Le soir de fête s’est transformé en cauchemar. Au moins 100 personnes ont été tuées et 150 blessées dans un incendie qui s’est déclenché dans une salle des fêtes dans le nord de l’Irak, mardi 26 septembre. D’après les secours, des «feux d’artifice» et «des matériaux de construction hautement inflammables» seraient à l’origine des flammes qui ont ravagé la salle de réception où plusieurs centaines d’invités étaient rassemblés pour un mariage organisé dans la ville chrétienne de Qaraqosh, également connue sous le nom de Al-Hamdaniyah.
Dans la nuit de mardi à mercredi, peu après minuit, au principal hôpital de Hamdaniyah, à l’est de la métropole de Mossoul, un photographe de l’AFP a vu plusieurs ambulances arriver, sirènes hurlantes. Des dizaines de personnes étaient massées dans la cour de l’établissement, des proches de victimes ou des habitants venant faire don de leur sang, selon la même source. Des habitants étaient aussi massés devant les portes ouvertes d’un camion frigorifique où étaient déposés plusieurs sacs mortuaires noirs, selon le photographe.
Interview
Les autorités sanitaires de Ninive, la province où se trouve Qaraqosh, «ont recensé 100 morts et plus de 150 blessés dans l’incendie d’une salle de mariage à Hamdaniyah», a annoncé l’agence de presse officielle irakienne INA, ce mercredi 27 septembre, évoquant un «bilan préliminaire». Le porte-parole du ministère de la Santé Saif al-Badr a confirmé ce bilan en précisant que «la plupart des blessés souffrent de brûlures et d’asphyxie». De son côté, le Croissant rouge irakien a fait état de «plus de 450 personnes» tuées et blessées, sans fournir de bilan spécifique pour les personnes décédées.
La salle s’est enflammée pendant le slow
Evoquant l’intervention dans la salle des fêtes où les secouristes ont éteint le feu, la Défense civile a rapporté la présence de panneaux en préfabriqué «hautement inflammables et contrevenant aux normes de sécurité». Selon les informations officielles, des feux d’artifice seraient à l’origine de la tragédie. Les flammes ont ensuite provoqué «la chute de certaines parties du plafond, en raison de l’utilisation de matériaux de construction hautement inflammables et peu coûteux». Le danger a été aggravé «par les émissions de gaz toxiques liées à la combustion des panneaux» contenant du plastique.
Les mariés «dansaient un slow, les feux d’artifice ont commencé à monter vers le plafond, toute la salle s’est enflammée», raconte Rania Waad, l’une des invités à la noce, précisant que les invités étaient «très nombreux». «On ne voyait rien, on étouffait, on ne savait pas comment sortir», dit-elle encore. Parmi les ruines de la salle des fêtes, le photographe de l’AFP a pu voir les secouristes et des policiers inspecter à la lumière des torches et des portables le site où s’entassent des chaises en fer au milieu des gravats, sous la ferraille qui pend du plafond.
Des normes de sécurité peu respectées
En Irak, les normes de sécurité sont peu respectées, que ce soit dans le secteur de la construction ou du transport. Le pays aux infrastructures en déliquescence après des décennies de conflit est régulièrement le théâtre d’incendies ou d’accidents domestiques mortels. En juillet 2021, un incendie dans l’unité Covid d’un hôpital du sud de l’Irak avait ainsi coûté la vie à plus de 60 personnes. Et quelques mois plus tôt en avril, l’explosion de bouteilles d’oxygène avait déclenché un feu dans un hôpital de la capitale Bagdad dédié au Covid, et fait plus de 80 morts.
Mercredi dans un communiqué succinct, le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani a appelé les ministres de la Santé et de l’Intérieur à «mobiliser tous les efforts de sauvetage» pour venir en aide aux victimes de la tragédie de Hamdaniyah. De son côté, le ministère de la Santé a annoncé «l’envoi de camions d’aide médicale» depuis Bagdad et d’autres provinces du pays, assurant que ses équipes à Ninive étaient mobilisées pour «soigner les blessés».