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Tensions

Yémen : les Houthis revendiquent deux attaques contre un porte-avions américain, après des frappes des Etats-Unis

Le groupe rebelle soutenu par l’Iran a affirmé ce lundi 17 mars avoir ciblé pour la deuxième fois en quelques heures un navire américain en mer Rouge. Ils menacent d’autres représailles, après les frappes des Etats-Unis samedi qui ont fait qui ont fait 53 morts.
Un fragment de missile retrouvé ce dimanche 16 mars par un habitant après des frappes aériennes américains survenues la veille au soir sur Saada, au Yémen. (Naif Rahma /REUTERS)
publié le 16 mars 2025 à 16h51
(mis à jour le 17 mars 2025 à 8h37)

Les rebelles houthis du Yémen ont revendiqué dimanche et ce lundi 17 mars deux attaques contre un porte-avions américain en mer Rouge et affirmé qu’ils frapperaient des cargos américains, en riposte contre des frappes des Etats-Unis samedi. Elles ont visé notamment Sanaa, la capitale du Yémen, et fait 53 morts, dont cinq enfants, et 98 blessés, selon les rebelles.

Les Houthis ont déclaré dimanche avoir mené en riposte «une opération militaire […] visant le porte-avions américain USS Harry Truman et les navires de guerre qui l’accompagnent dans le nord de la mer Rouge», affirmant avoir tiré 18 missiles et un drone. Ce lundi matin, ils ont revendiqué une «seconde» attaque contre ce porte-avions dans le nord de la mer Rouge, disant l’avoir visé «avec de nombreux missiles balistiques et de croisière ainsi qu’avec des drones, dans un engagement qui a duré plusieurs heures». Les Etats-Unis n’ont pas confirmé ces attaques.

D’après des médias houthis, Washington a pour sa part procédé à des frappes dans la nuit de dimanche à lundi, en ciblant une usine d’égrainage de coton dans la région d’Hodeida (ouest) et le poste de pilotage du «Galaxy Leader», un navire capturé il y a plus d’un an par les rebelles. Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) s’est borné dans la nuit à dire que ses forces «continuent les opérations contre les terroristes Houthis soutenus par l’Iran», sans plus de détails.

Le chef des Houthis, Abdel Malek al-Houthi, a prévenu que son groupe viserait par ailleurs des navires de marchandises américains en mer Rouge tant que les Etats-Unis «poursuivraient leur agression» et a appelé les Yéménites à se rassembler «par millions» ce lundi.

Plus tôt dimanche, les Houthis avaient prévenu que les frappes américaines «ne resteraient pas sans réponse». «Nos forces armées sont prêtes à répondre à l’escalade par l’escalade», avait déclaré le bureau politique des Houthis, qui font partie avec notamment le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais de ce que l’Iran appelle l’«axe de la résistance» face à Israël. Le Hamas et le Hezbollah avaient également condamné les raids américains.

Trump promet «l’enfer», l’ONU appelle au calme

En annonçant les raids samedi, le président américain Donald Trump avait promis «l’enfer» aux «terroristes houthis» après leurs menaces contre le commerce maritime et Israël, et a sommé l’Iran de cesser son soutien à ces rebelles. Les frappes ont tué «plusieurs dirigeants houthis clés», s’est réjouie dimanche la Maison Blanche, avertissant l’Iran, soutien du groupe rebelle yéménite, que «trop c’est trop». Téhéran justement avait condamné des attaques «barbares».

Les Etats-Unis ont mené «une action militaire décisive et puissante» contre les Houthis, a déclaré Donald Trump en annonçant ces premières frappes américaines au Yémen depuis son retour à la Maison Blanche. «Nous utiliserons une force létale écrasante jusqu’à ce que nous ayons atteint notre objectif», a-t-il prévenu, à propos des Houthis classés «organisation terroriste étrangère» par les Etats-Unis. Le Commandement central américain, qui a publié des vidéos d’avions de combat décollant et d’une bombe détruisant un complexe, a fait état de «frappes de précision» lancées pour «défendre les intérêts américains, dissuader les ennemis et rétablir la liberté de navigation».

Dimanche soir, l’ONU a demandé aux Etats-Unis et aux rebelles houthis au Yémen de calmer le jeu et de cesser leurs attaques après une escalade militaire qui «risque d’exacerber les tensions régionales». Au même moment, dans un discours télévisé, le chef des Houthis se disait prêt à «poursuivre l’escalade» si Donald Trump mettait à exécution ses menaces, en prenant pour cible notamment les navires américains en mer Rouge. Il a également appelé les Yéménites à se rassembler «par millions» pour protester contre les frappes américaines de la veille.

Des centaines d’attaques des Houthis

Après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont mené «en solidarité avec les Palestiniens» plusieurs attaques aux missiles contre Israël et des navires accusés de liens avec Israël. Les attaques ont cessé après l’entrée en vigueur le 19 janvier d’une trêve à Gaza après quinze mois de guerre destructrice. Mais après le refus d’Israël de permettre l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza, les rebelles ont annoncé le 11 mars leur intention de les reprendre contre des navires de commerce qu’ils estiment liés à l’Etat hébreu, au large du Yémen.

Les attaques des Houthis contre les navires ont perturbé le trafic en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, poussant les Etats-Unis à mettre en place une coalition navale multinationale et à frapper des cibles rebelles au Yémen, parfois avec l’aide du Royaume-Uni. Selon le Pentagone, les Houthis ont «attaqué des navires de guerre américains 174 fois et des navires commerciaux 145 fois depuis 2023». Pays pauvre de la péninsule Arabique, le Yémen est en proie à une guerre civile depuis 2014 qui a fait des centaines de milliers de morts et provoqué une catastrophe humanitaire.

Mis à jour : ce lundi 17 mars à 8h37, avec l’ajout de la revendication d’une seconde attaque des Houthis contre un porte-avions américain.