Après quasiment seize mois de captivité dans la bande de Gaza, trois nouveaux otages israéliens et cinq Thaïlandais ont été libérés ce jeudi 30 janvier. En échange, conformément à l’accord de trêve entre Israël et le Hamas, 110 prisonniers ont été relâchés de la prison d’Ofer, en Cisjordanie occupée. Mais la libération des otages s’est déroulée au milieu de scènes de chaos. Ce pourquoi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réclamé «une amélioration» de la sécurité et de la dignité lors de ces opérations.
Les conditions dans lesquelles les captifs ont été libérés «soulignent l’importance pour toutes les parties de respecter leurs accords et de veiller à ce que les opérations se déroulent de manière sûre et digne», écrit Mirjana Spoljaric dans un communiqué, saluant le rôle de ses équipes dans ces transferts. Le CICR – qui prône une neutralité absolue dans laquelle il puise son efficacité sur des terrains dangereux – a facilité le transfert des huit otages ainsi que celui des prisonniers palestiniens ce jeudi comme tous les transferts qui ont précédé.
Avant chaque transfert, le CICR insiste auprès des parties sur «l’importance de garantir la sécurité de toutes les personnes concernées, en particulier celles qui sont libérées». «Le CICR ne contrôle ni le moment de la libération, ni le lieu, ni l’environnement. Les détails et la logistique sont déterminés par les parties elles-mêmes», souligne l’organisation basée à Genève.
La première otage relâchée était la soldate israélienne Agam Berger, 20 ans, remise dans la matinée par le Hamas à la Croix-Rouge à Jabalia, dans le nord de l’enclave palestinienne. Elle a été récupérée par l’armée israélienne puis conduite à l’hôpital, selon un communiqué. Puis, à la mi-journée, Israël a déclaré que deux autres otages israéliens – Arbel Yehud et Gadi Mozes – et cinq thaïlandais ont été pris en charge par le CICR, avant d’être récupérés par l’armée israélienne. La première est une civile de 29 ans, le second est âgé de 80 : ces Germano-Israéliens ont été enlevés au kibboutz Nir Oz dans le sud d’Israël. Les autres otages relâchés sont Thenna Pongsak, Sathian Suwannakhan, Sriaoun Watchara, Seathao Bannawat, Rumnao Surasak : ils «seront accueillis par des représentants du gouvernement thaïlandais» sur le territoire d’Israël, a précisé l’armée. En fin d’après-midi, les otages israéliens ont été conduits à l’hôpital.
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Mais leur libération s’est déroulée au milieu d’une foule bruyante et survoltée. D’après les images diffusées par des médias israéliens, les otages auraient été contraints de marcher plusieurs dizaines de mètres, encadrés par des hommes armés au milieu d’une foule hostile. C’est en s’appuyant sur ce chaos que le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, avait un temps suspendu la libération des détenus palestiniens : il dénonçait les «scènes choquantes» lors de la libération à Khan Younès des deux otages civiles. «Je vois avec effroi les scènes choquantes de la libération de nos otages. C’est une preuve supplémentaire de la cruauté inimaginable de l’organisation terroriste Hamas», a-t-il déclaré dans un communiqué.
Il a finalement dit avoir reçu la «garantie» que les prochaines libérations d’otages captifs à Gaza se feraient «en toute sécurité» pour les personnes relâchées. De quoi lever la suspension de la libération de 110 prisonniers palestiniens. Ainsi deux bus affrétés par la Croix-Rouge transportant des dizaines de Palestiniens ont quitté la prison israélienne d’Ofer, en Cisjordanie occupée, aux alentours de 16 heures. Les deux véhicules étaient précédés d’un blindé léger israélien.
Un peu plus tôt ce jeudi matin, le Jihad islamique palestinien avait diffusé une vidéo montrant deux des otages israéliens devant être libérés dans la matinée dans la bande de Gaza, dans le cadre d’un nouvel échange avec des Palestiniens détenus par Israël, à la faveur du fragile cessez-le-feu devant mettre fin à 15 mois de guerre.
On y voit Gadi Mozes, Israélo-Allemand de 80 ans, et Arbel Yehud, Israélienne de 29 ans, se donnant une accolade et souriant. Selon une source au sein du Jihad islamique, tous deux doivent être remis à la Croix-Rouge dans la matinée par les Brigades al-Quds, branche militaire du mouvement, à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
Eprouvée
Par ailleurs, le Jihad islamique diffusait déjà lundi soir une vidéo de l’otage israélienne Arbel Yehud. Dans une vidéo d’une minute, la jeune femme apparaît manifestement très éprouvée, vêtue d’un sweat-shirt à capuche bleu marine, sur un fond vert. Elle décline son identité, la date du samedi 25 janvier et demande au Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou de tout faire pour libérer les otages encore retenus à Gaza.
Un quatrième échange est prévu samedi, avec la libération de trois otages, selon le calendrier annoncé mercredi 29 janvier par Israël.
Mise à jour : à 14h18, avec l’ajout de la déclaration de Benyamin Nétanyahou, à 15h30 avec les garanties autour du déroulement des prochaines libérations, à 20 h 30 avec les déclarations de la Croix-Rouge.