Menu
Libération
Moyen-Orient

Entre l’Iran et Israël, une nuit d’échange de missiles

Après le lancement de l’opération «Rising Lion» par Israël, la veille, l’Iran a riposté et engagé un bras de fer à coups de bombardements inédits qui se sont poursuivis jusque tard dans la nuit, dans les deux pays.
Des missiles dans le ciel de Netanya en Israël, le 13 juin 2025. (Jack Guez/AFP)
publié le 14 juin 2025 à 4h14

Téhéran et Tel-Aviv ont vécu à peu de chose près une nuit tragiquement similaire. Ponctuées de sirènes antiaériennes et d’explosions inédites. Les systèmes de protection balistique ont tourné à plein régime pendant une bonne partie de la soirée et jusqu’à tard dans la nuit. Le ciel s’est constellé d’impacts rougeoyants et de traînées enfumées.

C’est l’Iran qui a d’abord lancé les hostilités en réponse à l’attaque inédite de la nuit précédente, où Tsahal a engagé plus de 200 avions et drones à l’assaut de sites militaires et nucléaires de la République islamique. Téhéran a donc tiré des dizaines de missiles sur l’Etat hébreu dont certains ont réussi à déjouer le réputé infranchissable Dôme de fer, la défense antiaérienne d’Israël. Cette fois-ci les explosions ont percé le ciel de Tel-Aviv pour s’échouer en pleine rue. Elles auraient fait au moins 33 blessés et tué une sexagénaire selon la police israélienne.

«Notre vengeance sera douloureuse»

Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a immédiatement justifié sa riposte en accusant l’Etat hébreu d’avoir «lancé une guerre». Assurant par ailleurs que son pays «ne fermera pas les yeux» et que l’attaque israélienne mènera le pays «à sa ruine». «Nulle part en Israël ne sera sûr, notre vengeance sera douloureuse», a immédiatement renchéri un haut fonctionnaire iranien cité par l’agence Reuters. Les Israéliens «paieront un prix élevé pour avoir tué nos commandants, nos scientifiques et notre population», a-t-il ajouté alors que, dans la soirée, l’ambassadeur iranien à l’ONU Amir Saeid Iravani avançait un bilan de 78 morts et plus de 320 blessés dans les frappes de la veille.

Dans une escalade aussi verbale que militaire, Benyamin Nétanyahou a immédiatement réagi. Le Premier ministre israélien a appelé les Iraniens à se lever contre le «régime maléfique et oppressif» qui les gouverne, et assuré qu’il y aurait plus de frappes «à venir», confirmant que son opération était loin d’être terminée.

Elles se sont matérialisées un peu après minuit, faisant rougir le ciel de Téhéran qui a entendu le vrombissement des drones israéliens jusqu’à l’aube. L’aéroport Mehrabad, dans l’ouest de la capitale, a notamment été touché alors que l’Iran se préparait à nouvelle riposte. Les sirènes antiaériennes n’ont donc cessé de sonner en écho à 2 000 km de distance. Et les habitants de Tel-Aviv ont été sommés au moins à deux reprises et au cœur de la nuit de retourner dans leurs abris.

L’ampleur des destructions contestée

Une bataille de communication s’est aussi engagée entre les deux puissances rivales sur l’impact des frappes israéliennes contre les installations nucléaires iraniennes. L’armée israélienne annonçait dans la soirée de vendredi avoir «démantelé» une usine d’uranium à Ispahan, dans le centre de l’Iran. Mais l’organisation iranienne du nucléaire a immédiatement répondu que les dégâts sur ces installations comme sur le site de Fordo, au sud de Téhéran, étaient mineurs.

Concernant l’une des principales cibles de l’attaque de vendredi, le centre pilote d’enrichissement d’uranium de Natanz, dans le centre de l’Iran, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) assure que la partie en surface a été «détruite», tout en citant des informations iraniennes, mais qu’«aucune augmentation des niveaux de radiation» n’a été observée.

Une véritable guerre ouverte

Ces échanges de tirs nocturnes n’augurent rien de bon sur ce qui ressemble de plus en plus à une véritable guerre ouverte entre deux puissances majeures du Moyen-Orient. L’Iran qualifiant, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi, l’attaque d’Israël de «déclaration de guerre». Et Tel-Aviv, au travers de son ministre de la Défense Israël Katz, d’accuser Téhéran d’avoir franchi des «lignes rouges» en tirant des missiles sur des centres urbains.

Vendredi, pour justifier son offensive, Tsahal a dit disposer de renseignements prouvant que Téhéran s’approchait du «point de non-retour» vers la bombe atomique. Selon l’armée israélienne, «le régime iranien avait un plan concret pour détruire l’Etat d’Israël». La République islamique dément et défend son droit à développer un programme nucléaire civil.

«Assez de l’escalade, il est temps que ça cesse. La paix et la diplomatie doivent l’emporter», s’est indigné sur X le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans un cri du cœur qui semble malheureusement bien insuffisant pour mettre fin à la mécanique mortifère en marche.