En résumé :
- Téhéran a fait état de trois explosions survenues à l’aube ce vendredi 19 avril près d’une base militaire dans la province d’Ispahan, dans le centre du pays. Aucun dégât majeur n’a été recensé. Dans une présentation officieuse, Tsahal aurait précisé que l’attaque de cette nuit avait été menée par des avions de combat hors de l’espace aérien iranien, pour minimiser l’affront à Téhéran. Cette décision aurait demandé de neutraliser les défenses anti-aériennes syriennes, puis de pénétrer dans l’espace aérien syrien pour lancer des drones
- L’extrême droite israélienne fustige l’ampleur «minuscule» de la frappe. Le ministre de la sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, a commenté sur son fil X la riposte d’un seul mot, «Dardalé !», signifiant en argot hébraïque «riquiqui».
- Israël avait prévenu qu’il riposterait après que l’Iran a tiré des centaines de missiles et de drones sur son ennemi juré au cours du week-end dernier. La plupart d’entre eux ont été interceptés. Ces frappes ont eu lieu à la suite d’une attaque contre le consulat iranien à Damas, largement imputée à Israël.
Le chef de l’ONU «condamne tout acte de représailles» au Moyen-Orient. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, «condamne tout acte de représailles» au Moyen-Orient, a insisté ce vendredi son porte-parole après les explosions signalées dans le centre de l’Iran. «Le secrétaire général répète qu’il est grand temps d’arrêter le cycle dangereux de représailles au Moyen-Orient», a indiqué Stéphane Dujarric dans un communiqué. António Guterres avait alerté jeudi sur le risque d’un «conflit régional généralisé».
Un homme interpellé par la police au consulat d’Iran de Paris. L’homme retranché dans le consulat d’Iran, dans le XVIe arrondissement de Paris, a été interpellé. Il n’avait en fait pas d’explosifs sur lui, selon une source policière qui a parlé à Reuters.
A Paris, une intervention policière imminente devant le consulat d’Iran. Un périmètre de sécurité a été mis en place ce vendredi 19 avril autour du consulat d’Iran à Paris et une intervention policière est imminente après qu’«un témoin a aperçu un homme y entrant porteur d’une grenade ou d’un gilet explosif» vers 11 heures, a annoncé à Libération la préfecture de police. Selon le témoin, «l’homme serait porteur d’une grenade ou d’un gilet explosif». La BRI est sur place.
Lufthansa suspend ses vols vers Israël et l’Irak jusqu’à samedi matin. Le groupe aérien Lufthansa a annoncé ce vendredi la suspension de ses vols à destination d’Israël et d’Irak jusqu’à samedi matin après des informations faisant état de frappes de représailles israéliennes contre l’Iran. «Nous avons annulé les vols en raison de la situation actuelle», a indiqué un porte-parole à l’AFP, précisant que cette mesure s’appliquait jusqu’à samedi à 7 heures (heure française).
Les Etats-Unis assurent ne pas être impliqués dans la riposte. Les Etats-Unis «n’ont pas été impliqués dans une opération offensive», a déclaré vendredi le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken après des informations faisant état de frappes de représailles israéliennes contre l’Iran. D’après la BBC, il a toutefois refusé de préciser si le pays avait été informé en avance de la riposte. «Je ne vais pas parler de ces événements rapportés par les médias […] Tout ce que je peux dire de notre côté et de celui de tous les membres du G7 est que notre objectif est la désescalade», a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion des chefs de la diplomatie du G7 sur la petite île italienne de Capri.
L’Espagne appelle à éviter «une escalade du conflit au Proche-Orient». Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a appelé vendredi à «éviter» une «escalade du conflit au Proche-Orient» après des informations faisant état d’explosions en Iran, imputées à Israël par de hauts responsables américains cités par des médias. «Nous devons éviter toute action pouvant conduire à une escalade du conflit au Proche-Orient. La gravité du moment exige responsabilité et retenue de la part de toutes les parties», a-t-il déclaré dans un message publié sur le réseau social X.
