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Libération
Désescalade

Gaza : Israël dit que la date de réouverture du passage de Rafah sera annoncée «ultérieurement»

Après l’adoption du plan de paix de Trump et le retour des otages lundi 13 octobre, le gouvernement israélien étudie la mesure réclamée par l’ONU et les ONG. Mais ne pourrait laisser passer que les «personnes uniquement», et pas les camions transportant les vivres.

Des camions transportant de l'aide humanitaire du côté égyptien du point de passage de Rafah, mardi 14 octobre 2025. (Photo/REUTERS)
Publié le 15/10/2025 à 11h04, mis à jour le 16/10/2025 à 9h53

C’est le seul contact entre Gaza et un pays autre qu’Israël. Le point de passage de Rafah, à la frontière avec l’Egypte, est au cœur de nombreuses attentions ces dernières heures. Alors que la presse israélienne évoquaient sa réouverture mercredi, le Cogat, l’organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, a déclaré ce jeudi 16 octobre que la date sera annoncée «ultérieurement». Cela se fera «une fois que la partie israélienne, en collaboration avec la partie égyptienne, aura achevé les préparatifs nécessaires à l’ouverture du point de passage». En outre, il sera ouvert pour la «circulation des personnes uniquement».

Ce passage, selon l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, devrait permettre l’acheminement d’un plus grand volume d’aide internationale à la bande de Gaza. Mercredi, la radiotélévision publique israélienne KAN parlait de l’entrée de «600 camions d’aide humanitaire» dans l’enclave palestinienne dans la journée, par l’intermédiaire de «l’ONU, des organisations internationales agréées, du secteur privé et des pays donateurs». Cela représenterait l’entrée du même nombre de camions qu’avant la guerre, et celui atteint aussi lors de la trêve de l’hiver 2025.

«Israël doit ouvrir "immédiatement" les accès de la bande de Gaza à l’aide humanitaire», a pressé ce mercredi le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Tom Fletcher, dans un entretien à l’AFP. «Nous voulons que cela se fasse maintenant, dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas palestinien», a poursuivi le responsable, qui doit se rendre jeudi au poste de Rafah, du côté égyptien de la frontière avec l’enclave palestinienne.

Selon le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Israël a permis ces derniers jours l’entrée d’aide humanitaire et médicale, notamment de gaz de cuisine, pour la première fois depuis mars, ainsi que des tentes supplémentaires pour les déplacés, des fruits frais, de la viande congelée, de la farine ou des médicaments.

Cette possible accélération est saluée par les ONG de solidarité, qui précisent toutefois que ces quantités seraient insuffisantes au vu des besoins dans le territoire palestinien ravagé, deux ans après le début de la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent du Hamas sur Israël. Fin août, les Nations unies ont déclaré une famine dans plusieurs zones du petit territoire, ce que conteste Israël.

L’aide conditionnée aux otages ?

Le gouvernement du Premier ministre Benyamin Nétanyahou pourrait néanmoins décider de conditionner l’acheminement de l’aide humanitaire au processus de rapatriement des dépouilles d’otages par le Hamas, prévu par l’accord de cessez-le-feu parrainé par le président américain Donald Trump, entré en vigueur le 10 octobre.

Après le retour de vingt otages encore vivants lundi matin, le gouvernement israélien attend toujours la remise du corps des otages morts durant la guerre. Pour le moment, le Hamas n’a remis que 9 dépouilles de captifs sur les 28 retenues à Gaza : quatre lundi soir, trois mardi et deux mercredi.

Le Hamas a assuré mercredi tôt avoir remis à Israël toutes les dépouilles d’otages auxquelles il avait pu accéder. En réponse, le ministre de la Défense Israël Katz a affirmé que son pays reprendrait les combats dans la bande de Gaza si le Hamas ne respectait pas l’accord de cessez-le-feu, estimant que celui-ci n’avait pas rendu toutes les dépouilles d’otages.

Accusant le Hamas de jouer la montre et de retarder le processus de restitution des dépouilles, Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité intérieure d’extrême droite, avait appelé mardi Benyamin Nétanyahou à couper totalement l’aide humanitaire à destination de Gaza.

De son côté, Donald Trump a aussi exhorté le Hamas à restituer les dépouilles, une étape qu’il juge nécessaire pour passer à la prochaine phase de son plan, prévoyant notamment le désarmement du Hamas et son exclusion de la gouvernance du territoire palestinien. Il a aussi prévenu que Washington désarmerait le mouvement palestinien s’il ne le faisait pas lui-même.

Au cinquième jour du cessez-le-feu, la Défense civile de l’enclave palestinienne annoncé la mort de six personnes dans des tirs israéliens mardi. L’armée israélienne a dit avoir ouvert le feu sur «des suspects» s’approchant de ses forces. Le plan Trump prévoit notamment le retrait progressif déjà amorcé de l’armée israélienne, qui garde le contrôle de 53 % du territoire palestinien, ainsi qu’«une amnistie» pour «les membres du Hamas qui s’engagent à respecter une coexistence pacifique et qui rendront leurs armes». Pour les autres, le plan prévoit l’exil.

Mise à jour ce jeudi 16 octobre à 9 h 53, avec l’ajout de la déclaration du Cogat israélien.