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Libération
Reportage

Frappe israélienne au Sud-Liban : les civils entre angoisse et impuissance

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Guerre au Proche-Orientdossier
Après la mort de dix réfugiés syriens au Sud-Liban dans une frappe de l’armée israélienne dans la nuit de vendredi à samedi 17 août et la riposte du Hezbollah, les tensions sont à leur maximum, avec deux nouveaux morts dans des frappes de Tsahal ce lundi matin. Dans le brouillard des négociations, les Libanais craignent que le conflit s’éternise.
Deux hommes inspectent un site industriel détruit samedi 17 août par une frappe israélienne à Wadi al-Kfour, dans la province de Nabatieh, au sud du Liban. (Mohammad Zaatari/AP)
par Arthur Sarradin, envoyé spécial à Nabatieh (Liban)
publié le 18 août 2024 à 9h31
(mis à jour le 19 août 2024 à 10h51)

Sur le flanc de la colline où pointe le village de Blatt, au Sud-Liban, quatre corps défilent enveloppés d’un linceul rouge satiné. Une poignée d’hommes porte à bout de bras les dépouilles des civils morts dans la nuit de vendredi 16 à samedi 17 août au sud du pays. Dix réfugiés syriens, tués dans un immeuble avoisinant un entrepôt ciblé par l’armée israélienne à Nabatieh, à quelques kilomètres au nord de la frontière. Le village traverse son onzième mois de guerre, et le cortège funèbre se tient sous les bourdonnements de l’aviation israélienne. «Des lâches ! Des criminels !» s’exclame Abu Muhammad, 80 ans. A sa hauteur, il regarde le suaire qui recouvre la silhouette d’un minuscule corps… Celui de son petit-fils, Ahmed, âgé de 18 mois.

L’oncle d’Ahmed est là, il titube, ne veut pas voir le corps de son neveu disparaître dans la fosse. Il met un pied dans la tombe, et fond en larmes en prononçant son nom. Deux hommes le rattrapent, l’un lui met la main sur la bouche pour étouffer ses sanglots. «Ça suffit, laisse le partir… <