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Libération
Vestiges explosifs

En Syrie, les mines et munitions non explosées, un cauchemar pour les civils

Human Rights Watch alerte sur le fait qu’au moins 249 personnes, dont 60 enfants, ont été tuées par des vestiges de la guerre depuis le 8 décembre 2024. L’ONG appelle le gouvernement à réagir.
Une vue aérienne montre des membres de l'ONG Halo Trust travaillant au déminage d'un champ dans la ville de Musibin, dans la province syrienne d'Idlib, le 19 décembre 2024. (Muhammad Haj Kadour /AFP)
publié le 8 avril 2025 à 6h00

Quatre mois après le renversement du régime de Bachar al-Assad, le retour tant attendu des Syriens sur leurs terres peut tourner au cauchemar. L’ONG Human Rights Watch (HRW), qui publie un rapport sur la question ce mardi 8 avril, appelle le gouvernement de transition à «assurer de toute urgence le recensement et le déminage des mines terrestres et des restes explosifs de guerre, ainsi que la sécurisation des stocks d’armes abandonnés».

Selon l’Inso, une ONG qui se consacre à la sécurité des travailleurs humanitaires, plus de 600 adultes et enfants ont été tués ou blessés depuis le 8 décembre par les vestiges de quatorze années de guerre. Un chiffre en augmentation qui semble s’expliquer par le retour de personnes déplacées dans des régions qui étaient jusque-là inaccessibles. Les mines antipersonnel, les mines terrestres de tout type, les armes à sous-munitions et d’autres armes explosives ont été utilisées massivement de 2011 à fin 2024 par les forces gouvernementales syriennes, leurs alliés et les groupes d’opposition armés. «Sans efforts urgents de déminage à l’échelle nationale, davantage de civils rentrant chez eux pour recouvrer des droits, des vies, des moyens de subsistance et des terres essentiels seront blessés et tués», alerte Richard Weir, chercheur à HRW.

Enfants blessés aux champignons

Un adolescent qui fait exploser sa maison et tue plusieurs membres de sa famille en manipulant une arme trouvée dans une base militaire abandonnée, un démineur bénévole tué en nettoyant des terres agricoles, des enfants blessés en cherchant des champignons, un homme qui perd une jambe en ramassant du bois pour se chauffer… Les dégâts causés par les vestiges explosifs de la guerre sont terribles pour les familles, souvent mal informées des risques. En plus des décès, des blessures, des invalidités et des traumatismes psychologiques, ils empêchent les habitants de revenir dans leur maison, de se déplacer facilement et de cultiver leurs terres. Démunis, ils font appel à des démineurs locaux, mal équipés et mal formés, qui paient un lourd tribut à ce combat contre des ennemis invisibles.

Face à ce constat, l’ONG de défense des droits humains appelle le gouvernement syrien à établir «de toute urgence» un centre national civil, en collaboration avec le Service de la lutte antimines des Nations unies (Unmas), pour centraliser et professionnaliser la prévention, les interventions techniques et l’assistance aux victimes. Un cas qui pourra être discuté cette semaine à Genève lors de la réunion annuelle des experts antimines des Nations unies, alors que, en novembre 2024, l’Observatoire des mines alertait déjà sur la hausse du nombre de victimes civiles autour du monde.