Derrière l’horizon, à une heure de hors-bord de la côte africaine, la nuit est noire, les creux profonds et les embruns brûlent les yeux. Un grand boutre ventru à la proue incurvée, surgi tout droit d’un récit d’Henry de Monfreid, nous coupe la route comme une ombre. La masse sombre de la frégate française (1) apparaît au dernier moment sur le ciel zébré d’éclairs. L’éclat d’une torche, une main tendue par une porte latérale nous attirent au cœur de la citadelle métallique qui baigne dans une lumière rouge spectrale. «Bienvenue à bord», sourit le commandant.
A lire aussi
Le bâtiment de combat de 142 mètres est en mer Rouge depuis deux semaines, dans le cadre de l’opération «Aspides» de l’Union européenne pour protéger les navires marchands des attaques des Houthis, des rebelles yéménites armés par l’Iran et alliés du Hamas et du Hezbollah. La mer Rouge, un bras de mer stratégique de 2000 kilomètres et environ 300 kilomètres de large, relie l’Afrique et l’océan Indien au Proche-Orient et à la Méditerranée par le biais du canal de Suez. C’est le chemin le plus court pour livrer aux consommateurs européens