Quels sont désormais les plans de Benyamin Nétanyahou pour Gaza ? Le Premier ministre israélien devait tenir une réunion de son cabinet de sécurité mardi 5 août, mais la rencontre a finalement été reportée à ce jeudi. La perspective d’une occupation totale du territoire palestinien devrait être tranchée en fin d’après-midi par son cabinet de sécurité en charge des questions militaires. A la place mardi, Benyamin Nétanyahou s’est entretenu pendant près de trois heures avec Eyal Zamir, le chef d’état-major de l’armée israélienne, et Israel Katz, son ministre de la Défense.
Eyal Zamir aurait présenté au Premier ministre plusieurs plans pour «étendre graduellement les opérations militaires dans la Bande de Gaza, afin de fournir au gouvernement des options permettant d’interrompre les combats en cas de reprise des négociations sur les otages», selon Haaretz. Le journal ajoute que le chef d’état major a mis en garde le chef du gouvernement sur les risques que ferait peser une telle stratégie sur la vie des derniers otages israéliens retenus à Gaza.
Une extension de la zone de combat sur les lieux de détention des otages ?
Le signe d’un désaccord entre le pouvoir politique et l’armée israélienne ? La presse bruisse de rumeurs sur une éventuelle opération de grande ampleur de l’armée dans l’enclave, des ministres ayant confirmé sous couvert d’anonymat à la radio publique Kan qu’il avait été décidé «d’étendre le combat aux zones où des otages pourraient être détenus». «Vers la conquête totale de la bande de Gaza», titre également le quotidien Ma’ariv, tandis que la chaîne de télévision N12 évoque de possibles désaccords sur la question entre Benyamin Nétanyahou et le chef d’état-major de l’armée, le lieutenant-général Eyal Zamir.
Ce nouveau coup de pression du Premier ministre israélien, qui semble une nouvelle fois privilégier une position jusqu’au-boutiste – en dépit des réticences de l’institution militaire et des services de sécurité –, intervient alors que le Conseil de sécurité de l’ONU tient ce mardi une session consacrée à la question des otages israéliens à Gaza, initiée par Israël, qui veut porter le dossier «au centre de l’agenda mondial».
Marchandises privées
Ce mardi matin, le Cogat, un organisme du ministère de la Défense en charge de l’administration civile à Gaza, a autorisé l’entrée partielle des marchandises privées dans l’enclave, de manière «contrôlée et progressive». «L’objectif est d’augmenter le volume de l’aide entrant dans la bande de Gaza, tout en réduisant la dépendance à l’égard de la collecte de l’aide par l’ONU et les organisations internationales», selon l’organisme ministériel.
Un nombre limité de commerçants locaux seront autorisés à envoyer dans Gaza «des produits alimentaires de base, aliments pour bébés, fruits et légumes et articles d’hygiène, […] sous réserve de plusieurs critères et d’un contrôle de sécurité rigoureux», a-t-il détaillé. L’objectif reste de «prendre toutes les mesures possibles pour empêcher l’implication» du Hamas dans «l’acheminement et la distribution de l’aide», selon le Cogat. De son côté, le Hamas accuse Israël d’entretenir volontairement le «chaos» et «d’organiser la famine».
Reportage
Israël a levé fin mai le blocus humanitaire total qu’il avait imposé début mars au territoire palestinien, totalement dépendant de l’aide internationale, mais n’autorise que l’entrée de quantités très limitées, jugées insuffisantes par l’ONU. La communauté internationale presse Israël d’y ouvrir en grand les vannes humanitaires. «Refuser l’accès à la nourriture aux civils peut constituer un crime de guerre, voire un crime contre l’humanité», a répété lundi le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Volker Türk.
Au moins 1 373 Palestiniens ont été tués depuis la mise en place le 27 mai d’un nouveau système de distribution d’aide via la Fondation humanitaire à Gaza soutenue par Israël et les Etats-Unis, la plupart par des tirs israéliens, «alors qu’ils cherchaient de la nourriture», a accusé l’ONU la semaine dernière. Un groupe d’experts indépendants mandatés par les Nations unies a appelé mardi à la dissolution immédiate de la Fondation humanitaire pour Gaza. L’aide qu’elle distribue est «exploitée à des fins militaires et géopolitiques secrètes, en violation flagrante du droit international», ont-il estimé.
Urgence d’un accord
Des vidéos, publiées en fin de semaine dernière par le Hamas et le Jihad islamique, exhibant deux otages israéliens affaiblis et décharnés ont ravivé dans l’opinion publique le débat sur l’urgence d’un accord permettant le retour des captifs. Selon un décompte de l’AFP, sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre 2023, 49 restent retenues à Gaza, dont 27 déclarées mortes par l’armée israélienne.
Familles d’otages en tête, de nombreux Israéliens exigent la fin des hostilités pour ramener «les otages chez eux». Benyamin Nétanyahou avait sollicité dimanche l’aide du Comité international de la Croix-Rouge pour fournir «nourriture et traitement médical» aux otages.
Article mis à jour le 7 août à 10h30 avec la tenue d’une nouvelle réunion du cabinet de sécurité.