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Libération
Moyen-Orient

Entre l’Iran et Israël, une quatrième nuit de bombardements avant le début du G7

Les frappes ont continué, de part et d’autres, faisant au moins quatre morts en Israël, alors que doit s’ouvrir au Canada une réunion du G7 perturbée par l’irruption de ce nouveau conflit.
Des missiles tirés depuis l'Iran sont interceptés au dessus d'Ashkelon, en Israël, le 15 juin 2025. (Amir Cohen/REUTERS)
publié le 16 juin 2025 à 6h51

Pour de nombreux Israéliens et Iraniens, ce fut une quatrième nuit sans sommeil. Les appels à la retenue n’y font rien, la guerre se poursuit à quelque 2 000 km de distance. Au moins quatre personnes sont mortes en Israël et 87 autres blessées, selon Magen David Adom, l’équivalent israélien de la Croix-Rouge, dans une série de frappes iraniennes contre plusieurs villes de l’Etat hébreu. Les sirènes antiaériennes ont retenti un peu après 4 heures du matin à Jérusalem où une journaliste de l’AFP a entendu «de fortes explosions qui ont fait trembler l’immeuble» dans lequel elle se trouvait.

Les missiles iraniens ont donc une nouvelle fois réussi à percer le Dôme de fer israélien. L’un d’eux s’est écrasé dans la ville côtière d’Haïfa, dans le nord du pays. A Tel-Aviv, des images montrent des immeubles éventrés et des pompiers qui s’activent pour rechercher d’éventuels survivants au milieu de voitures incendiées. Un immeuble a aussi été touché à Petah Tikva, un peu plus à l’est.

Téhéran s’est félicité à l’aube d’avoir frappé Israël «avec succès», et promis des frappes «plus dévastatrices contre les cibles vitales» du pays dans les heures et jours qui viennent.

Escalade régionale

Un peu plus tôt dans la nuit, Tsahal a visé «des dizaines» de sites de missiles sol-sol et des installations militaires dans l’ouest du pays. L’armée israélienne dit avoir frappé des centres de commandement des Gardiens de la Révolution à Téhéran. La veille au soir, la ville sainte de Machhad, située à l’extrémité nord-est, a aussi été touchée, ce qui témoigne d’une offensive qui s’inscrit de plus en plus en profondeur dans le territoire iranien. Les mosquées, les écoles et les stations de métro ont été mobilisées par les autorités pour servir d’abris contre les frappes.

Cette opération, intitulée «Rising Lion», et justifiée par Israël pour empêcher la République islamique d’obtenir l’arme nucléaire, a fait au moins 224 morts depuis vendredi 13 juin et plus d’un millier de blessés, selon le ministère iranien de la Santé. Téhéran se défend de toute velléité d’obtenir la bombe atomique, et assure développer son programme nucléaire à des fins civiles. Ses ripostes ont fait au moins 17 morts en Israël, et 393 blessés.

Reste que cette nouvelle guerre semble avoir condamné les discussions pour un accord sur le nucléaire iranien, qui devaient reprendre dimanche à Oman avec les Etats-Unis, et ont finalement été annulées. Elle menace d’entraîner aussi tout le Moyen-Orient dans une spirale infernale de conflit. Ce dimanche, c’est la Syrie qui en a fait les frais, puisque des dizaines de missiles ont survolé son territoire, et la chute d’un drone, probablement iranien, a même fait un mort selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Un sommet du G7 en dents de scie

Un conflit qui va se retrouver fatalement à l’ordre du jour de la réunion du G7 qui commence ce lundi au Canada. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a affirmé dans la nuit avoir dit au Premier ministre israélien que la diplomatie était la meilleure solution «à long terme» avec l’Iran.

Mais pour l’instant, Benyamin Nétanyahou ne l’entend pas de cette oreille. Dans une interview à Fox News, dimanche soir, il a implicitement dit que les frappes sur l’Iran pourraient provoquer un changement de régime, et la chute du Guide suprême, Ali Khamenei : «Ce pourrait certainement être le résultat parce que le régime iranien est très faible.»

Depuis la Maison Blanche, avant d’embarquer dans son hélicoptère Marine One, Donald Trump, qui reste un allié indéfectible d’Israël, est resté ambigu sur la situation. Appelant à la fois les deux pays à trouver «un accord», tout en menaçant l’Iran de s’impliquer dans le conflit. Téhéran semble persuadé que c’est déjà le cas, dit disposer «de preuves», et parle d’un «soutien total des Etats-Unis» à l’Etat hébreu.

De quoi perturber un peu plus la réunion des dirigeants du G7 dans les Rocheuses canadiennes, la première depuis le retour à la Maison Blanche du milliardaire new-yorkais. Elle s’annonçait déjà tendue sur nombre de sujets, en particulier les droits de douane que Donald Trump veut imposer au reste du monde. Il faudra en plus trouver un terrain d’entente pour une éventuelle déclaration commune sur la situation du Moyen-Orient, et cela s’annonce particulièrement complexe.