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Libération
Reportage

En Syrie, des familles sur les traces des disparus : «Tout ce que je sais, c’est qu’ils ont été détenus ici»

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Dans le sillage des Casques blancs, parmi des lambeaux de documents laissés par les forces de sécurité en déroute, de nombreux civils cherchent désespérément des indices sur le sort de leurs proches arrêtés sous le règne des Assad.
Une femme pleure un proche disparu, à proximité de la prison de Sednaya, au nord de Damas, samedi 14 décembre. (Emin Ozmen/ Magnum Photos pour Libération)
publié le 15 décembre 2024 à 17h18

Il ne s’agit plus de trouver des vivants mais des morts. Huit jours après l’effondrement du régime syrien, les chances de retrouver un prisonnier encore en vie dans le système carcéral dantesque bâti par Bachar al-Assad et son père Hafez relèvent du miracle. Mais cela n’empêche pas de chercher les corps. Des milliers de familles les réclament. Depuis le 9 décembre, elles viennent de Homs, Hama, Deir ez-Zor, Hassaké ou Alep et affluent à Damas, en quête désespérée d’une réponse. Elles veulent savoir où leur père, leur fils, leur frère, leur oncle, leur neveu, et parfois plusieurs d’entre eux sont enterrés, dans quelle prison ils ont été tués, par quelles autres ils ont pu transiter. Elles veulent des réponses pour que leurs proches ne fassent plus partie de ces «disparus», ces prisonniers engloutis dans la machine tortionnaire de l’ancien régime.

Elles n’ont souvent que très peu de moyens. Celles qui le peuvent placardent des affiches sur les murs des hôpitaux, des prisons, à l’entrée du souk Al-Hamadiyeh ou sur des façades de la ville : une photo, un nom, une date de naissance et un num