ville du nord de la Syrie, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), quelques jours après des frappes similaires sur les aéroports d’Alep et de Damas. «Une frappe aérienne israélienne en provenance de la mer a frappé l’aéroport d’Alep», a déclaré à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH.
L’Egypte conditionnerait l’évacuation des ressortissants américains par le passage de Rafah à l’acheminement de l’aide humanitaire vers Gaza. Des ressortissants américains ont dit être bloqués à la frontière entre Gaza et l’Egypte samedi après-midi, bien qu’un responsable américain ait déclaré plus tôt qu’un accord avait été conclu pour leur permettre de quitter l’enclave sous blocus en toute sécurité, rapporte le New York Times. Un responsable américain avait annoncé qu’Israël et l’Egypte avaient convenu d’autoriser les Américains à passer par le point de passage de Rafah depuis Gaza entre midi et 17 heures, heure locale. Mais à partir de 16 heures, le point de passage est resté fermé, selon deux familles. Le département d’Etat n’a pas fait de commentaire dans l’immédiat. Le responsable qui avait parlé plus tôt de l’accord a déclaré qu’il n’était pas certain que le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, autoriserait le passage en toute sécurité. Les autorités égyptiennes n’avaient pas non plus confirmé qu’elles ouvriraient le point de passage. Wael Abu Omar, le porte-parole palestinien du point de passage de Rafah, a confirmé par SMS que le point de passage était fermé. Lui et un diplomate au fait de la situation ont indiqué que l’Egypte avait déclaré qu’elle n’autoriserait pas les ressortissants étrangers à quitter le territoire si l’aide humanitaire n’était pas autorisée à entrer dans la bande de Gaza.
Pour l’OMS, les ordres d’évacuation des hôpitaux du nord de Gaza constituent «une condamnation à mort». Dans un communiqué cinglant publié samedi soir, l’Organisation mondiale de la santé «condamne fermement les ordres répétés» d’Israël d’évacuer 22 hôpitaux traitant plus de 2000 patients dans le nord de Gaza. Cette «évacuation forcée» ne fera «qu’aggraver la catastrophe humanitaire», met en garde l’agence onusienne. Les patients fragiles - gravement malades, en soins intensifs, hémodialysés, nouveaux nés - «risquent tous une détérioration imminente de leur état, voire la mort» en cas d’évacuation et de privation de soins, ajoute l’OMS. Qui note par ailleurs que les établissements de santé dans le sud de Gaza fonctionnent déjà «à pleine capacité». L’agence internationale «appelle Israël à annuler immédiatement les ordres d’évacuation» et réitère en outre ses appels à «la livraison immédiate et sûre» d’aide médicale, d’eau potable et de nourriture, bloqués de l’autre côté du terminal de Rafah, qui sépare Gaza de l’Egypte.
Evacuation orders by Israel to hospitals in northern Gaza are a death sentence for the sick and injured
— World Health Organization (WHO) (@WHO) October 14, 2023
As the @UN's agency responsible for public health, the World Health Organization (WHO) strongly condemns Israel's repeated orders for the evacuation of 22 hospitals treating… pic.twitter.com/lTFIsmLRe0
Un sommet européen par visioconférence convoqué mardi. Le président du Conseil européen Charles Michel a convoqué pour mardi un sommet des dirigeants des 27 pays de l’Union européenne par visioconférence à la suite du déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien. «Il est de la plus haute importance que le Conseil européen, conformément aux traités et à nos valeurs, définisse notre position commune et établisse une ligne de conduite claire et unifiée qui reflète la complexité de la situation actuelle», a déclaré Charles Michel dans un communiqué publié samedi. La réunion par vidéoconférence doit se tenir mardi à 17h30. «Nous sommes pleinement solidaires du peuple israélien et des victimes des attaques terroristes. Israël a le droit de se défendre dans le plein respect du droit international, en particulier du droit international humanitaire», a indiqué le responsable belge. «Les scènes tragiques qui se déroulent dans la bande de Gaza en raison du siège et l’absence d’accès aux besoins fondamentaux, combinées à la destruction causée par d’importants bombardements, sont un signal d’alarme pour la communauté internationale», a-t-il ajouté.
Israël réplique à des tirs en provenance de Syrie. L’armée israélienne a déclaré samedi soir avoir répliqué à des tirs en provenance de Syrie, qui ont déclenché des alertes dans deux localités du plateau du Golan, un territoire annexé par l’Etat hébreu en 1967. «Après un rapport initial concernant les sirènes qui ont retenti dans les communautés d’Avnei Eitan et d’Alma, l’artillerie [israélienne] frappe actuellement l’origine des tirs en Syrie», a déclaré Tsahal dans un communiqué.
