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Interview

En Israël, «le retour de flamme des suprémacistes est proprement vertigineux»

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La puissance de l’extrême droite au sein du gouvernement de Benyamin Nétanyahou est une menace pour la démocratie israélienne, estime Vincent Lemire, directeur du Centre de recherche français à Jérusalem.
Dans la mobilisation contre la réforme judiciaire du gouvernement de Nétanyahou à Efrat, colonie israélienne en Cisjordanie, samedi. (Amnon Gutman/Libération)
par Samuel Forey, correspondant à Jérusalem
publié le 16 mars 2023 à 7h58

Pour Vincent Lemire, directeur du Centre de recherche français à Jérusalem et auteur de nombreux ouvrages sur la ville, dont la bande dessinée Histoire de Jérusalem, les suprémacistes israéliens ébranlent les fondements de l’Etat en arrivant au pouvoir.

Est-ce que la définition du régime israélien est en jeu : Etat juif contre Etat démocratique ?

Oui, et c’est ce qui explique l’ampleur de la mobilisation. Lors des plus grosses manifestations contre Benyamin Nétanyahou il y a deux ans, il y avait 30 000 personnes. Aujourd’hui, on en est à plus de 300 000 [environ 500 000 selon les organisateurs de la manifestation de samedi, ndlr]. C’est dix fois plus. Et il n’y a pas seulement le centre gauche ashkénaze vieillissant qui se mobilise, mais aussi des religieux, des militaires et des jeunes. C’est totalement inédit.

Il y a une connexion qui s’opère enfin entre la colonisation et l’enjeu démocratique. Connexion que le centre gauche évitait cyniquement depuis l’échec du processus d’Oslo, de peur de perdre des électeurs. Le déclencheur de cette prise de conscience est très concret : les colons