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Libération
Erreur humaine

Explosion dans un port d’Iran : le ministre de l’Intérieur évoque la piste d’une «négligence», le bilan monte à 65 morts

La déflagration qui s’est produite samedi 26 avril vers midi sur un quai du port Shahid Rajaï serait due à une erreur humaine, a fait savoir le ministre iranien de l’Intérieur ce lundi 28 avril. Les pompiers luttent toujours contre un incendie dans les installations.
D'importants nuages de fumées ce lundi 28 avril 2025 au-dessus du lieu de l'explosion dans le port de Shahid Rajaï. (Iranian Red Crescent /AFP)
publié le 28 avril 2025 à 18h39

Une erreur humaine serait à l’origine de l’énorme explosion survenue deux jours plus tôt dans le plus grand port commercial du pays, proche de la ville de Bandar Abbas. Le ministre iranien de l’Intérieur, Eskandar Momeni, a estimé ce lundi 28 avril «qu’il y a eu des manquements, notamment le non-respect des mesures de sécurité et la négligence», a dit Eskandar Momeni. «Certains coupables ont été identifiés et convoqués», a-t-il ajouté.

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, avait ordonné l’ouverture d’une enquête sur l’incident, afin de déterminer si le drame a été causé par une «négligence» ou s’il était «intentionnel». La cause de l’explosion n’a pas été déterminée dans l’immédiat, mais les douanes du port ont indiqué qu’un incendie dans le dépôt de stockage de matières dangereuses et chimiques pourrait être la raison.

Perchlorate de sodium

Le New York Times, citant une source anonyme proche des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de l’Iran, avait auparavant affirmé que l’explosion avait été provoquée par du perchlorate de sodium, une substance entrant dans la composition de carburants solides pour missiles. Le ministère de la Défense a affirmé qu’il n’y avait «aucune cargaison […] pour un usage militaire dans la zone de l’incendie» au moment de l’explosion. Selon le Washington Post, Israël avait lancé en 2020 une cyberattaque contre le port Shahid Rajaï.

La thèse d’un sabotage n’a toutefois pour l’heure pas été évoquée par Téhéran, alors que l’explosion a coïncidé avec la tenue à Oman des pourparlers cruciaux sur le programme nucléaire de Téhéran entre l’Iran et les Etats-Unis, ennemis depuis quatre décennies.

La déflagration, entendue à des dizaines de kilomètres à la ronde, s’est produite samedi vers midi sur un quai du port Shahid Rajaï, par où transitent un cinquième de la production mondiale de pétrole et 85 % des marchandises en Iran.

Plus d’un millier de blessés

«Le bilan des morts dans l’incendie tragique a atteint 65 morts», a déclaré ce lundi soir Mohammad Ashouri, le responsable de la province d’Hormozgan, cité par les médias d’Etat. Le précédent bilan faisait état de 46 morts. En outre, les autorités ont déclaré que plus d’un millier de personnes avaient été blessées. Mais seuls «120 blessés sont encore hospitalisés», a dit plus tôt ce lundi à la télévision d’Etat le ministre de l’intérieur, en visite dans la région.

Les pompiers tentent toujours lundi de venir à bout de l’incendie qui ravage le site. Le porte-parole des secours, Hossein Zafari, a déploré lundi les «vents violents» qui rendent l’opération «difficile» pour les pompiers. Une épaisse fumée noire continue de s’élever au-dessus des conteneurs empilés au port Shahid Rajaï, selon des images de la télévision d’Etat diffusées lundi en direct. Après la maîtrise du feu, «nous entrerons dans la phase de nettoyage du site et d’évaluation des dégâts», a rapporté la télévision d’Etat.

Ce port stratégique est proche de la grande ville côtière de Bandar Abbas (sud), sur le détroit d’Ormuz, à un millier de kilomètres au sud de Téhéran. Le ministère de la Santé a appelé les quelque 650 000 habitants de la ville à rester chez eux «jusqu’à nouvel ordre» en raison de possibles fumées toxiques. Un appel aux dons de sang a été lancé pour les blessés.