Sur le flanc de la colline où pointe le village de Blatt, au Sud-Liban, quatre corps défilent enveloppés d’un linceul rouge satiné. Une poignée d’hommes porte à bout de bras les dépouilles des civils morts dans la nuit de vendredi 16 à samedi 17 août au sud du pays. Dix réfugiés syriens, tués dans un immeuble avoisinant un entrepôt ciblé par l’armée israélienne à Nabatieh, à quelques kilomètres au nord de la frontière. Le village traverse son onzième mois de guerre, et le cortège funèbre se tient sous les bourdonnements de l’aviation israélienne. «Des lâches ! Des criminels !» s’exclame Abu Muhammad, 80 ans. A sa hauteur, il regarde le suaire qui recouvre la silhouette d’un minuscule corps… Celui de son petit-fils, Ahmed, âgé de 18 mois.
🇱🇧 Au sud du Liban, une frappe israélienne a fait 10 morts civiles près de la ville de Nabatieh. Parmi eux deux enfants.
— Arthur Sarradin | آرثر سري الدين (@ArthurSarradin) August 17, 2024
Tous réfugiés syriens, les familles ne savaient même pas où ils avaient le droit d’enterrer leurs défunts. pic.twitter.com/idDUsXqlds
L’oncle d’Ahmed est là, il titube, ne veut pas voir le corps de son neveu disparaître dans la fosse. Il met un pied dans la tombe, et fond en larmes en prononçant son nom. Deux hommes le rattrapent, l’un lui met la main sur la bouche pour étouffer ses sanglots. «Ça suffit, laisse le partir… <