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Iran

Funérailles d’Ebrahim Raïssi : le chef d’Etat autoritaire inhumé dans sa ville natale, au dernier jour des cérémonies

Le «boucher de Téhéran», décédé dimanche dans un accident d’hélicoptère, a été enterré ce jeudi 23 mai dans sa ville natale de Machhad au nord de l’Iran, clôturant trois jours de funérailles.
Les cercueils drapés du président Ebrahim Raisi et de ses compagnons qui ont été tués dans un accident d'hélicoptère dimanche, le jeudi 23 mai 2024. (AP)
publié le 23 mai 2024 à 22h18

Le président iranien Ebrahim Raïssi, décédé dimanche 19 mai dans un accident d’hélicoptère, a été inhumé ce jeudi 23 mai dans sa ville natale de Machhad, au nord-est du pays, où des centaines de milliers de personnes lui ont rendu un dernier hommage. Cette cérémonie a clôturé trois jours de funérailles organisés dans la tradition des grands événements survenus en Iran depuis la Révolution islamique de 1979.

A Machhad, des hommes de tous âges, des femmes, la plupart portant le tchador, et des enfants ont accompagné le cercueil placé à bord d’un camion le long de l’avenue qui mène au mausolée de l’imam Reza, le principal sanctuaire chiite du pays. Beaucoup d’entre eux brandissaient des photographies du défunt et portaient des fleurs blanches, traditionnellement utilisées dans les funérailles en Iran.

Le maire de la ville, Mohammad Reza Qalandar Sharif, a affirmé que trois millions de personnes avaient participé à la procession. Aucune évaluation indépendante n’était disponible. La veille à Téhéran, une foule évaluée à plus d’un million de personnes par des médias officiels s’était rassemblée dans le centre en mémoire à Ebrahim Raïssi, en présence du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.

Elevé au rang de «martyr», Ebrahim Raïssi était surtout un président autoritaire et ultraconservateur, l’un des rouages réputé sans pitié – il était surnommé le «boucher de Téhéran» – de la répression du peuple, encore plus stricte depuis le mouvement de contestation «Femme, vie, liberté» de 2022. Pour de nombreux Iraniens, la mort du chef d’Etat est donc aussi synonyme de réjouissances, certains l’ayant même célébrée ouvertement en se rassemblant dans les rues ou en tirant des feux d’artifice dans des villes de province peu après l’annonce de son décès.

Fortes incertitudes politiques pour la présidentielle

Ebrahim Raïssi, qui présidait l’Iran depuis 2021, est mort à 63 ans dans la chute de l’hélicoptère qui l’amenait dimanche 19 mai vers Tabriz, au nord-ouest du pays, après avoir assisté à l’inauguration conjointe d’un barrage avec son homologue azerbaïdjanais, Ilham Aliev, à leur frontière commune. Sept autres personnes, parmi lesquelles le chef de la diplomatie, Hossein Amir-Abdollahian, ont été tuées dans le crash.

Une fois les cinq jours de deuil national passés, les autorités, notamment le président par intérim Mohammad Mokhber, 68 ans, se concentreront sur l’organisation de l’élection présidentielle, fixée au 28 juin. Le dépôt des candidatures à la présidentielle s’ouvrira officiellement le 30 mai et la campagne électorale débutera le 12 juin. Les incertitudes politiques sont fortes : jusqu’à présent, aucune personnalité ne s’est dégagée pour représenter le camp conservateur, actuellement au pouvoir.