Menu
Libération
Frappes

Gaza : au moins 40 personnes tuées par des raids israéliens, notamment sur des tentes de déplacés

Gaza, l'engrenagedossier
Des frappes aériennes israéliennes ont visé ce jeudi 17 avril des tentes abritant des déplacés palestiniens dans la bande de Gaza, faisant au moins 34 morts parmi lesquels des enfants, a indiqué la Défense civile locale.
Des enfants inspectent les vestiges d'un abri de tentes qui aurait été touché par une frappe israélienne à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 avril 2025. (Eyad Baba/AFP)
publié le 17 avril 2025 à 11h33
(mis à jour le 17 avril 2025 à 19h02)

Toujours plus loin dans l’horreur. Des frappes aériennes israéliennes ont visé ce jeudi 17 avril des tentes abritant des déplacés palestiniens dans la bande de Gaza, faisant au moins 40 morts parmi lesquels des enfants, a indiqué la Défense civile locale. L’armée israélienne, qui n’a pas commenté dans l’immédiat ces frappes, a intensifié ses bombardements aériens et élargi ses opérations terrestres dans la bande de Gaza assiégée, depuis qu’elle a rompu le 18 mars la trêve entamée le 19 janvier, et qu’elle a repris bombardements et assauts terrestres.

Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, estime qu’une pression militaire accrue forcera le Hamas à rendre les otages enlevés durant l’attaque menée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 en Israël. Cette attaque a déclenché la guerre dans le territoire palestinien, où Israël a lancé une offensive de représailles qui a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé la majorité des quelque 2,4 millions d’habitants et provoqué un désastre humanitaire.

«Les tentes ont explosé et pris feu»

«Au moins 16 martyrs, la plupart des femmes et des enfants, et 23 blessés dans le tir de deux missiles israéliens sur plusieurs tentes abritant des familles déplacées dans la zone d’Al-Mawassi, à Khan Younès (sud)», a déclaré ce jeudi matin à l’AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal. Un père et son enfant ont été tués dans une frappe contre une tente de déplacés près de la zone d’Al-Mawasi, a-t-il précisé. Et une frappe sur une tente de déplacés à Beit Lahia (nord) a fait sept morts, «en majorité des femmes et des enfants». A Jabalia, une frappe a touché un abri de fortune, tuant au moins sept membres d’une même famille et un raid sur une école abritant des déplacés a coûté la vie à six personnes, a ajouté la défense civile. Deux autres Palestiniens ont péri dans des tirs israéliens à Gaza-City.

Des images de l’AFP ont montré des tentes en feu dans la zone d’Al-Mawasi après les frappes et des membres de la défense civile tenant de les éteindre. Des corps sont ensuite transportés dans une ambulance, alors que des civils récupèrent à la lumière de leur téléphone portable des restes de corps dans des couvertures. «On était dans notre tente et soudain on voit une lumière rouge. Puis les tentes ont explosé et pris feu. Tout a explosé. Nous avons couru vers la mer et de là on a vu le feu se propager d’une tente à l’autre. Des enfants ont été déchiquetés ! De quelle humanité parlent-ils ?» s’est exclamée Israa Aboulrouss, une déplacée.

Israël a juré de détruire le Hamas qui a pris le pouvoir en 2007 dans la bande de Gaza, limitrophe du sud d’Israël. Il veut que le mouvement désarme et que ses combattants quittent le territoire, ce que le mouvement refuse. Cherchant à resserrer l’étau, l’armée israélienne a annoncé mercredi avoir transformé 30 % du territoire palestinien «en périmètre de sécurité» et fait état de plus de 100 «éliminations ciblées» depuis le 18 mars.

«Gaza est devenue une fosse commune pour les Palestiniens»

Malgré les condamnations de nombreux pays et organisations, Israël maintient en outre l’interdiction de l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza qu’il assiège depuis le début de la guerre. Parallèlement, le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l’Union européenne, a dit examiner une proposition israélienne de trêve, transmise par le médiateur égyptien. Les discussions au sein du mouvement sur la réponse à donner devraient se conclure bientôt «peut-être même dans la journée», ont-ils dit.

Mercredi, le bureau du Premier ministre israélien a affirmé que Benyamin Nétanyahou avait tenu «une réunion d’évaluation sur la question des otages avec l’équipe de négociation et les hauts responsables de l’appareil sécuritaire». «Il a donné des instructions pour poursuivre les démarches visant à faire avancer la libération de nos otages», selon son bureau. L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1 218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes, selon l’armée israélienne.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 1.691 Palestiniens ont été tués depuis le 18 mars, portant à 51.065 le nombre de morts à Gaza depuis le début de l’offensive de représailles israélienne il y a 18 mois. «Gaza est devenue une fosse commune pour les Palestiniens et ceux qui leur viennent en aide», a dénoncé mercredi l’ONG Médecins sans frontières. «Nous assistons en temps réel à la destruction et au déplacement forcé de toute la population de Gaza», déclarait Amande Bazerolle, coordinatrice d’urgence de MSF à Gaza, qui estime que la réponse humanitaire est «gravement entravée par l’insécurité constante et les pénuries critiques». Les Gazaouis survivent aujourd’hui avec les stocks accumulés lors de la dernière trêve, mais ceux-ci s’amenuisent. Le mouvement islamiste palestinien Hamas a accusé jeudi Israël, qui bloque depuis le 2 mars l’entrée d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, d’utiliser «la famine comme arme».

Mise à jour à 18h55 avec le bilan actualisé