La répression continue pour Nasrin Sotoudeh. L’inlassable avocate iranienne a une nouvelle fois été arrêtée dimanche 29 octobre, selon les informations fournies par son mari à l’AFP ce lundi. Au moment de son interpellation, la défenseuse des droits humains assistait aux «funérailles d’Armita Garavand avec de nombreux autres participants», a précisé Reza Khandan, ajoutant que sa femme avait été «violemment battue».
Armita Garavand, une jeune lycéenne âgée de 16 ans originaire d’une région kurde, a été enterrée dans un cimetière du sud de Téhéran au lendemain de son décès. Elle était dans le coma depuis près d’un mois après s’être évanouie dans des circonstances controversées à bord d’un métro, dans lequel elle ne portait pas de hijab.
Sanctionnée pour sa défense du droit des femmes
Selon l’agence locale de presse Fars dimanche soir, Nasrin Sotoudeh a «été arrêtée et remise à l’autorité judiciaire» pour «ne pas avoir porté le voile» lors de la cérémonie, ce qui revient, dans le langage de la propagande iranienne, à «perturber la sécurité mentale de la société». Agée de 60 ans et lauréate en 2012 du prix Sakharov du Parlement européen – qui récompense des défenseurs des droits humains –, la militante a fait de nombreux séjours en prison ces dernières années.
Depuis plus de vingt-cinq ans maintenant, Nasrin Sotoudeh se bat pour les droits des femmes, les droits des prisonniers politiques et l’abolition de la peine de mort dans son pays. Elle est notamment connue pour avoir défendu, en 2018, des jeunes Iraniennes qui refusaient de porter le hijab. Elle s’était elle-même présentée à son audience sans voile islamique, et avait refusé l’assistance d’un avocat issu d’une liste de professionnels sélectionnés par les autorités. Pour ses activités, elle a été condamnée au total à 38 ans de détention et 128 coups de fouet. L’exécution de sa peine avait été suspendue pour des raisons de santé, mais l’avocate était empêchée d’exercer.
Interview
Dans une interview accordée à Libération en mars 2023, Nasrin Sotoudeh avait fait part de l’espoir qu’elle gardait en elle, malgré la répression constante dont elle est victime. «Pour cette nouvelle année, mon souhait serait d’enfin voir, après des décennies de combativité, la concrétisation des rêves de liberté et de dignité en Iran», avait-elle confié, quelques jours après le nouvel an iranien.
Début octobre, c’est une autre militante des droits des femmes iranienne, Narges Mohammadi, que le comité Nobel a décidé de distinguer en lui attribuant le Nobel de la paix et en exigeant sa libération.