Les tensions au sein de la société israélienne s’aggravent. Ce mardi 30 juillet, l’armée israélienne a annoncé mobiliser deux forces d’unités spéciales pour contrôler des manifestations ayant démarré la veille. Deux centres de détentions ont été pris d’assauts par des manifestants, qui réclament la mise en liberté de neuf soldats soupçonnés de violences sexuelles sur un prisonnier palestinien.
Les neuf militaires avaient été arrêtés lundi pour être interrogés, a précisé un porte-parole de l’armée. Le Club des prisonniers palestiniens, une ONG palestinienne de défense des détenus, accuse les soldats de «viol» sur un prisonnier. Selon le quotidien israélien Haaretz, les soldats sont soupçonnés de «violences sexuelles avec circonstances aggravantes, de viol par sodomie, de violation de l’autorité et de comportements inappropriés». Dans le New York Times, Yoel Donchin, médecin militaire au sein de la base de Sde Teiman, où était retenu le prisonnier palestinien, explique qu’il lui avait été présenté il y a trois semaines avec des «signes de violences sur son corps». Les neuf soldats arrêtés devaient comparaître devant une cour martiale ce mardi.
«Ne touchez pas à nos soldats»
Après avoir eu connaissance de ces arrestations, des Israéliens, parmi lesquels le député ultranationaliste Zvi Sukkot, s’étaient précipités devant le centre de détention en signe de soutien aux soldats. Certains se sont engouffrés à l’intérieur, selon plusieurs médias israéliens, tandis que d’autres ont pénétré dans une seconde base, celle de Beit Lid. Selon Haaretz, une vingtaine de personnes se sont aussi rassemblées devant le domicile de l’avocate générale des armées, la générale de division Yifat Tomer-Yerushalmi, dans la ville de Ramat Hasharon. Les manifestants ont brandi des drapeaux israéliens, la qualifiant de «traître».
Parmi eux, Limor Son Har-Melech, députée du parti d’extrême droite Otzma Yehudit, a déclaré que «l’avocate générale de l’armée est une criminelle. Le peuple d’Israël se battra contre les ennemis de l’extérieur et les ennemis de l’intérieur». Un autre député du même parti, Yitzhak Kroizer, était également présent. Il a menacé l’avocate générale : «Attention, ne touchez pas à nos soldats.»
Peu après ces manifestations, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré sur X que «l’intrusion de civils dans les bases de Tsahal est un événement grave qui porte sérieusement atteinte à la démocratie israélienne et fait le jeu de notre ennemi pendant la guerre. […] Tsahal bénéficie de mon plein soutien en tant que ministre de la Défense pour prendre des mesures et agir immédiatement pour empêcher l’entrée de citoyens non autorisés dans les bases de Tsahal. J’appelle […] tous les élus à s’abstenir de déclarations irresponsables qui entraînent Tsahal dans l’arène politique».
פריצה של אזרחים לבסיסי צה״ל היא אירוע חמור שפוגע קשות בדמוקרטיה הישראלית ומשחק לידי אויבנו בעת מלחמה.
— יואב גלנט - Yoav Gallant (@yoavgallant) July 29, 2024
שוחחתי כעת עם הרמטכ״ל וציינתי כי לצה״ל יש גיבוי מלא ממני כשר הביטחון לנקוט באמצעים ולפעול מיידית למניעת כניסת אזרחים לא מורשים לבסיסי צה״ל.
אני קורא למשטרת ישראל לפעול מיד נגד…
Depuis le début de la guerre, l’armée israélienne a capturé au moins 4 000 Gazaouis, selon les données du New York Times, principalement depuis la bande de Gaza. Les prisonniers sont ensuite transportés à la base militaire de Sde Teiman dans le sud d’Israël, aménagée à cet effet. Des rapports publiés dans la presse israélienne dénoncent régulièrement des mauvais traitements au sein de cette base. Amnesty International a également exhorté Israël à cesser de placer «au secret» des Palestiniens de Gaza et de les soumettre à une «torture généralisée».
Lors d’une audition parlementaire, Hanoch Milwidsky, un député du Likoud (le parti de Benyamin Nétanyahou), s’est vu demander s’il était acceptable de commettre des violences sexuelles sur les détenus, rapporte le New York Times. «Oui», a-t-il répondu. «Si le détenu appartient aux Nukhba [unité d’élite du Hamas, ndlr], tout est légitime. Tout.»