Selon un chercheur irano-israélien, le conflit entre l’Iran et Israël va «à l’encontre des intérêts des Iraniens». La confrontation entre Israël et l’Iran pourrait entraîner des «conséquences inattendues, notamment pour l’Iran», a estimé Meir Javedanfar, chercheur irano-israélien à l’université Reichman à Tel-Aviv, interviewé par Sky News. «Je viens d’Iran et je dois vous le dire : cette guerre menée par le régime iranien contre Israël va à l’encontre des intérêts des Iraniens.» «Elle est fondée sur une idéologie et des émotions plutôt que sur la logique […], c’est ce qui rend cette confrontation dangereuse. L’ayatollah Khamenei «souffre simultanément d’un complexe d’infériorité et de supériorité», a-t-il estimé. «Il a un complexe de supériorité parce que, pour la première fois depuis la Révolution islamique d’Iran, son pays et son régime se retrouvent alliés à deux super-puissances, la Chine et la Russie.» Mais le Guide suprême «souffre aussi d’un complexe d’infériorité parce que l’attaque du 7 octobre était supposée représenter un coup majeur à l’Etat d’Israël» et était «supposée l’ébranler de manière sans précédent». Or, cette attaque a entraîné un «enchaînement sans fin qui s’est soldé par des attaques et la mort de plusieurs officiels du régime iranien en Syrie et ailleurs».
La Russie a dit à Israël que l’Iran «ne veut pas d’escalade». La Russie a dit à Israël que l’Iran «ne veut pas d’escalade», a déclaré ce vendredi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. «Des contacts ont eu lieu entre les dirigeants de la Russie et de l’Iran, et entre nos représentants et les Israéliens. Nous avons été très clairs lors de ces échanges, nous avons dit aux Israéliens que l’Iran ne veut pas d’escalade», a déclaré Lavrov dans un entretien à des médias russes. Un peu plus tôt, le Kremlin avait appelé toutes les parties «à la retenue» pour éviter une «escalade».
Le G7 appelle à «empêcher une nouvelle escalade». Les chefs de la diplomatie des pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni et l’Union européenne) appellent ce vendredi «toutes les parties» à «empêcher une nouvelle escalade» au Moyen-Orient après les informations faisant état d’explosions en Iran. «A la lumière des frappes du 19 avril, nous appelons toutes les parties à travailler pour empêcher une nouvelle escalade. Le G7 continuera à travailler dans cette direction», affirment -ils dans le communiqué final publié à l’issue de leur réunion de trois jours sur la petite île italienne de Capri.
L’Egypte se dit «profondément inquiète» de la situation au Moyen-Orient. Dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères, Le Caire appelle Israël et l’Iran à exercer «le plus haut niveau de retenue et à se conformer absolument aux règles du droit international». «L’Egypte renouvelle sa profonde inquiétude face à l’escalade mutuelle de l’Iran et d’Israël et met en garde contre les conséquences de l’extension du conflit dans la région» qui pourrait «avoir des effets dangereux sur la sécurité» des habitants de la région. Le Caire «continuera à intensifier ses contacts avec toutes les parties concernées et dotées d’influence pour contenir la tension et prévenir toute escalade».
Des gardes déployés autour d’un site nucléaire iranien. Selon des images diffusées par l’agence West Asia News, les autorités iraniennes ont déployé du personnel militaire à proximité d’une installation nucléaire à Zardanjan, dans le centre de l’Iran. C’est dans cette région, celle de la grande ville d’Ispahan, que se sont produites les explosions cette nuit.
«Une escalade significative n’est dans l’intérêt de personne», prévient Londres. Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a déclaré qu’il ne ferait aucune spéculation sur les informations selon lesquelles Israël serait responsable des explosions survenues cette nuit en Iran. «La situation évolue, il ne serait pas juste pour moi de spéculer avant que les faits deviennent plus clairs, et nous travaillons à confirmer les détails avec nos alliés», a-t-il déclaré à l’issue d’un discours prononcé dans le centre de Londres. «Une escalade significative n’est dans l’intérêt de personne. Ce que nous voulons, c’est que le calme règne dans la région», a-t-il affirmé.
Tsahal donne officieusement plus de détails sur l’attaque. Ron Ben Yishay, le correspondant militaire du journal israélien Yedioth Aharonot, a obtenu comme à son habitude un briefing détaillé de «sources militaires autorisées». D’après cette présentation quasi-officielle de Tsahal, l’attaque de cette nuit aurait été menée par des avions de combat hors de l’espace aérien iranien, pour minimiser l’affront à Téhéran. Cette décision a demandé de neutraliser les défenses anti-aériennes syriennes, puis de pénétrer dans l’espace aérien syrien pour lancer des drones sophistiqués doublant comme des missiles de croisière air-sol. Ce choix a permis de restreindre la charge des munitions, «quelques dizaines de kilogrammes de dynamite» par engin.
