Le dernier bateau de la flottille internationale d’aide pour Gaza, la Marinette qui poursuivait sa route tôt ce vendredi 3 octobre au matin a fini par être intercepté par la marine israélienne, a constaté Libération sur l’outil de géolocalisation partagée de la flottille. Une quarantaine d’embarcations ont déjà subi le même sort, et Israël commence à expulser les militants propalestiniens voyageant à bord. Quatre d’entre eux, italiens, viennent ainsi d’être renvoyés dans leur pays. «Les autres sont en cours d’expulsion», affirme le ministère des Affaires étrangères israélien, ajoutant que l’Etat hébreu «tient à mettre fin à cette procédure le plus rapidement possible».
«Marinette, le dernier bateau restant de la Flottille Global Sumud, a été intercepté à 10h29 heure locale, à environ 42,5 milles nautiques de Gaza», a confirmé la flottille pour Gaza sur ses réseaux sociaux, ajoutant qu’au total ces deux derniers jours, «les forces navales de l’occupation israélienne ont intercepté illégalement nos 42 bateaux — chacun transportant de l’aide humanitaire, des volontaires et la détermination de briser le siège illégal imposé à Gaza».
La veille au soir, l’organisation avait annoncé s’attendre à une interception prochaine. «Il sait ce qui l’attend». Le bateau se trouvait à quelques dizaines de kilomètres des côtes de Gaza à 7 h 30 du matin heure française, selon le site de la flotille. «S’il s’approche, sa tentative d’entrer dans une zone de combat active et de briser le blocus sera également empêchée», avait averti jeudi le ministère israélien des Affaires étrangères.
A lire aussi
Au total, plus de 400 militants à bord de 41 navires de la flottille ont été arrêtés lors d’une opération d’environ douze heures, a indiqué jeudi soir un responsable israélien. Ils ont été «transférés en toute sécurité au port d’Ashdod pour être pris en charge par la police israélienne», a-t-il ajouté sous couvert de l’anonymat.
La flottille Global Sumud, qui comprenait des personnalités politiques et des militants comme la Suédoise Greta Thunberg, était partie d’Espagne en septembre dans le but de rompre le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza. Elle se présente comme une «mission pacifique et non violente d’aide humanitaire».
«Acte d’intimidation»
Israël avait annoncé jeudi matin que les passagers, tous «sains et saufs», seraient expulsés vers l’Europe. Mercredi soir, la marine israélienne a commencé à intercepter les bateaux après avoir averti les équipages qu’ils entraient dans des eaux dont Israël revendique le contrôle. «Je félicite les soldats et les commandants de la marine qui ont accompli leur mission pendant Yom Kippour de la manière la plus professionnelle et efficace», a déclaré Benyamin Nétanyahou dans un communiqué.
A lire aussi
Global Sumud («résilience», en arabe) a dénoncé «une attaque illégale» survenue dans les eaux internationales, l’organisation des droits humains Amnesty International déplorant un «acte d’intimidation». Onze participants grecs ont entamé une grève de la faim pour protester contre leur «détention illégale», selon des organisateurs de la flottille.
Le mouvement islamiste Hamas, dont l’attaque terroriste contre Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre dans la bande de Gaza, a pour sa part qualifié l’interception de «crime de piraterie».
Réactions cinglantes
L’événement a suscité des réactions cinglantes de certains pays comme la Turquie, qui a accusé Israël de commettre «un acte de terrorisme». Le président colombien, Gustavo Petro, a annoncé l’expulsion de la délégation diplomatique israélienne de son pays.
En France, La cheffe des députés LFI, Mathilde Panot, a appelé ce vendredi matin Emmanuel Macron à expulser l’ambassadeur d’Israël en France : «C’est la troisième fois que des ressortissants français, dont des parlementaires, sont arrêtés, kidnappés illégalement et emprisonnés», a-t-elle dénoncé sur RTL.
L’Italie et l’Espagne avaient dépêché des navires militaires pour escorter sur une partie du trajet la flottille après des «attaques par drones» dans la nuit du 23 au 24 septembre, dénoncées par l’ONU et l’Union européenne.
Un procureur espagnol a lancé une enquête pour examiner des violations potentielles des droits humains pouvant constituer des crimes contre l’humanité. En juin et juillet, la marine israélienne avait déjà arraisonné deux voiliers se dirigeant vers Gaza, avec Greta Thunberg et Rima Hassan à leur bord. Toutes deux avaient été débarquées en Israël puis expulsées.
Manifestations en Europe
Des milliers de personnes ont défilé jeudi dans plusieurs pays d’Europe pour dénoncer cette interception. En Italie, où les syndicats ont appelé à une grève générale ce vendredi, des milliers de personnes sont descendues dans la rue. A Barcelone, de nombreux manifestants, dont beaucoup brandissaient des drapeaux palestiniens, ont convergé vers la place centrale dees Drassanes, scandant des slogans tels que «Gaza, tu n’es pas seul», «Boycott Israël» et «Liberté pour la Palestine». En Belgique, environ 3 000 personnes se sont rassemblées devant le Parlement européen à Bruxelles. En Irlande, plusieurs centaines de manifestants se sont massées devant le Parlement à Dublin. A La Haye, aux Pays-Bas, des centaines de manifestants se sont rassemblées devant le ministère des Affaires étrangères, avant d’être dispersés par la police anti-émeute. Ils ont ensuite rallié la gare centrale, où certains d’entre eux ont pénétré sur les voies, interrompant le trafic ferroviaire.
En France, quelques milliers de personnes se sont rassemblées place de la République, à Paris, à l’appel de La France insoumise (LFI, extrême gauche) avant d’être dispersées par les forces de l’ordre. Des manifestations se sont également tenues à Marseille, Lille, Grenoble, Lyon ou Rennes.
Mise à jour à 12 h 32 avec l’expulsion de quatre militants italiens.