Sur le dessin, le poète apparaît les poings liés, une plume dans la main droite. Un revolver tenu par un bras anonyme lui tire dans la nuque. En guise de balle, un virus. Parue en décembre, cette caricature signée Mana Neyestani résume le terrible destin de l’auteur iranien Baktash Abtin, mort samedi du Covid alors qu’il purgeait une peine pour avoir marqué son opposition au pouvoir. Achevé par la maladie, mais tué par le régime qui l’a enfermé, nous disent Mana Neyestani, ses soutiens et les vigies des droits humains, qui se sont émus de ce décès prématuré.
«Baktash Abtin est mort parce que le gouvernement iranien a voulu le museler en prison, a accusé Hadi Ghaemi, du Center for Human Rights in Iran (Centre pour les droits humains en Iran, CHRI), basé aux Etats-Unis. C’est une tragédie qui aurait pu être évitée. Le chef de la justice iranienne doit être tenu pour responsable.» «Nous pleurons la mort tout à fait évitable de Baktash Abtin. Nous nous souviendrons d’Abtin comme d’un poète et d’un cinéaste talentueux, mais aussi comme d’un penseur courageux», a déclaré Suzanne Nossel, directrice générale de PEN America, le groupe de défense des droits des écrivains qui avait décerné un prix à l’artiste iranien.