Plus d’un million de Palestiniens, déplacés par la guerre, s’entassent à Rafah, ville du sud de Gaza bombardée ce vendredi 9 février par l’armée israélienne. La veille, Washington a mis en garde face à l’imminence d’un «désastre» à Rafah et assuré ne pas soutenir une opération «sans une planification sérieuse et crédible» concernant les civils sur place. «Je pense, comme vous savez, que la riposte à Gaza, dans la bande de Gaza, a été excessive», a déclaré le président américain Joe Biden, dans une rare critique à l’égard d’Israël.
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Signe des vives tensions au Moyen-Orient dans le sillage de la guerre, des salves de roquettes ont été lancées dans la nuit depuis le Liban vers le nord d’Israël, peu après une frappe aérienne israélienne contre un dirigeant militaire du Hezbollah libanais, et les Etats-Unis ont mené des bombardements contre les rebelles Houthis au Yémen.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui a conclu jeudi une tournée régionale visant à encourager les efforts pour obtenir une trêve, a exhorté Israël à «protéger » les civils dans ses opérations à Gaza, incluant Rafah.
«Gaza n’est plus Gaza»
Après des opérations terrestres à Gaza City, puis à Khan Younès, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ordonné de préparer une offensive sur Rafah, ville située à la frontière, fermée, avec l’Egypte. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit «alarmé» par une opération terrestre sur place. «Une telle action aggraverait de façon exponentielle l’actuel cauchemar humanitaire dont les conséquences régionales sont déjà incalculables», a-t-il écrit sur le réseau social X.
I have clearly condemned the horrific acts of Hamas.
— António Guterres (@antonioguterres) February 9, 2024
I have also clearly condemned the violations of international humanitarian law in Gaza.
Let me repeat:
We need an immediate humanitarian ceasefire.
And we need the immediate and unconditional release of all hostages.
Dans la nuit de jeudi à vendredi, des témoins ont fait état de frappes mortelles dans le centre et le sud de Gaza. Et le Croissant-Rouge palestinien s’est désolé de la mort de trois enfants dans une frappe israélienne sur Rafah. «Gaza n’est plus Gaza», a regretté auprès de l’AFP le ministre de la Culture de l’Autorité palestinienne, Atef Abou Seif, qui se trouvait à Gaza pour lancer la Journée du patrimoine palestinien lorsque la guerre entre Israël et le Hamas a éclaté. Il y est resté coincé 90 jours.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza, où le mouvement a pris le pouvoir en 2007, ont mené dans le sud d’Israël une attaque qui a entraîné la mort de plus de 1 160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Environ 250 personnes ont également été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 132 otages sont toujours détenus sur place, dont 29 seraient morts.
En représailles, Israël, qui considère le Hamas comme une organisation terroriste, tout comme les Etats-Unis et l’Union européenne, a juré de «détruire» ce groupe et a lancé une offensive qui a fait au moins 27 840 morts dans le territoire palestinien, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.