«Elle est prête à risquer sa vie en ne portant pas le hijab forcé, même pour un traitement médical». Dans un message publié sur Instagram, les proches de Narges Mohammadi ont annoncé que les autorités pénitentiaires iraniennes refusaient de conduire la militante de 51 ans à l’hôpital, et ce malgré les soins urgents que son état de santé exige. En cause : son refus de se couvrir la tête.
«Le 29 octobre, le directeur de la prison a annoncé que, conformément aux ordres des autorités supérieures, il était interdit de l’envoyer à l’hôpital cardiaque sans foulard, et son transfert a été annulé pour la deuxième fois», ont précisé les proches de Narges Mohammadi dans leur texte. Emprisonnée dans la sinistre prison d’Evin, la lauréate du prix Nobel de la Paix 2023 n’a même pas eu l’autorisation d’être transférée à l’infirmerie du centre pénitentiaire.
«Elle tient le gouvernement pour responsable de tout ce qui lui arrivera»
Face aux refus de transfert successifs, une équipe médicale a dû se rendre lundi dans l’aile réservée aux femmes de la prison, afin d’examiner la militante et effectuer une échocardiographie. Ces tests médicaux ont révélé une «pression pulmonaire élevée» et des veines qui ne sont «pas en bon état», a alerté la famille, pour qui les troubles cardiaques et pulmonaires dont souffre leur proche nécessitent des soins rapidement.
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Pour autant, hors de question pour la journaliste de céder à l’intimidation. «Malgré le besoin et la nécessité de se rendre à l’hôpital pour un contrôle, elle ne veut pas porter un hijab, et elle tient le gouvernement pour responsable de tout ce qui lui arrivera», avait souligné sa famille dans un post précédent. En solidarité, certaines codétenues et amies de Narges Mohammadi se sont rassemblées «avec elle pour protester dans la cour de la prison d’Evin» dimanche et lundi, peu après l’annonce de la décision des autorités.
Le 1er novembre, la militante iranienne des droits des femmes était parvenue à faire passer en cachette un message depuis sa cellule, dans lequel elle exprimait sa «gratitude la plus sincère» au comité Nobel norvégien. Et fustigeait, une nouvelle fois, l’obligation faite aux femmes en Iran de porter le voile. «Le hijab obligatoire est la source principale de domination et de répression dans la société, visant à maintenir et à perpétuer un gouvernement religieux autoritaire», avait asséné Narges Mohammadi dans son message lu par sa fille de 17 ans, Kiana Rahmani.