La source confirme que le but était de rendre les dégâts et les destructions «cohérents» avec les dommages, mineurs, causés par l’attaque iranienne à la base israélienne de Nevatim. «Cela a été fait pour laisser aux Iraniens un espace de déni» et pousser les Iraniens à ne pas répliquer à leur tour. Toujours selon cette source, la frappe israélienne a été «couronnée de succès», bien que les forces de défense aérienne iraniennes aient réussi à intercepter certains drones. Les autorités israéliennes n’ont pas l’intention de confirmer, ou de nier, leur implication dans les frappes de cette nuit, dit la source, allant jusqu’à conclure : «Le pays qui a mené l’attaque en Iran avait l’intention de permettre au régime de Téhéran de contenir l’événement, sans qu’il soit nécessaire de recourir à une nouvelle réplique à Israël.»
Un ministre israélien sous le feu des critiques. Ni l’armée ni le gouvernement n’ont voulu commenter les explosions survenues cette nuit en Iran. Mais le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, partisan de la ligne dure dans la confrontation avec Téhéran et membre du cabinet de sécurité de Benyamin Nétanyahou, a dérogé à la règle. «Dardaleh !», «riquiqui» en français, a-t-il écrit sur son compte X. Ainsi le dirigeant d’extrême droite semble accréditer l’hypothèse d’une frappe israélienne, ce qui lui vaut une avalanche de critiques. «Une réaction digne du pyromane national», déplore la députée travailliste Naama Lazimi. Pour l’universitaire Shaiel Ben-Ephraim, Itamar Ben Gvir «réduit la possibilité pour Israël d’opposer un démenti plausible et sape son pouvoir de dissuasion». «Une honte absolue de la part d’un ministre», dénonce-t-il.
Coïncidence. Hasard du calendrier, la riposte israélienne en Iran survient le jour des 85 ans d’Ali Khamenei, le guide suprême de la République islamique. Etrange anniversaire.
«Le rôle de la France et de l’Union européenne doit être d’œuvrer à la désescalade.» Pour Manon Aubry, tête de liste La France insoumise (LFI) aux élections européennes, les événements de la nuit en Iran marquent «l’escalade que l’on craignait». «C’est toute la région qui est menacée», s’inquiète l’eurodéputée, qui pointe ce vendredi, sur le plateau de France 2, un «risque d’embrasement, de riposte en riposte». «Le rôle de la France et de l’UE doit être d’œuvrer à la désescalade. […] Il faut que l’ensemble des diplomaties internationales œuvrent à trouver une issue pacifique dans la région, et œuvrent aussi à résoudre le conflit israélo-palestinien qui est une des sources du conflit dans la région», ajoute-t-elle.
La riposte d'Israel contre l'Iran est l'escalade que l'on craignait. Le risque d'embrasement de la région est réel.
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) April 19, 2024
Le rôle de la France et de l'UE doit être d'oeuvrer à la désescalade et au respect du droit international.#UnionPopulaire pic.twitter.com/xBjm7EilyW
«Non à la guerre.» Avant la riposte israélienne entamée cette nuit, un collectif de militants pacifistes iraniens avait publié mercredi une lettre ouverte pour condamner l’attitude belliciste de Téhéran et empêcher l’extension du conflit dans la région. «Affirmer «Non à la guerre» est à la fois crucial pour s’opposer à la militarisation du régime islamique et pour limiter les risques de guerre et de violence dans la région. Alors que l’Iran est confronté à des crises économiques, politiques et sociales multidimensionnelles, l’escalade des tensions avec Israël est préjudiciable aux courants progressistes et démocratiques qui travaillent la société», prévenaient les signataires. Un texte à lire ici.
Pour Ursula Von der Leyen, «il est absolument nécessaire que toutes les parties s’abstiennent de toute nouvelle action». Le Présidente de la Commission européenne affirme ce vendredi qu’«il est absolument nécessaire que la région reste stable et que toutes les parties s’abstiennent de toute nouvelle action». Ursula Von der Leyen martèle que «nous devons faire tout ce qui est possible» pour éviter «toute escalade au Moyen-Orient».
La Chine se dit «opposée» à toute action qui entraînerait «une escalade». La Chine s’est dite ce vendredi «opposée» à toute action susceptible d’entraîner «une escalade» après les explosions survenues en Iran. «La Chine a pris note de ces informations de presse. Elle s’oppose à toute action susceptible d’entraîner une escalade des tensions», a indiqué lors d’une conférence de presse régulière Lin Jian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.