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Proche-Orient

En Syrie, Damas transmet aux druzes le maintien de la sécurité à Sweida

Après quatre jours de violences communautaires qui ont fait plus de 350 morts, le président syrien a affirmé ce jeudi vouloir éviter «une guerre ouverte» avec Israël.
Le ministère syrien de la Défense après une frappe israélienne, mercredi. (Rami Alsayed/NurPhoto. AFP)
publié le 17 juillet 2025 à 8h54

Le président syrien, Ahmed al-Charaa, a annoncé ce jeudi 17 juillet le transfert «à des factions locales et des cheiks» druzes la responsabilité du maintien de la sécurité à Sweida (Sud), théâtre d’affrontements communautaires qui ont fait plus de 350 morts depuis dimanche, affirmant vouloir éviter «une guerre ouverte» avec Israël dont il a condamné l’intervention dans le conflit : «Nous avons donné la priorité à l’intérêt des Syriens plutôt qu’au chaos et à la destruction», a déclaré Charaa dans une allocution télévisée.

Des affrontements entre des tribus bédouines sunnites et des combattants druzes, une minorité ésotérique issue de la branche ismaélienne du chiisme, ont éclaté dimanche dans la province de Sweida après l’enlèvement d’un marchand de légumes druze. Le gouvernement syrien a déployé mardi des forces dans la région dans l’objectif affiché de rétablir l’ordre. Mais Israël, hostile à toute présence militaire syrienne près de sa frontière et disant vouloir protéger la communauté druze, a répliqué en bombardant Damas et d’autres zones du pays. L’Etat hébreu a ainsi mené mercredi des frappes sur le quartier général de l’armée à Damas et sur une «cible militaire» dans la zone du palais présidentiel.

«Nous avons décidé que des factions locales et des cheikhs avisés assumeraient la responsabilité du maintien de la sécurité à Sweida», a dit le président intérimaire syrien, en évoquant «la nécessité d’éviter de sombrer dans une nouvelle guerre de grande ampleur» après quatre jours de violences. «Nous avions deux options : une guerre ouverte avec l’entité israélienne aux dépens de notre peuple druze, de sa sécurité et de la stabilité de la Syrie et de la région tout entière, ou bien donner aux anciens et aux cheikhs druzes la possibilité de revenir à la raison et de donner la priorité à l’intérêt national.»

«Exécutions sommaires»

Les forces gouvernementales syriennes ont commencé à se retirer mercredi de Sweida à la suite d’un accord de cessez-le-feu, après avoir été accusées d’avoir combattu les druzes aux côtés des tribus bédouines. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une organisation basée au Royaume-Uni et qui s’appuie sur un vaste réseau de sources en Syrie, les affrontements ont fait plus de 350 morts depuis dimanche, dont 27 civils victimes d’«exécutions sommaires» par les forces gouvernementales.

Dans son discours, Ahmed al-Charaa a promis de faire «rendre des comptes» aux auteurs d’exactions contre «notre peuple druze, qui est sous la protection et la responsabilité de l’Etat» : «L’Etat syrien est intervenu pour mettre fin aux affrontements entre les groupes armés de Sweida et des régions avoisinantes.»

«Médiation américaine, arabe et turque»

Il a accusé Israël d’avoir «eu recours à un ciblage à grande échelle des installations civiles et gouvernementales pour saper ces efforts, ce qui a entraîné une complication significative de la situation et poussé les choses à une escalade à grande échelle, sauf pour l’intervention efficace de la médiation américaine, arabe et turque, qui a sauvé la région d’un sort inconnu». Al-Charaa n’a pas précisé quels pays arabes étaient intervenus dans la médiation. Mercredi, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio avait annoncé «un accord sur des mesures spécifiques qui permettront de mettre fin à cette situation troublante et terrifiante» en Syrie.

La communauté druze de Syrie était, avant la guerre civile, forte de quelque 700 000 personnes, présente principalement à Sweida. Les druzes sont aussi implantés au Liban et en Israël.

Les récentes violences illustrent les défis auxquels fait face le gouvernement d’Ahmad al-Chareh depuis qu’il a renversé, avec une coalition de groupes rebelles islamistes sunnites, le président Bachar al-Assad en décembre, dans un pays meurtri par près de quatorze ans de guerre civile.