Israël continue à réclamer des Palestiniens qu’ils évacuent le nord, mais leur accorde un peu de temps. Avant une probable offensive terrestre à Gaza, Tel-Aviv avait appelé vendredi matin les civils gazaouis du nord du territoire – 1,1 million de personnes sur un total de 2,4 millions d’habitants – à gagner le sud, et les a pressés samedi à ne «pas tarder». Samedi soir, un porte-parole de Tsahal a déclaré donner davantage de temps aux Palestiniens pour partir, «parce qu’il y a un nombre énorme de personnes qui doivent [encore] quitter» le nord.
Aux Etats-Unis, face à des menaces en hausse, le directeur du FBI appelle à la vigilance. Lors d’une rencontre avec des chefs de police à San Diego, en Californie, le directeur du FBI, Chris Wray, a exhorté les forces de l’ordre à faire attention à d’éventuels «acteurs isolés» inspirés par le Hamas. Il a par ailleurs indiqué, rapporte le New York Times, qu’il y avait eu aux Etats-Unis une augmentation importante des menaces depuis les attaques en Israël, et demandé aux services de police de «continuer à partager tout renseignement ou observation» avec le FBI. «Nous ne pouvons pas exclure et n’écartons pas la possibilité que le Hamas ou d’autres organisations terroristes étrangères puissent exploiter le conflit pour appeler leurs partisans à mener des attaques ici, sur notre propre sol», avait déclaré jeudi Chris Wray à des représentants de la communauté juive américaine.
Le Hezbollah affirme qu’un de ses combattants a été tué par Israël. Le mouvement armé libanais pro-iranien Hezbollah a annoncé samedi que l’un de ses combattants avait été tué dans le sud du Liban par une frappe ou un affrontement dont il a rendu Israël responsable. Deux civils libanais ont été tués dans un bombardement israélien à Chebaa, dans le sud du Liban, a annoncé samedi à l’AFP le maire du village, Mohammad Harb. Plus tôt, le Hezbollah a indiqué avoir ciblé des positions israéliennes dans cette zone frontalière contestée. Cette frappe intervient en représailles à la mort d’un journaliste de Reuters vendredi et la blessure de plusieurs autres, dont deux de l’AFP, dans un tir attribué à Israël par les autorités libanaises.
Les familles d’otages réclament des soins humanitaires «d’ici minuit». Des familles d’otages israéliens détenus par le Hamas ont lancé samedi soir un appel à l’aide, réclamant un accord entre le Hamas et la Croix-Rouge «d’ici minuit» pour acheminer en urgence les médicaments dont leurs proches kidnappés il y a sept jours ont besoin pour rester en vie. «Nous exigeons, que ce soir, d’ici minuit, il y ait un accord pour transférer les médicaments aux otages», a demandé Ronen Tzur, responsable du Forum pour les familles des otages et disparus, qui est en contact avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Israël a retrouvé «des cadavres» d’otages israéliens dans Gaza. L’armée israélienne a annoncé samedi avoir retrouvé dans la bande de Gaza «des cadavres» d’otages israéliens enlevés par des commandos du Hamas lors de leur attaque du 7 octobre en Israël. «Nous avons trouvé et localisé dans le périmètre de la bande de Gaza des cadavres d’Israéliens qui avaient été enlevés», a déclaré le lieutenant colonel Peter Lerner, un porte-parole de l’armée israélienne, lors d’un briefing au ministère des Affaires étrangères.
Evacuation des Français : Paris demande à Israël et l’Egypte l’ouverture d’un couloir humanitaire à Gaza via Rafah. Emmanuel Macron a multiplié samedi les échanges avec des dirigeants étrangers, exhortant notamment l’Egypte et l’Israël à ouvrir un couloir humanitaire à Gaza, via Rafah, pour «l’évacuation de nos compatriotes», a indiqué samedi la présidence française. «La France multiplie les contacts auprès de tous les acteurs qui ont un rôle à jouer dans l’immédiat : auprès des autorités israéliennes et égyptiennes afin que le terminal de Rafah puisse servir aux opérations humanitaires à Gaza et, notamment, à l’évacuation de nos compatriotes», a indiqué l’Elysée, précisant qu’Emmanuel Macron s’était notamment entretenu ce samedi avec le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
La ministre française des Affaires étrangères est arrivée samedi soir à Tel Aviv. Une visite officielle de Catherine Colonna pour exprimer la solidarité de la France à Israël, une semaine jour pour jour après l’offensive du Hamas. «Le droit d’Israël à répondre aux attaques terroristes sans précédent qu’il a subies n’est pas contestable et nul ne peut lui dénier son droit à se défendre», a-t-elle déclaré à l’AFP. «La réponse au terrorisme doit être forte tout en étant juste», a-t-elle néanmoins souligné en appelant Israël «à veiller à respecter le droit humanitaire et à tout faire pour protéger les civils de Gaza, qui ne sont pas coupables des crimes du Hamas».
