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Libération
Reportage

En Irak, le voyage au bout de l’enfer des réfugiés libanais

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Guerre au Proche-Orientdossier
Alors que l’offensive israélienne continue de pousser les Libanais sur le chemin de l’exil, 25 000 d’entre eux ont trouvé refuge en Irak. Le gouvernement et les autorités religieuses chiites ont mis en place des mesures exceptionnelles pour les accueillir.
Des réfugiés libanais évacués de Beyrouth après les bombardements israéliens sont abrités à Hilla, dans le centre de l'Irak, le 18 octobre 2024. (Karar Jabbar/AFP)
par Iris Lambert, correspondante à Erbil (Kurdistan irakien)
publié le 4 novembre 2024 à 13h01

Le regard absent, comme happé par des souvenirs fragmentés, Nizar (1) contemple les murs parsemés de calligraphies azurées entourant le sanctuaire de l’Imam Ali, logé au cœur de la vieille ville de Najaf, à 160 kilomètres au sud de Bagdad. «Il n’y a qu’ici, en Irak, que je me sens en sécurité», murmure, depuis le perron du Qasar al-Arab, un hôtel de belle facture mitoyen du site sacré, le jeune Libanais de 25 ans originaire d’un petit village près de Baalbek. Autour de lui, des enfants agités pourvus de pistolets en plastique slaloment entre des silhouettes affairées aux bras chargées de biens de première nécessité. Dans la ville sainte, capitale spirituelle de l’islam chiite, cela fait désormais près d’un mois que les pèlerins ont cédé leur place aux réfugiés libanais fuyant l’offensive israélienne au pays du Cèdre. «Nous sommes très bien pris en charge, tout est gratuit pour nous, le logement, la nourriture et tout ce dont nous pourrions avoir besoin au quotidien», liste Nizar, reconnaissant, d’une voix étiolée par la fatigue.

De fait, alors que les bombardements israéliens continuent de pousser les Libanais sur les voies de l’exil, près de 25 000 d’entre eux, pour la plupart des femmes et des enfants, ont à ce jour trouvé refuge en Irak grâce à des procédures exce