Les hauts buildings, parsemés d’éclats brillants, et les immeubles en construction, coiffés de grues étincelantes, comme autant de traits lumineux dans le ciel noir, et la foule dense en contrebas, marchant, dansant au rythme des chants et des slogans, donne par instants le sentiment de se retrouver dans une boîte de nuit immense, à l’échelle d’une ville. Mais s’il y a de l’ivresse, et parfois une euphorie mêlée de surprise de se voir si nombreux, les manifestants ont conscience que l’heure est grave – et certains redoutent qu’il soit trop tard. C’est la troisième manifestation contre le nouveau gouvernement, en place depuis fin décembre, et la large avenue Eliezer-Kaplan à Tel-Aviv, d’habitude tant parcourue par les voitures qu’elle en est difficile à traverser, est ce samedi soir livrée à une multitude à la fois joyeuse et inquiète.
Il y a David Ben Ichou, figure de la gauche francophone israélienne, qui se mobilise depuis trois ans. Il avait d’abord rejoint l’initiative des Drapeaux noirs, lancée en 2020 pour défendre la démocratie israélienne. Il a ensuite fondé le mouvement Démocrates mobilisés, une conjonction de protestations qui avait abouti à une immense manifestation contre Nétanyahou, en mars 2021. Les élections qui ont suivi avaient permis la victoire de