Menu
Libération
Moyen-Orient

Frappes israéliennes sur l’Iran : le tour du monde des réactions

Les bombardements de l’Etat hébreu dans la nuit du 12 au 13 juin, notamment sur des installations nucléaires iraniennes, ont rapidement suscité une avalanche de réactions internationales, se divisant entre appels à la désescalade, soutiens à Israël ou alors à Téhéran.
Image diffusée par la télévision iranienne, ce vendredi 13 juin 2025. (-/AFP)
publié le 13 juin 2025 à 13h19

Depuis le début de l’opération israélienne «Rising Lion» contre l’Iran, lancée dans la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 juin et ciblant son programme nucléaire, des installations militaires, plusieurs hauts commandants et des scientifiques de premier plan, les réactions internationales affluent. Passage en revue des différentes prises de position.

ONU, Otan, Chine, Oman, Qatar... les médiateurs et francs partisans de la désescalade

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exhorté Israël et l’Iran à «faire preuve de la plus grande retenue». Dans un même temps, il a globalement condamné «toute escalade militaire au Moyen-Orient» et s’est dit «particulièrement préoccupé» par les frappes israéliennes.

De son côté, Mark Rutte, secrétaire général de l’Otan, a déclaré que les frappes étaient «une action unilatérale d’Israël» avant d’ajouter «qu’il est crucial pour de nombreux alliés, y compris les Etats-Unis, d’œuvrer en ce moment à la désescalade».

Oman, qui joue déjà un rôle d’arbitre reconnu entre les Etats-Unis et l’Iran dans leurs discussions sur le programme nucléaire de Téhéran, a qualifié l’attaque israélienne «d’escalade dangereuse». Le pays craint que cela ne compromette la sécurité et la stabilité de la région, mais aussi les solutions diplomatiques. Une position partagée par le Qatar, médiateur entre Israël et le Hamas. Le pays émirat a affirmé que ces frappes «entravent» les «efforts» diplomatiques dans la région.

La Chine se voit en conciliateur. Le ministre chinois des Affaires étrangères a déclaré vouloir «jouer un rôle constructif» pour apaiser la situation entre Tel-Aviv et Téhéran. Quelques minutes plus tôt, Pékin avait affirmé être «très préoccupé» et «opposé à toute violation de la souveraineté» iranienne.

Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, s’est lui aussi dit inquiet par la situation. Dans un communiqué, il a qualifié les «informations sur ces frappes» d’«inquiétantes» et «exhorte toutes les parties à faire un pas en arrière et à réduire d’urgence les tensions. L’escalade ne sert personne dans la région».

Etats-Unis, France, Allemagne... plusieurs pays de l’Otan refusent de condamner Israël

Dans un post matinal sur Truth Social, le président américain a enjoint les dirigeants iraniens à «conclure un accord» sur le nucléaire, les prévenant que la situation «ne fera qu’empirer». «Les Etats-Unis fabriquent l’équipement militaire le meilleur et le plus meurtrier au monde, de loin, et Israël en possède beaucoup, avec encore beaucoup à venir», a menacé Trump, qui souligne, au sujet «des partisans de la ligne dure iranienne» : «Ils sont tous MORTS maintenant, et la situation ne fera qu’empirer !» Le président américain fait référence à un communiqué israélien dans lequel est annoncé que la plupart des dirigeants de la force aérospatiale des Gardiens de la révolution ont été «neutralisés». La veille, Trump avait vite livré sa première réaction, affirmant auprès de la chaîne télévisée américaine Fox News que «l’Iran ne [pouvait] pas avoir la bombe nucléaire, et nous espérons revenir à la table des négociations». Et d’insister sur le fait que «les Etats-Unis étaient prêts à se défendre et à défendre Israël si l’Iran ripostait».

Le secrétaire d’Etat, Marco Rubio, a pour sa part fait savoir que les Etats-Unis n’étaient pas «impliqués dans les frappes contre l’Iran. Israël a fait savoir qu’il estimait que cette action était nécessaire à sa légitime défense». Il a également averti que «l’Iran ne doit s’en prendre ni aux intérêts ni au personnel des Etats-Unis».

La France, elle, via Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, a fait part ce vendredi matin de ses «vives préoccupations concernant le programme nucléaire iranien». Il a également tenu à «réaffirmer le droit d’Israël à se défendre contre toute attaque». Paris appelle toutefois «toutes les parties à la retenue et à éviter toute escalade susceptible de compromettre la stabilité régionale» et juge «essentiel que toutes les voies diplomatiques soient mobilisées pour désamorcer les tensions».

Même ligne côté allemand. Si le chancelier appelle les deux parties à empêcher toute escalade, il affirme également dans un communiqué qu’Israël a le droit de se défendre et que l’Iran ne doit pas se doter d’armes nucléaires. Le chancelier, qui s’est entretenu par téléphone avec Benyamin Nétanyahou dans la matinée, a déclaré que l’Allemagne se coordonnait étroitement avec ses partenaires, en particulier le Royaume-Uni, la France et les Etats-Unis.

Pakistan, Arabie Saoudite, Turquie... le Moyen-Orient derrière Téhéran

Le Pakistan, unique pays musulman à posséder l’arme nucléaire, a «fermement condamné» les frappes israéliennes et s’est dit «solidaire» de son voisin. Le ministre des Affaires étrangères, Ishaq Dar, a dénoncé sur X des attaques «sans justification» et en «violation du droit international». Les relations entre le Pakistan, majoritairement sunnite, et l’Iran, principalement chiite, ne sont pourtant pas au beau fixe. Islamabad et Téhéran s’accusent fréquemment de laisser des groupes rebelles opérer depuis leur territoire pour attaquer le voisin.

L’Arabie Saoudite, elle, évoque une attaque d’Israël contre «un pays frère». Le ministre des Affaires étrangères a exprimé «sa ferme condamnation et sa dénonciation des agressions israéliennes flagrantes» et dénoncé des frappes «qui portent atteinte à la souveraineté de l’Iran et à sa sécurité, et constituent une violation flagrante des lois et des normes internationales».

Le ministre turc des Affaires étrangères a lui aussi condamné «dans les termes les plus forts» l’opération israélienne, la qualifiant de provocation qui viole le droit international et risque de provoquer une escalade dans la région. Selon lui, l’attaque montre qu’Israël «ne veut pas que les problèmes soient résolus par des moyens diplomatiques». La Turquie l’exhorte à cesser «les actions agressives qui pourraient conduire à des conflits plus importants».

Houthis, Hamas... les groupes armés du côté de l’Iran

Les rebelles yéménites houthis, proches de l’Iran, ont reconnu le «droit complet et légitime» de Téhéran à se défendre. Les Houthis ont mené plusieurs attaques de drones et de missiles contre Israël depuis le début de la guerre à Gaza.

Le mouvement islamiste palestinien Hamas, en guerre contre Israël depuis les attaques terroristes du 7 octobre 2023, a lui aussi condamné les frappes israéliennes. Dans un communiqué, le Hamas a affirmé que «la vaste agression lancée par l’entité sioniste contre la république islamique d’Iran constitue une escalade dangereuse qui menace de faire exploser la région.»