Au checkpoint de Tarqumiyyah, le point de passage entre la Cisjordanie et Israël le plus proche de Gaza, se joue une pièce de théâtre à l’israélienne. Sur chaque côté de la route, deux groupes de militants : des militants de gauche, partisans du partenariat entre juifs et arabes, et des extrémistes de droite, partisans du Grand Israël. Entre les deux, les camions d’aide humanitaire pour Gaza en provenance de Jordanie, que l’un veut laisser passer, et l’autre arrêter. Au milieu de tout cela, la police, garante des lois d’un Etat traumatisé.
Suf Patishi a 32 ans, la barbe fournie et cheveux bouclés en bataille trônant sur un front dégarni. La «garde humanitaire», c’est en partie son idée, née au sein de l’association Omdim Beyachad (Debout ensemble), qui prêche la coexistence par l’action depuis huit ans. Il y a deux semaines, les initiatives qui visaient à bloquer les convois d’aide humanitaire vers Gaza sont devenues de plus en plus violentes. «Il fallait qu’on fasse quelque chose, dit Suf. Tu ne peux pas faire la paix sans espoir. Et on ne peut pas avoir de l’espoir le ventre vide.» Depuis lundi, les membres de la garde viennent des quatre coins du pays à Tarqumiyyah pour «forcer la police à faire son travail», détaille cet avocat pénaliste. «Si une extrémiste sort un couteau pour crever un pneu, nos caméras ne laissent pas à la police le choix de l’ignorer.»
Brimades et crachats
C’est, selon lui, un succès, sans doute parce qu’à Tarqumiyyah, entre air du désert