En résumé :
- Près de quinze mois après le début des combats, la conclusion d’un accord entre Israël et le Hamas a été annoncée mercredi 15 janvier au soir, entraînant des scènes de liesse à Gaza et des rassemblements des proches d’otages israéliens à Tel-Aviv. La cessation des combats commencerait dimanche, pour une phase initiale de six semaines. Un premier répit depuis celui d’une semaine en novembre.
- Israël avait dit «régler» mercredi soir les «derniers détails» de l’accord, avant une réunion du Cabinet de sécurité israélien prévue ce jeudi en fin de matinée pour l’entériner. Mais le bureau du Premier ministre Benyamin Nétanyahou l’a annulée, accusant le Hamas de revenir sur certains points qui avaient été convenus. Ce que le mouvement islamiste palestinien a nié dans la foulée. Cette réunion a été reportée à vendredi 17 janvier.
- La défense civile de Gaza, organisme de premier secours, dénonce ce jeudi la «forte intensification» des frappes menées par Israël depuis l’annonce de l’accord la veille au soir. Ces bombardements auraient fait 73 morts, dont une majorité de femmes et d’enfants. Le ministère de la Santé du Hamas évoque pour sa part 81 victimes sur les dernières 24 heures.
- Retrouvez les informations liées à l’accord de trêve de mercredi ici. L’UE annonce une aide de 120 millions d’euros à Gaza après le cessez-le-feu.
Avant la trêve à Gaza, tapis de bombes et derniers doutes. Depuis l’annonce de la trêve, mercredi soir, Tsahal a confirmé avoir frappé plus de cinquante cibles dans l’enclave palestinienne, en prenant «les précautions» habituelles pour épargner les civils. Au moins 80 Palestiniens auraient pourtant été tués, selon les autorités locales. Les scènes de liesse ont laissé la place à la douleur dans l’enclave.
Récit
Trêve à Gaza : ce que nous enseigne l’histoire du Proche-Orient. Ce cessez-le-feu, attendu depuis des mois, est-il le résultat d’un retour vers le réel ou une conséquence inévitable de l’arrivée de Donald Trump ? Sans doute un peu des deux. Retrouvez ici l’édito de Dov Alfon.
Les coulisses d’un accord. Malgré leurs profondes divergences, Biden et Trump, qui se passent le relais lundi, ont travaillé ensemble à la négociation du cessez-le-feu.
Trêve à Gaza : les coulisses d'un accord. C'est la une de @Libe vendredi.
— Libération (@libe) January 16, 2025
Malgré leurs profondes divergences, Biden et Trump, qui se passent le relais lundi, ont travaillé ensemble à la négociation du cessez-le-feu. pic.twitter.com/vXICrZoqnc
Antonio Guterres est arrivé au Liban pour une «visite de solidarité». Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, est arrivé jeudi soir au Liban pour une «visite de solidarité», quelques jours après la désignation d’un nouveau président dans ce pays marqué par une longue crise politique et par la guerre. «Je suis arrivé à Beyrouth pour une visite de solidarité avec le peuple libanais», a déclaré Antonio Guterres sur X. Selon son porte-parole adjoint, Farhan Haq, le chef de l’ONU se rendra vendredi dans le sud du Liban pour rencontrer les Casques bleus de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), alors qu’une trêve est en vigueur depuis fin novembre entre le Hezbollah pro-iranien et Israël.
Avant sa visite au Liban, Emmanuel Macron salue un accord qui devra être «respecté par toutes les parties». Attendu vendredi au Liban, Emmanuel Macron a préparé le terrain dans une interview accordée au quotidien francophone libanais L’Orient Le Jour. Le président y rappelle que le cessez-le-feu obtenu avec les Etats-Unis est «le fruit d’un travail de plusieurs mois et qui comprend un mécanisme de suivi auquel nous sommes partie prenante avec les Américains» avant de souligner que la France compte bien s’assurer du respect de l‘accord «par toutes les parties.» «Ce cessez-le-feu a permis à plus d’un million de Libanais de commencer à rentrer dans leurs villages, leurs maisons, parfois dans une situation difficile, et à un peu plus de 80 000 Israéliens d’envisager de revenir au nord du pays», a ajouté le chef de l’Etat, qui précise qu’il va s’entretenir avec le Premier ministre israélien et le président libanais Joseph Aoun.
