Frappes meurtrières sur la bande de Gaza. Des raids israéliens ont tué 13 personnes, dont trois chefs du Jihad islamique mais aussi quatre enfants, ce mardi 9 mai matin avant l’aube. Les autorités palestiniennes décomptent aussi 20 blessés. Ces frappes interviennent moins d’une semaine après l’annonce d’une trêve entre Israël et les combattants du Jihad islamique et font craindre une nouvelle spirale de violences. L’armée israélienne a d’ailleurs appelé les civils israéliens vivant dans un rayon de 40 km autour de ce territoire à rester à proximité d’un abri, en cas de tirs de roquettes palestiniennes.
Exprimant de nouveau «sa vive préoccupation face à l’escalade en cours à Gaza», la France a rappelé «les obligations de protection des civils et de respect du droit international humanitaire qui incombent à Israël». Paris a aussi appelé «toutes les parties à continuer à travailler à restaurer un horizon politique en vue d’une paix juste et durable», a souligné Anne-Claire Legendre, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Reportage
L’armée israélienne a annoncé que ses frappes ont visé notamment trois commandants des Brigades Al-Qods, la branche armée du Jihad islamique, mouvement qu’Israël qualifie de «terroriste». Le Jihad Islamique a confirmé dans un communiqué la mort de trois responsables des Brigades Al-Qods, qu’il a identifiés comme Jihad Ghannam, secrétaire du Conseil militaire des Brigades Al-Qods, Khalil Al-Bahtini, membre du même conseil et commandant des Brigades pour le nord de la bande de Gaza, et Tareq Ezzedine, «un des chefs de l’action militaire» du mouvement en Cisjordanie occupée, qu’il coordonnait à partir de la bande de Gaza.
«Nous pleurons les dirigeants et leurs femmes et un certain nombre de leurs fils qui ont été tués dans un lâche crime sioniste», écrit le Jihad islamique dans son communiqué, affirmant que «le sang des martyrs augmentera (la) détermination» du mouvement. Israël «a dédaigné toutes les initiatives des médiateurs, la résistance vengera les dirigeants» tués dans la nuit, ajoute le Jihad islamique.
Risque de représailles
Les forces de «l’occupation portent la responsabilité des conséquences de cette escalade», a déclaré à l’AFP Hazem Qassem, porte-parole du Hamas, qui gouverne la bande de Gaza. «L’ennemi paiera le prix de son crime», affirme un autre communiqué au nom du chef (en exil) du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et selon lequel «assassiner des dirigeants (de groupes palestiniens) n’apportera pas la sécurité à l’occupant, mais renforcera plutôt la résistance». Le risque de représailles est grand.
Ces frappes surviennent moins d’une semaine après l’annonce d’une trêve obtenue à la suite d’une médiation égyptienne au terme d’une nouvelle escalade de violence de moins de 48 heures entre l’armée israélienne et le Jihad islamique consécutive à la mort dans une prison israélienne d’un responsable de ce mouvement en grève de la faim pendant près de trois mois. Un Palestinien avait alors été tué par une frappe israélienne et des personnes avaient été blessées par des éclats de roquette palestinienne dans la ville israélienne de Sdérot.
Dans des communiqués distincts publiés pour chacun des responsables du Jihad islamique visés dans la nuit, l’armée israélienne affirme qu’elle «continuera d’agir pour la sécurité des civils en Israël». L’armée présente Ghannam comme «l’un des dirigeants les plus importants» du Jihad islamique, affirmant qu’il était chargé «de la coordination des transferts d’armes et d’argent entre l’organisation terroriste du Hamas» et son propre mouvement. A propos d’Al-Bahtini, l’armée écrit qu’il était «responsable des tirs de roquettes (à partir de Gaza) sur Israël» au cours des trente derniers jours. Quant à Ezzedine, elle affirme qu’«il avait récemment planifié (et dirigé) de multiples attaques contre des civils israéliens» en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et qu’il avait été condamné à 25 ans de prison en Israël pour son «implication» dans des attentats-suicides notamment dans les années 2000.
L’armée affirme également avoir visé dans la nuit «dix» centres de fabrication d’armes (dont des roquettes) ou infrastructures militaires du Jihad islamique dans la bande de Gaza.
Depuis le début de l’année, au moins 120 Palestiniens, 19 Israéliens, une Ukrainienne et un Italien ont été tués dans des violences liées au conflit israélo-palestinien, selon un décompte de l’AFP établi à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes. Ces statistiques incluent, côté palestinien, des combattants et des civils parmi lesquels des mineurs, et côté israélien, en majorité des civils parmi lesquels des mineurs, et trois membres de la minorité arabe.
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