La cinquième fut la bonne. En octobre, le Conseil de sécurité de l’ONU, paralysé par ses divisions et les vétos russes, chinois et américains, avait rejeté coup sur coup quatre projets de résolution sur la guerre entre le Hamas et Israël. Ce mercredi 16 novembre, l’instance onusienne s’est finalement mise d’accord, appelant à mettre en place «des pauses et couloirs humanitaires étendus et urgents pendant un nombre de jours suffisants» dans la bande de Gaza pour permettre d’apporter une aide humanitaire aux civils. Il s’agit de la première résolution sur le conflit israélo-palestinien adoptée par l’organe exécutif des Nations unies depuis le 7 octobre, et plus largement depuis fin 2016.
Le texte, préparé par Malte et reprenant la terminologie déjà utilisée par le Conseil européen et les Etats-Unis, a recueilli 12 voix pour et 3 abstentions, celles du Royaume-Uni, de la Russie, mais aussi des Etats-Unis. En cause, la résolution ne condamne pas l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre, qui a fait environ 1 200 morts d’après l’Etat hébreu. Son vote intervient au moment où l’armée israélienne poursuit ses opérations militaires dans l’hôpital Al-Shifa, considéré par Tsahal comme le quartier général du Hamas.
Reportage
Combien de temps faut-il pour venir en aide à une population gazaouie en détresse, victime de bombardements israéliens intensifs ? «Il faut que ce soit suffisamment long pour nous permettre de mobiliser les ressources – une fois que nous aurons assez de carburant – pour apporter à la population ce dont elle a besoin», a commenté mercredi Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU.
La formulation, imprécise, est bien loin de la proposition initiale d’une pause de cinq jours consécutifs dans les vingt-quatre heures suivant l’adoption de la résolution. Des tâtonnements qui sont le symptôme des divisions au sein des Etats membres ; si ces résolutions sont contraignantes, certains pays ne s’empêchent pas de les ignorer.
Pas de condamnation du Hamas
Face aux dissensions, la résolution s’est donc concentrée sur la situation des enfants pour éviter un nouveau revers. Elle «exige» ainsi «que toutes les parties respectent leurs obligations en vertu du droit international, surtout concernant la protection des civils, en particulier des enfants». Elle «appelle» également à la «libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages détenus par le Hamas et d’autres groupes, en particulier les enfants», sans condamner, donc, l’attaque sanglante du 7 octobre contre Israël.
De quoi faire réagir les Etats-Unis. «Je suis horrifiée par le fait que quelques membres de ce Conseil ne veulent pas se résoudre à condamner ces attaques barbares», a ainsi dénoncé l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield. Le ministère israélien des Affaires étrangères a lui aussi réclamé une «condamnation sans équivoque du Hamas», tout en assurant qu’il n’y aurait «pas de place pour des pauses humanitaires prolongées» tant que les otages ne seraient pas libérés.
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Après des semaines supplémentaires de négociations difficiles autour des mots «cessez-le-feu» – rejeté par les Etats-Unis –, «trêve» ou «pause», le Conseil a donc trouvé un compromis en se concentrant sur la situation humanitaire. Un «minimum» qui représente malgré tout «un premier pas vers un cessez-le-feu», a estimé l’ambassadeur chinois Zhang Jun.
Le Conseil «a finalement agi» mais il «aurait dû appeler à un cessez-le-feu il y a longtemps. Il aurait dû appeler à un cessez-le-feu maintenant», a déploré l’ambassadeur palestinien Riyad Mansour. Un amendement présenté par la Russie, qui demandait comme l’Assemblée générale une «trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, menant à la cessation des hostilités», a été rejeté. Et l’ambassadeur russe, Vassili Nebenzia, dont le pays est en guerre avec l’Ukraine, de tacler non sans cynisme : «C’est une honte que le Conseil qui a des outils puissants et uniques à sa disposition […] ne soit parvenu qu’à un appel si faible.»
Selon les derniers chiffres du Hamas, qui ne peuvent être vérifiés, 11 500 Palestiniens ont été tués dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis le début de la guerre, le 7 octobre. Parmi les morts recensés à ce jour figureraient 4 710 enfants, toujours selon les données avancées par le mouvement islamiste palestinien. Côté israélien, environ 1 200 personnes ont été tuées, essentiellement des civils massacrés le 7 octobre.