Le ministre israélien de la Sécurité nationale annonce qu’il quittera le gouvernement si l’accord est adopté. Le ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a déclaré jeudi soir qu’il démissionnerait du gouvernement si celui-ci adoptait l’accord de trêve «irresponsable» avec le Hamas, sans pour autant quitter la coalition autour du Premier ministre Benyamin Nétanyahou. «Si cet accord irresponsable est approuvé et mis en œuvre, le parti Force juive ne fera plus partie du gouvernement», a déclaré Ben Gvir lors d’une conférence de presse, appelant également à «arrêter complétement l’aide humanitaire» à destination de Gaza afin d’obtenir «la libération des otages». Selon le leader d’extrême droite, l’accord de trêve «comprend la libération de centaines de terroristes meurtriers» ou encore «le retour de milliers de terroristes au nord de la bande de Gaza». Avant de plaider pour une reprise des combats dans l’enclave palestinienne : «Si la guerre contre le Hamas est renouvelée avec intensité dans le but de décider et de réaliser les objectifs de la guerre qui n’ont pas été atteints, nous reviendrons au gouvernement.»
Le chef houthis du Yémen menace de poursuivre ses attaques si Israël ne respecte pas le cessez-le-feu. «Nous suivrons les étapes de la mise en œuvre de l’accord, et s’il y a la moindre violation israélienne, massacre ou siège, nous serons immédiatement prêts à fournir un soutien militaire au peuple palestinien», a mis en garde Abdel Malek al-Houthi dans un long discours diffusé par la chaîne de télévision des rebelles.
Il faudra au moins 10 milliards pour rebâtir le système de santé gazaoui. L’estimation en dit long sur l’étendue des dégâts causés par l’armée israélienne : au moins 10 milliards de dollars devraient être nécessaires pour reconstruire le système de santé à Gaza au cours des prochaines années, chiffre jeudi un responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une évaluation initiale montre qu’il faudra «plus de 3 milliards de dollars pour la première année et demie et 10 milliards pour 5 à 7 ans», a évoqué le responsable de l’OMS pour les territoires palestiniens, Rik Peeperkorn.
Le chef des houthis affirme qu’Israël «a échoué» à Gaza. Le leader du groupe rebelle yéménite, soutenus par l’Iran, a affirmé jeudi que l’Etat hébreu avait failli dans l’enclave palestinienne. «L’ennemi israélien a échoué à Gaza malgré le siège imposé à la résistance» palestinienne et les moyens mis à sa disposition par son allié américain, a signifié Abdul Malak al-Houthi dans un discours diffusé sur la chaîne des rebelles, en estimant qu’Israël et les Etats-Unis avaient été «contraints» d’accepter un accord de trêve et de libération d’otages.
Antony Blinken «confiant» dans l’application de l’accord de trêve. Le chef de la diplomatie américaine s’est dit jeudi optimiste quant à la mise en œuvre du cessez-le-feu dans l’enclave gazaouie, qui devrait commencer dimanche, après qu’Israël a reporté le vote du cabinet et accusé le Hamas de faire marche arrière. «Je suis confiant et je m’attends à ce que la mise en œuvre commence, comme nous l’avons dit, dimanche», a assuré le secrétaire d’Etat lors d’une conférence de presse d’adieu à Washington, interrompue à plusieurs reprises par des manifestants.
Trêve ou non, les «crimes odieux» devront être punis, plaide HRW. «Bien qu’hier (mercredi), des responsables israéliens et du Hamas se soient mis d’accord sur un cessez-le-feu en plusieurs phases, les crimes odieux commis le 7 octobre 2023 et depuis ne devront pas rester impunis», a dit Tirana Hassan lors d’une conférence de presse à l’occasion de la publication du rapport annuel de l’organisation. Dans ce document, HRW répète notamment ses accusations de crimes contre l’humanité et de «génocide» contre Israël. Cette dernière accusation concerne spécifiquement la privation d’eau des civils palestiniens de Gaza. «Si le cessez-le-feu permet de soulager un peu les millions de déplacés à Gaza, ce ne sera pas une solution en soi», a alerté Tirana Hassan.
L’Egypte appelle à la mise en oeuvre «sans délai» de l’accord de cessez-le-feu. Le Caire a appelé les belligérants à appliquer «sans délai» l’accord en vigueur dans la bande de Gaza, annoncé la veille, ainsi qu’à l’échange d’otages retenus dans le territoire palestinien et de prisonniers incarcérés par Israël. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a également fait part de sa disposition à accueillir une conférence internationale sur la reconstruction de ce petit territoire dévasté par plus de 15 mois de guerre.
