Des enseignes en cyrillique, une plage de sable et des loyers tutoyant les sommets : bienvenue dans le quartier de Liman, au cœur de la ville d’Antalya. Ce qui n’était encore récemment qu’un quartier résidentiel est désormais surnommé «Little Russia», en référence à la population grandissante de ressortissants russes venus en Turquie fuir les sanctions et l’autoritarisme du régime de Moscou. Si beaucoup n’ont fait que passer par la Turquie avant de partir s’installer ailleurs, notamment dans les pays baltes ou en Géorgie, plusieurs milliers ont décidé de s’installer pour de bon.
«Tout a changé pour nous depuis le début de la guerre», se souvient l’agent immobilier Davut Ahmetoglu, dont la devanture de l’agence est remplie d’annonces en russe, et le bureau parsemé de drapeaux européens. «On a vu débarquer des personnes qui achetaient quatre, cinq appartements d’un coup, parfois même sans les visiter. Parfois, ils les louent à d’autres Russes. Parfois, ils les laissent vides. Quand on leur demande pourquoi, ils répondent “on ne sait jamais”.»
Selon les autorités turques, 20 000 citoyens russes ont fui leur pays dans les semaines ayant suivi le début de la guerre, pour trouver refuge en Turquie. A Antalya, une communauté russe composée majoritairement de personnes issues de la classe moyenne attirées par la triple promesse d’un contexte économique plus favorable, d’un climat plus doux et d’un moindre autoritarisme s’était déjà constituée depuis quelques années. D’ap