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Transition

En Syrie, le président Al-Charaa nomme un gouvernement encore largement aux mains de ses fidèles

Quelques représentants des minorités ou de la société civile ont été nommés ministres samedi 29 mars au soir, mais les proches du président par intérim conservent les postes essentiels.
Le président syrien par intérim Ahmed al-Charaa, samedi 29 mars au soir à Damas. (OMAR HAJ KADOUR/AFP)
publié le 30 mars 2025 à 8h25

Un pas de plus dans la construction de la Syrie post-Assad. Le président par intérim, Ahmed al-Charaa (anciennement connu sous son nom de guerre Abou Mohammed al-Joulani), a annoncé samedi 29 mars au soir la formation d’un nouveau gouvernement, sans Premier ministre et dans lequel ses fidèles occupent les principaux postes.

Celui-ci se veut toutefois plus inclusif - il comprend des représentants des minorités - et compte une seule femme. Dans un discours au cours de la cérémonie annonçant le gouvernement, Al-Charaa, qui a pris le pouvoir à la tête d’une coalition islamiste le 8 décembre, a affirmé sa volonté d’ «édifier un Etat fort et stable».

Période transitoire de cinq ans

Les 23 ministres ont prêté serment devant lors d’une cérémonie au palais présidentiel, retransmise par la télévision. Les ministres des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, et de la Défense, Mourhaf Abou Qasra, qui appartiennent au premier cercle du président intérimaire, conservent leurs postes dans le gouvernement. Le chef des Renseignements généraux, Anas Khattab, également proche d’Al-Charaa, est nommé ministre de l’Intérieur.

Le gouvernement est cependant plus inclusif que l’équipe ministérielle qui était chargée jusque-là de la gestion des affaires courantes, dirigé par Mohammad al-Bachir, qui devient ministre de l’Energie. Hind Kabawat, une femme chrétienne, est nommée ministre des Affaires sociales et du Travail. Il compte également au moins un ministre druze, autre kurde et un alaouite. Le chef des Casques Blancs, les secouristes syriens qui œuvraient dans les zones rebelles, Raed al-Saleh, est nommé ministre des Situations d’urgence et des Catastrophes.

L’annonce, initialement prévue le 1er mars, intervient alors que la communauté internationale appelle à une transition syrienne inclusive. Elle survient également après des massacres à caractère confessionnel début mars, qui ont visé les Alaouites dans l’ouest du pays où est concentrée cette minorité dont est issu le président déchu Bachar al-Assad.

Les nouvelles autorités cherchent à réunifier et reconstruire la Syrie, qu’une guerre civile de plus de treize ans a mise à genoux. Proclamé président intérimaire en janvier, Al-Charaa doit gérer la période transitoire de cinq ans. Ce n’est qu’après cette période que des élections doivent se tenir sur la base d’une nouvelle Constitution.

Entretemps, la déclaration constitutionnelle lui accorde les pleins pouvoirs dans la formation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, bien qu’elle affirme respecter la séparation des pouvoirs. Selon Human Rights Watch, cette déclaration constitutionnelle «accorde au président des pouvoirs considérables, notamment en matière de nominations judiciaires et législatives, sans aucun contrôle ni supervision».