Ils n’ont pas pu atteindre Gaza. Partis le 1er juin de Sicile pour rejoindre l’enclave palestinienne et «briser» le blocus israélien, les douze membres du Madleen ont été arrêtés en pleine mer dans la nuit de dimanche 8 à lundi 9 juin par la marine israélienne. Six Français avaient pris place à bord de ce bateau d’aide humanitaire. Ils devraient être renvoyés vers la France dans les prochaines heures. Journalistes, élue, médecin, ingénieur… Libé dresse leurs profils.

C’est, de loin, le visage le plus médiatique du voilier avec la Suédoise Greta Thunberg. Franco-palestinienne et eurodéputée insoumise, Rima Hassan a chroniqué en direct sur ses réseaux sociaux l’arrestation du bateau tard dans la nuit dimanche, de l’arrivée de la marine israélienne au survol par un drone de l’embarcation, comme elle l’a fait depuis qu’il a quitté la Sicile. Depuis son élection au Parlement européen en juin 2024, l’élue de 33 ans n’a cessé de dénoncer le «génocide» mené par Israël à Gaza.

Reporter pour Blast depuis un peu plus de deux ans, Yanis Mahmdi a embarqué le 1er juin à bord du navire pour «informer le public d’une initiative courageuse et remarquable visant à établir un lien humanitaire avec Gaza et à dénoncer un blocus alimentaire par l’armée israélienne qui a pour but l’extermination de la population gazaouie», explique le média en ligne dans un article. La rédaction assure être sans nouvelle de lui depuis son arrestation dans la nuit. Sur le bateau, il réalisait de courtes vidéos des autres membres de l’équipage.

Il a documenté l’arrestation en direct. Deuxième journaliste du bateau, le Français Omar Faiad était en live sur la chaîne de télévision qatarienne en langue arabe Al-Jazeera quand la marine israélienne est montée à bord. On le voit sur les images les mains en l’air, visiblement apeuré, avant que sa caméra ne tombe et que le signal ne coupe.

Il a embarqué début juin pour «prendre soin de l’équipage». Médecin à l’hôpital de la Timone à Marseille, Baptiste André est spécialiste en médecine interne, explique France 3 Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Sur une vidéo tournée sur le bateau avant l’arrestation, on le voit se filmer, cheveux bruns au vent et lunettes rondes sur le nez, en montrant son passeport français. «Si vous voyez cette vidéo, c’est que j’ai été kidnappé par les forces israéliennes ou des forces de pays complices du génocide israélien en Palestine», explique le Français de 35 ans.

Il y a un an, Reva Seifert-Viard avait passé trente-neuf jours perché dans un arbre. Il était l’un des «écureuils» qui s’opposaient au chantier de l’A69, dans le Tarn. Il avait remis ça en décembre pour dénoncer, cette fois-ci, la création d’une ligne à haute tension entre Bordeaux et Bilbao. Le 1er juin, le militant écologiste (au sein d’Extinction rebellion notamment) de 37 ans et ancien jardinier paysagiste a embarqué sur le Madleen. Reva Seifert-Viard voulait, a-t-il expliqué à Actu Landes il y a quelques jours, «sortir de la léthargie, de cette anxiété d’observer ces massacres de loin» et dénoncer «cette inhumanité de l’ordre de l’infâme et de l’horreur».

Une traversée entre l’Europe et Gaza, Pascal Maurieras en avait déjà connu. Cet ingénieur en informatique de 62 ans avait embarqué en 2018 sur l’un des deux bateaux de la coalition Freedom Flotilla pour rejoindre Gaza, selon France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur. A l’époque, déjà, le navire avait été détourné par les forces israéliennes. L’ancien représentant syndical au sein de la CGT a remis ça en cette fin de printemps. Sur le bateau, ce marin amateur assurait les quarts avec d’autres navigateurs.