Menu
Libération
Reportage

En Israël, l’inquiétante ruée vers les armes à feu

Article réservé aux abonnés
Guerre au Proche-Orientdossier
Depuis le 7 octobre, 260 000 Israéliens ont déposé une demande de permis de port d’armes. A Jérusalem, poussés par la frange extrémiste du gouvernement, les civils se bousculent dans les armureries, ce qui inquiète les ONG de défense des Palestiniens et les féministes.
Des réservistes et soldats en permission sur le marché de Mahané Yehuda (Jérusalem), le 2 décembre. (Victorine Alisse/Hors format pour Libération)
par Guillaume Gendron et et photos Victorine Alisse. Hors format
publié le 10 décembre 2023 à 16h45

Il faut suivre la flèche rouge, sous les trois silhouettes brandissant un pistolet, pour trouver l’armurerie en sous-sol dans ce recoin de la zone commerciale de Talpiot (sud-est de Jérusalem), capharnaüm de quincailleries, concessionnaires auto et autres gargotes à falafels. Au comptoir, ça se bouscule – des religieux en chemise blanche et kippa noire, une quadra blonde au carré sévère, des femmes en turbans, des mastards en tee-shirts noirs, crosses dépassant du jean. Tout un microcosme israélien, venu pour la même chose. «Neshek, neshek, neshek» : une arme, en hébreu. Trois vendeurs débordés – le manager au crâne rasé qui refuse de parler à la presse, son assistant aux airs de guitariste métalleux avec ses papillotes grisonnantes jusqu’au bas du dos et une brune taciturne derrière la caisse – jonglent avec les appels incessants. Sur les étagères derrière eux, différents modèles de flingues et d’accessoires, mais aussi trois poupées russes à l’effigie d’Oussama ben Laden, Yasser Arafat et Saddam Hussein. Ennemis publics d’un autre temps.

«Tous les Israéliens veulent un Glock, c’est la mode, commente Tzipora. Moi, je suis plutôt Smith & Wesson.» Le sien coincé dans son pantalon, cette Franco-Israélienne est venue accompagner son mari pour une formation express afin qu’il obtienne un permis. Depuis