L’armée israélienne a annoncé ce jeudi avoir frappé «environ 50 cibles» à Gaza ces dernières 24 heures. «L’armée de l’Air a frappé au cours des dernières 24 heures environ 50 cibles terroristes à travers la bande de Gaza», a affirmé Tsahal dans un communiqué ce jeudi, alors que l’accord de trêve annoncé la veille doit encore être finalisé, selon Israël. «Parmi les cibles attaquées : des membres des organisations terroristes Hamas et Jihad islamique, des infrastructures militaires, des dépôts de munitions, des positions de lance-roquettes, des sites de fabrication d’armes et des postes d’observation», ajoute le texte.
Selon le Hamas, une frappe israélienne a visé un lieu où une otage est détenue. La branche armée du Hamas a déclaré ce jeudi qu’une frappe israélienne postérieure à l’annonce d’un accord de trêve avait visé un lieu où une femme était retenue en otage. Le porte-parole des Brigades al-Qassam, Abou Obeida, n’a pas donné de détails sur le sort de l’otage. «A ce stade, toute agression, tout bombardement [sur Gaza] risque de transformer [les espoirs de libération de tel ou tel otage] en tragédie», a-t-il ajouté.
En images : nuit de joie à Gaza après l’annonce du cessez-le-feu. Après plus de quinze mois de guerre, des milliers de Palestiniens ont exulté mercredi soir à travers la bande de Gaza à la nouvelle de l’annonce d’un accord de trêve entre Israël et le Hamas. Notre diaporama photo.
Accord de cessez-le-feu : Moscou espère une «stabilisation durable de la situation». «Nous espérons que la mise en œuvre de l’accord conclu actuellement contribuera à la stabilisation durable de la situation à Gaza et créera les conditions pour le retour de toutes les personnes temporairement déplacées», a déclaré ce jeudi la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, lors de sa conférence de presse hebdomadaire.
L’UE débloque une nouvelle enveloppe financière pour Gaza. L’Union européenne a annoncé ce jeudi l’octroi une aide humanitaire de 120 millions d’euros en faveur de la bande de Gaza, après l’annonce mercredi d’un accord pour une trêve dans ce territoire palestinien. Cette aide est destinée à faire face à la «situation catastrophique» à Gaza, a précisé une porte-parole de la Commission européenne lors du point presse quotidien à Bruxelles. Elle prévoit notamment une aide alimentaire d’urgence, une aide médicale et des équipements permettant un meilleur accès à l’eau potable, selon un communiqué de la Commission. Quelque 3 800 tonnes d’aide humanitaire ont par ailleurs été acheminées par voie aérienne pour venir en aide aux populations à Gaza.
Le bilan des frappes israéliennes ne cesse de s’alourdir. Le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir dans l’enclave, et dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU, a annoncé ce jeudi midi la mort de 81 personnes dans les bombardements israéliens au cours des dernières 24 heures. La Défense civile de Gaza, organisme de premier secours, avait fait état un peu plus tôt de 72 morts depuis l’annonce de l’accord de cessez-le-feu mercredi soir.
Selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, ces nouvelles victimes portent à 46 788 morts le bilan de plus de 15 mois de guerre, chiffre un communiqué du ministère. En outre, 110 453 personnes ont été blessées dans la bande de Gaza du fait des hostilités déclenchées par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur Israël le 7 octobre 2023.
Une enclave en ruine après quinze mois de guerre. Gaza n’a pas attendu le 7 Octobre pour que son nom raconte la guerre et les bombardements. Mais avec 66 % de bâtiments détruits ou encore près de 70 % des terres agricoles incultivables, les bombardements israéliens qui ont commencé le 7 octobre 2023, en réponse à l’attaque meurtrière du Hamas, ont dévasté les villes de l’enclave palestinienne. Et anéanti tout espoir de retour pour les survivants. A lire ici.
Les frappes israéliennes «s’intensifient» sur Gaza, 73 morts depuis mercredi soir. Dans un premier temps, 20 morts mercredi soir puis 7 morts ce jeudi matin avaient été évoqués. La Défense civile de la bande de Gaza revoit son bilan à la hausse dans le courant de la matinée, faisant maintenant état de 73 personnes tuées - «parmi lesquelles 20 enfants et 25 femmes» - depuis l’annonce d’un accord cessez-le-feu. Ce seraient surtout Gaza-ville et Khan Younès, dans le sud de l’enclave, qui seraient victimes de la «forte intensification» des bombardements de l’armée israélienne, déplore le porte-parole de la Défense civile gazaouie, organisme de premiers secours. Selon lui, «230 personnes ont été blessées» dans ces frappes qui «continuent».