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Libération
Guerre avec le Hamas

Gaza : l’armée israélienne intensifie son pilonnage et son offensive, au lendemain de la fin de la trêve

Guerre au Proche-Orientdossier
Chars, artillerie et avions de l’Etat hébreu multiplient les frappes sur l’ensemble de la bande de Gaza ce samedi 2 décembre, ayant atteint «plus de 400 cibles» en deux jours. Le Hamas fait état de 240 morts et 650 blessés depuis vendredi.
Un panache de fumée s'élevait du sud de la bande de Gaza après un bombardement israélien, vendredi 1er décembre 2023. (Saïd Khatib/AFP)
publié le 2 décembre 2023 à 11h06

Les combats ont repris férocement. L’armée israélienne bombarde ce samedi 2 décembre la bande de Gaza pour la deuxième journée consécutive depuis l’expiration de la trêve. «Nous frappons actuellement des cibles militaires du Hamas à travers l’ensemble de la bande de Gaza», a déclaré tôt samedi Jonathan Conricus, un porte-parole de l’armée israélienne, qui a précisé avoir atteint «plus de 400 cibles» depuis vendredi dans le petit territoire.

Dans un long communiqué ce samedi matin, les forces de l’Etat hébreu ont développé leurs actions militaires : des frappes avec ses «avions de combat» sur «plus de 50 cibles dans la région de Khan Younès», des «tirs de chars et frappes aériennes» sur «les terroristes et les infrastructures du Hamas dans la région de Beit Lahia», ainsi que des tirs d’artillerie vers le «nord de la bande de Gaza». Ces opérations auraient pris pour cible notamment des «cellules terroristes», une «mosquée utilisée par le Jihad islamique comme centre de commandement opérationnel», un «complexe de stockage d’armes», et des «infrastructures et des équipements utilisés par les forces navales du Hamas» dans le sud de l’enclave.

Le ministère de la Santé du Hamas, mouvement au pouvoir dans ce territoire palestinien assiégé, a fait état de plus de 240 morts et 650 blessés dans ces frappes israéliennes depuis la fin de la trêve vendredi matin. Des chiffres toujours invérifiables. Selon l’agence palestinienne Wafa, les forces israéliennes ont également mené des opérations nocturnes dans différents secteurs de la Cisjordanie occupée, où le Hamas compte aussi des soutiens.

A la frontière nord d’Israël, les échanges de tirs ont aussi repris entre l’armée israélienne et le mouvement libanais Hezbollah, un allié du Hamas. Le Hezbollah, qui a revendiqué des attaques contre Israël, a déploré la mort de deux de ses membres dans des bombardements israéliens dans le sud du Liban, où un civil a également été tué.

L’aviation israélienne a également mené des frappes aériennes samedi près de la capitale syrienne Damas, selon le ministère syrien de la Défense. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, a affirmé que deux combattants pro-Hezbollah ont été tués dans ces frappes contre des «sites» du mouvement libanais.

Renvoi de responsabilité dans la fin de la trêve

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dit «regretter profondément» la reprise des affrontements à Gaza qui ne «fait que montrer combien il est important d’avoir un véritable cessez-le-feu humanitaire».

Israël et le Hamas se renvoient la responsabilité de la fin de la trêve, qui a permis la libération d’une centaine d’otages en échange de celle de 240 prisonniers palestiniens ainsi que l’accélération de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Le Hamas a dit avoir «proposé un échange de prisonniers et de personnes âgées» parmi les otages, ainsi que la remise à Israël des corps de captifs «morts dans les bombardements israéliens». L’armée israélienne a d’ailleurs confirmé tard vendredi la mort de cinq otages dans la bande de Gaza, en donnant leurs noms, ajoutant avoir «informé les familles de leur décès». Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a, lui, accusé le mouvement islamiste d’avoir «violé l’accord» et «tiré des roquettes» vers Israël. Et son gouvernement a promis au Hamas «la pire des raclées».

Le Qatar, émirat qui avait annoncé la trêve, a appelé la communauté internationale à agir car la reprise des bombardements «exacerbe la catastrophe humanitaire» à Gaza. «Si les violences reprennent à cette ampleur et cette intensité, nous pouvons supposer que des centaines d’enfants de plus seront tués et blessés chaque jour», a alerté la directrice exécutive de l’Unicef, Catherine Russell. Plus de 6 000 Palestiniens de moins de 18 ans seraient morts dans l’enclave selon le Hamas depuis le début de la guerre, le 7 octobre. Au total, le mouvement palestinien fait état d’environ 15 000 victimes. L’attaque surprise du Hamas avait fait 1 200 morts, en majorité des civils.

Après la libération de 110 otages depuis le début du conflit, dont 105 pendant la trêve, en majorité des femmes et des mineurs, il reste 136 otages à Gaza aux mains du Hamas et d’autres groupes affiliés, ont indiqué les autorités israéliennes.

Au lendemain d’une visite en Israël, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a dit que les Etats-Unis, principaux alliés d’Israël, restaient «focalisés» sur la libération des otages. «Nous continuons de travailler avec Israël, l’Egypte et le Qatar afin de remettre la trêve sur les rails», a déclaré le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.

L’aide humanitaire bloquée à Rafah

La trêve avait offert un répit aux habitants de Gaza et permis une accélération de l’aide humanitaire, mais ce flot, pourtant qualifié de très insuffisant par l’ONU, s’est désormais tari. Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé dans la nuit de vendredi à samedi qu’Israël avait «informé toutes les ONG et agences» ayant envoyé de l’aide au terminal égyptien de Rafah, point de passage avec Gaza, que «l’entrée de camions d’aide était suspendue jusqu’à nouvel ordre». Dans le Sinaï égyptien, l’aide s’entasse mais aucun camion n’est entré depuis la fin de la trêve vendredi matin, ont confirmé des responsables des deux côtés du poste-frontière.

Les besoins sont pourtant immenses dans le territoire déjà soumis à un blocus israélien, où plus de la moitié des logements du territoire ont été endommagés ou détruits et 1,7 million de personnes ont été déplacées par la guerre d’après l’ONU.