Dans un coin du jardin, Abdallah bricole un cerf-volant avec deux bouts de bois et une feuille de papier où sont placardés des «I love you». «En Irak, on a commencé à construire des cerfs-volants pendant l’invasion américaine de 2003. Les Irakiens en fabriquent toujours pour garder en mémoire les moments difficiles qu’ils ont vécu et qu’ils vivent encore.» Quand lui peaufine son cerf-volant, des jeunes Irakiennes enchaînent les selfies et se pavanent sous les arbres pour se protéger du soleil qui chauffe à 43 degrés ce jour-là. Ces jeunes ont trouvé refuge dans une grande maison à l’architecture Bagdadi, le IQ Peace, un centre des arts quasi unique dans la capitale irakienne.
Ici, la jeunesse échange des idées, bricole, peint, danse, chante et apprécie la liberté. Nés sous l’occupation américaine, ces jeunes ont connu le sang des guerres confessionnelles, l’Etat islamique et aujourd’hui la pression des factions armées pro-Iran sur leur sol. «Ici, j’ai trouvé une seconde famille. Nous avons partagé les mêmes souffrances et subi les mêmes violences. Pourtant, nous sommes ouverts d’esprit, pacifiques et ce lieu nous ressemble car c’est le vrai visage de l’Irak», explique le jeune homme de 23 ans. Quotidiennement, ces filles et garçons tentent de passer sous les radars d’une société très conservatrice et de groupes politiques religieux qui perçoivent d’un très mauvais œil la mixité de genres. «Ce lieu est perçu comme une menace pour les milices chiites ou le gouv