Quatre exécutions et sept condamnés à mort en Iran. A travers un communiqué publié ce mardi, l’ONU a condamné l’utilisation de la peine de mort dans le pays contre des manifestants pour effrayer la population iranienne et faire taire la contestation. «L’utilisation comme arme des procédures criminelles pour punir les personnes qui exercent leurs droits élémentaires, comme ceux qui participent aux manifestations ou les organisent, confine au meurtre d’Etat», critique le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk.
Des pratiques également pointées du doigt par Ravina Shamdasan, porte-parole du Haut-Commissariat, qui a insisté sur «des privations arbitraires de la vie». La représentante a présenté le cas des Iraniens exécutés comme «un manque de respect des procédures, des accusations qui sont complètement fallacieuses et qui n’ont aucun sens».
Analyse
La mort de Mahsa Amini, accusée de «mal porter le voile» par la police des mœurs, a déclenché une vague de manifestations dans tout le pays depuis septembre. L’Iran a déjà exécuté quatre personnes dont Mohammad Mehdi Karami et Seyed Mohammad Hosseini samedi dernier, accusés de la mort d’un agent des forces de l’ordre lors des manifestations.
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU, au moins 17 autres personnes auraient elles-aussi condamnées à la peine capitale, pour des «accusations de corruption sur Terre et de guerre contre Dieu, qui sont formulées de manière très vague», affirme la porte-parole Ravina Shamdasani. Celle-ci déplore aussi pour les prisonniers «de graves allégations de torture et de mauvais traitements, des traitements humiliants avant leurs exécutions».
Deux autres exécutions imminentes
Ces menaces n’arrêtent toutefois pas les protestataires. A Nadjafabad, dans la province d’Ispahan (centre), des Iraniennes ont scandé dimanche «Derrière chaque personne tuée, mille autres sont debout». Une manifestation visant à éviter ou bien à retarder les exécutions qui seraient imminentes de deux jeunes hommes : Mohammad Boroughani, 19 ans, et de Mohammad Ghobadlou, 22 ans.
L’ONU, de son côté, insiste sur l’importance de reformer le pays et de respecter les droits humains. «Le gouvernement iranien servirait mieux ses intérêts et ceux de son peuple en écoutant leurs griefs et en entreprenant les réformes juridiques et politiques nécessaires pour garantir le respect de la diversité d’opinion, les droits à la liberté d’expression et de réunion, et la pleine le respect et la protection des droits des femmes dans tous les domaines de la vie», estime dans son communiqué le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme.
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Le haut-commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, pourrait rencontrer «bientôt» des représentants iraniens à Genève. En revanche, rien de concret sur un éventuel déplacement à Téhéran, comme il en avait exprimé le souhait pour rencontrer les autorités, y compris le guide suprême Ali Khamenei. «Il n’y a pas de date et il n’y a actuellement, aucun échange sur le cadre de cette visite», a déploré Mohammad Al Nsour, le représentant du Haut-Commissariat au Moyen Orient et en Afrique du nord. Selon lui, cette visite servirait notamment à demander à l’Iran «l’abrogation de certaines des pratiques discriminatoires à l’égard des femmes et des jeunes filles» et également discuter de la répression des manifestations.
Selon l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, la répression a fait au moins 476 morts, tandis que plusieurs milliers de personnes ont été arrêtées.