Fazel réfléchit, mais il ne trouve pas. «Non, je ne me souviens pas d’une période heureuse, dit le jeune homme de 28 ans. Peut-être au début des années 2000, quand j’allais à l’école et que mon père travaillait. Mais ça n’a pas duré longtemps.» Ses seules réminiscences des attentats du 11 Septembre sont des images vues sur une télé montrant les fumées s’échappant des tours du World Trade Center. Mais il se souvient des premiers jours de l’intervention américaine et des bombardements aériens qui ont suivi. «Il y avait d’énormes explosions et, une fois, une bombe est tombée sur la maison d’un de nos voisins.»
Témoignages
Fazel habite encore dans la maison familiale à côté de l’aéroport, dans une petite ruelle creusée en son milieu d’une rigole où stagnent des égouts pestilentiels. Les bâtiments au toit plat forment un carré avec, au centre, une cour au sol de terre où poussent arbres et arbustes. Une soixantaine de personnes vivent là, la famille de Fazel – ses parents et quatre frères et sœurs –, et celles de trois de ses oncles. La famille de Fazel vit dans deux pièces. Il est le seul à pouvoir travailler et ramener de l’argent ; son père est trop vieux, son frère trop jeune.