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Frappe inédite au cœur de Beyrouth : «De toute façon, où qu’on aille, la guerre nous suivra»

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Dans le quartier de Ras el-Nabaa, une frappe israélienne inédite sur un siège du parti Baas a tué Mohammad Afif, le chef du Bureau des médias du Hezbollah. Une nouvelle attaque qui accentue la pression sur l’organisation autant que sur ses alliés politiques.
Sur le lieu de l'explosion qui a tué dimanche 17 novembre 2024 Mohammad Afif dans le quartier de Ras el-Nabaa, ià Beyrouth. (Adnan Abidi/REUTERS)
par Arthur Sarradin, correspondant à Beyrouth
publié le 17 novembre 2024 à 19h02

Un bref instant, et, soudainement, le quartier de Ras el-Nabaa en plein cœur de Beyrouth est enveloppé d’une épaisse fumée blanche. Une frappe vient de secouer ce coin populaire mixte de la capitale, partagé entre chrétiens et sunnites. A l’angle de l’église Al-Najat, les secours s’affairent pour évacuer les blessés près d’un vieux bâtiment dont le deuxième étage s’est entièrement effondré. Les habitants le savent déjà, si aucun ordre d’évacuation n’a été émis dans une attaque si proche du centre-ville, il s’agit probablement là d’un assassinat ciblé. Les médias libanais ne tardent d’ailleurs pas à se faire l’écho de ce pressentiment. La cible était Mohammad Afif, le chef du bureau des médias du Hezbollah, tué dans l’attaque.

Le Hezbollah est pourtant loin d’être la formation la plus influente dans ce quartier. Le bâtiment où vient d’avoir lieu la frappe est d’ailleurs le siège du parti Baas syrien, mouvement panarabe et organe politique de Bachar al-Assad. Fadi (1), un voisin, vient de sortir alors que la poussière retombe, un sac à dos sur chaque épaule et un cabas dans chaque main. «C’est la première fois qu’ils bombardent Ras el-Nabaa… ils pourraient recommencer, ils n’ont aucune limite, dit-il essoufflé en pressant le pas. Mais je ne pensais pas qu’il pouvait y avoir des gens du Hezbollah ici. Ça nous met en danger, ce n’est pas leur quartier ici.»

Tous se méfient, conscients que l’armée israélienne joue de ses renseignements

Le sol est encore recouvert de gravats, mêlés au bois arraché des persiennes des fenêtres du vieux bâtiment. A