La ministre doit notamment rencontrer son homologue israélien Eli Cohen dimanche. Elle rendra ensuite visite à l’ambassade aux familles françaises inquiètes pour leurs proches qui ont disparu. Au total, 17 Français sont morts et 15 sont portés disparus, selon un dernier bilan. Elle entend apporter son soutien aux 150 000 à 200 000 Français qui vivent en Israël. La cheffe de la diplomatie se rendra ensuite au Caire, en Egypte pour un entretien lundi avec le président Abdel Fattah al-Sissi et le ministre des Affaires étrangères Sameh Choukri. Lundi après-midi, elle sera à Beyrouth, au Liban, pour d’autres entretiens politiques.
Le dernier bilan monte à 17 Français tués et 15 disparus, selon le quai d’Orsay. Le bilan des ressortissants français tués dans les attaques du Hamas contre Israël s’est encore alourdi avec 17 morts et 15 disparus, a indiqué samedi à l’AFP l’entourage de la ministre française des Affaires étrangères, qui vient d’arriver à Tel Aviv. Les personnes décédées ont été identifiées parmi les victimes des attaques, a-t-on indiqué, précisant que Catherine Colonna allait rencontrer dimanche des familles françaises qui sont sans nouvelle de leurs proches.
35 000 personnes réfugiées à Gaza à l’intérieur de l’hôpital en prévision de l’offensive israélienne selon Associated Press. Environ 35 000 civils déplacés se sont entassés dans l’enceinte du principal hôpital de la ville de Gaza, s’asseyant sous les arbres du terrain vague, ainsi qu’à l’intérieur du hall et des couloirs du bâtiment, dans l’espoir d’être protégés des combats, ont indiqué des responsables médicaux. «Les gens pensent que c’est le seul endroit sûr après que leurs maisons ont été détruites et qu’ils ont été forcés de fuir», a déclaré le Dr Medhat Abbas, un responsable du ministère de la Santé. Samedi soir, l’armée israélienne a déclaré dans un communiqué qu’elle préparait une offensive coordonnée à Gaza en utilisant les forces aériennes, terrestres et navales. Israël n’a pas précisé quand l’offensive commencerait. Juliette Touma, porte-parole de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, a déclaré que le nombre de Palestiniens encore présents dans le nord de la bande de Gaza n’était pas clair samedi après-midi. «Ce que nous savons, c’est que des centaines de milliers de personnes ont fui. Et qu’un million de personnes ont été déplacées au total en une semaine», a-t-elle déclaré.
Réunion au sommet autour de Nétanyahou. Le Premier ministre Benyamin Nétanyahu procède actuellement à une évaluation de la sécurité à la Kirya de Tel Aviv en compagnie du ministre de la Défense Yoav Gallant, du ministre des Affaires stratégiques Ron Dermer, du ministre Benny Gantz, du ministre Gadi Eisenkot, du chef d’état-major de Tsahal, du directeur de l’AIS, du directeur du Mossad, du directeur du Conseil national de sécurité, le chef de cabinet du Premier ministre, le secrétaire militaire du Premier ministre, le chef de la direction nationale de la diplomatie publique, le secrétaire du cabinet, le chef des services de renseignement de Tsahal, le chef des opérations de Tsahal, le chef de la branche stratégique de Tsahal, le coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires et le chef de la recherche à la branche des services de renseignement de Tsahal.
Quelques centaines de personnes se sont rassemblées devant la Kyria, le siège de la sécurité intérieure à Tel Aviv selon plusieurs médias. «Des familles de personnes retenues en otages, ainsi que d’autres sympathisants manifestent contre le gouvernement Nétanyahou, appelant à sa démission et à ramener les otages», indique la légende de photos publiées par l’agence Getty. Un reporter de la chaîne de télévision ABC a lui aussi couvert cette manifestation, indiquant que les personnes présentes allaient rester sur place jusqu’à ce qu’ils obtiennent la libération des otages, et qu’ils jugent Nétanyahou responsable de cette situation. «[Ils disent que] Bibi doit savoir qu’il est 100 % responsable», a déclaré à l’antenne le journaliste. Le correspondant du tabloïd allemand Bild a également fait état d’une «petite manifestation».