Les frappes menées sur Gaza mardi par Israël, en riposte à des tirs qui ont tué un soldat la veille, ont fait «au moins 101 morts […], dont 35 enfants, plusieurs femmes et personnes âgées», a déclaré ce mercredi 29 octobre Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile, une organisation de secours opérant sous l’autorité du Hamas. Des sources dans cinq hôpitaux du territoire palestinien, qui ont reçu les victimes, ont confirmé le chiffre. Pour l’ONU, le bilan de ces frappes est «épouvantable».
Il s’agit d’«une violation claire et flagrante de l’accord de cessez-le-feu», avait dénoncé un peu plus tôt dans la matinée Mahmoud Bassal, déplorant une situation «catastrophique et terrifiante» dans l’enclave palestinienne. Dans la matinée, Israël a finalement annoncé avoir repris le cessez-le-feu. Avant de frapper dans l’après-midi un dépôt d’armes dans le nord de la bande de Gaza.
Le ministre de la Défense, Israël Katz, a averti que les dirigeants du Hamas ne bénéficieront pas d’immunité. «Il n’y a et il n’y aura aucune immunité pour quiconque dans la direction de l’organisation terroriste Hamas – ni pour ceux en costume ni pour ceux cachés dans les tunnels», a déclaré le ministre dans un communiqué, faisant référence notamment aux dirigeants politiques du mouvement islamiste palestinien présents au Qatar. Et d’ajouter : «Quiconque lèvera la main contre les soldats de Tsahal verra sa main tranchée.»
Démenti du Hamas
Informé de ces frappes, Donald Trump a assuré ce mercredi qu’elles ne mettaient pas en péril le cessez-le-feu et qu’Israël se devait de riposter à l’attaque d’un de ses soldats. «Ils ont tué un soldat israélien. Donc les Israéliens ripostent. Et ils devraient riposter», a déclaré le président américain à bord de son avion Air Force One, assurant aux journalistes que «rien» ne compromettra selon lui le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
L’armée israélienne a ensuite confirmé qu’un de ses soldats, Yona Efraim Feldbaum, 37 ans, avait été tué mardi dans la bande de Gaza. «La paix du président [Donald Trump] va tenir» à Gaza, avait affirmé pour sa part mardi le vice-président américain JD Vance. Le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a démenti dans un communiqué avoir attaqué les troupes israéliennes, assurant qu’il «[réaffirmait] son engagement envers l’accord de cessez-le-feu». Selon un bilan du ministère de la Santé du Hamas avant les nouvelles frappes, au moins 94 Palestiniens ont été tués dans des bombardements israéliens depuis le 10 octobre.
Accusations
Plus tôt, le Hamas avait accusé Israël de «violations» et annoncé le report de la remise, initialement prévue mardi soir, d’une nouvelle dépouille d’otage. En vertu de la première phase de l’accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré au 13 octobre l’ensemble des 20 otages vivants qu’il retenait à Gaza. Il devait aussi rendre à cette date les 28 corps des captifs mais il n’en a restitué que 15 jusque-là. Le mouvement assure que les localiser est «complexe et difficile» dans un territoire ravagé. Mardi, il a annoncé avoir retrouvé au total deux corps d’otages, selon un communiqué de sa branche armée sur Telegram, qui ne précise pas quand il va les rendre.
Le même jour, le gouvernement israélien a également accusé le Hamas d’avoir mis en scène la découverte supposée d’un corps d’otage, diffusant des images pour étayer ses dires. L’AFP n’était pas en mesure d’en authentifier la date ni le lieu de tournage.
«J’ai très peur que la guerre reprenne»
Les corps d’otages sont retenus à Gaza depuis l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, qui avait lancé en riposte une offensive dévastatrice dans le territoire palestinien. Le Forum des familles, principale association israélienne militant pour le retour des otages, a appelé le gouvernement de Benyamin Nétanyahou à «agir de manière décisive» contre le Hamas pour ses «violations» de l’accord.
Dans la bande de Gaza assiégée par Israël et en proie à un désastre humanitaire, la peur d’un retour de la guerre hante toujours les habitants, épuisés, luttant sans cesse pour s’approvisionner en eau et en nourriture. «La question des (otages) doit être réglée afin qu’Israël ne s’en serve pas comme une excuse pour reprendre la guerre», a dit Abdelhay al-Hajj Ahmed, 60 ans, à Jabalia (nord). «J’ai très peur que la guerre reprenne.»
Mise à jour à 17 h 55 avec l’ajout d’une déclaration de l’ONU et d’une frappe israélienne sur un dépôt d’armes.