Avec son soleil éclatant et ses longues allées bordées de palmiers et d’orangers, la ville turque de Mersin dégage, en cette fin février, un faux air d’insouciance. Pourtant, si cette cité portuaire bordée par la Méditerranée a été épargnée par le terrible séisme du 6 février, elle en subit de plein fouet le contrecoup. Dans les deux semaines qui ont suivi la catastrophe, Mersin a vu débarquer plus de 400 000 rescapés en provenance des zones sinistrées, selon une estimation de la municipalité, conduite sur la base de la quantité d’eau consommée par la ville. Cette métropole de près de 2 millions d’habitants, en temps normal, est devenue le principal point de chute des déplacés de la catastrophe, dont l’ONU évalue le nombre total en Turquie à 1,5 million.
Parmi eux, beaucoup sont à l’hôtel, d’autres réfugiés chez des proches. A l’instar d’Ahmet Rende, 62 ans, qui a élu domicile chez sa belle-sœur avec son épouse et son fils. La famille est regroupée dans un appartement situé au huitième étage d’un immeuble d’un quartier résidentiel de Mersin. «On a quitté Antioche dix jours après le séisme car on devait d’abord s’occuper de nos défunts, explique ce chauffeur à la retraite, qui a perdu sa belle-mère et un cousin. On ne veut pas rester ici éternellement, on pense