Perchés sur les hauteurs d’Alep, les quartiers de Cheikh Maqsoud et d’Achrafieh sont dévorés par la peur du lendemain. Cette enclave urbaine, passée sous le contrôle des groupes kurdes aux premières heures du conflit syrien, a tout d’une forteresse imprenable : barricadée et fermée à double tour depuis la conquête d’Alep par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), elle n’est plus reliée au reste du monde que par une seule voie d’accès, où les forces de sécurité locales, armées jusqu’aux dents, inspectent minutieusement toutes les allées et venues. Depuis le début du mois de décembre, les accrochages aux abords de ces quartiers se sont multipliés. A tel point que de nombreux Aleppins évitent à présent soigneusement ses alentours, de peur d’être pris dans les tirs croisés qui éclatent régulièrement entre les milices kurdes de la zone et des formations proturques stationnant à proximité.
A l’intérieur, au cœur d’un dédale de ruelles désordonnées et bondées, Hamed et ses amis ne font pas mystère de leur anxiété. Les trentenaires, dont la vie se résume à des petits boulots sans lendemain, confessent ne plus sortir de l’enclave, de peur d’être victimes d’expéditions punitives de formations hostiles. «Bien sûr que nous avons peur. Les milic