Menu
Libération
Reportage

En Syrie, les Kurdes d’Alep barricadés dans leur enclave : «Les groupes proturcs ne nous laissent pas respirer»

Article réservé aux abonnés
Depuis le renversement du régime syrien, les tirs de snipers et les incidents avec des combattants d’unités proturques se multiplient dangereusement aux portes des quartiers kurdes, où les habitants vivent cloitrés.
Un membre du comité de sécurité kurde du quartier de Cheikh Maqsoud patrouille à la bordure de la ville d'Alep. (Laurent Perpigna Iban/Hans Lucas pour Libération)
par Laurent Perpigna Iban, Envoyé spécial à Alep
publié le 14 janvier 2025 à 7h54

Perchés sur les hauteurs d’Alep, les quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh sont dévorés par la peur du lendemain. Cette enclave urbaine, passée sous le contrôle des groupes kurdes aux premières heures du conflit syrien, a tout d’une forteresse imprenable : barricadée et fermée à double tour depuis la conquête d’Alep par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), elle n’est plus reliée au reste du monde que par une seule voie d’accès, où les forces de sécurité locales, armées jusqu’aux dents, inspectent minutieusement toutes les allées et venues. Depuis le début du mois de décembre, les accrochages aux abords de ces quartiers se sont multipliés. A tel point que de nombreux Aleppins évitent à présent soigneusement ses alentours, de peur d’être pris dans les tirs croisés qui éclatent régulièrement entre les milices kurdes de la zone et des formations proturques stationnant à proximité.

A l’intérieur, au cœur d’un dédale de ruelles désordonnées et bondées, Hamed et ses amis ne font pas mystère de leur anxiété. Les trentenaires, dont la vie se résume à des petits boulots sans lendemain, confessent ne plus sortir de l’enclave, de peur d’être victimes d’expéditions punitives de formations hostiles. «Bien sûr que nous avons peur. Les milic