La réponse du Hamas au plan de paix de Trump est arrivée vendredi soir au compte-goutte. Le mouvement islamiste a d’abord annoncé accepter de libérer tous les otages israéliens, vivants ou morts, selon les termes de la proposition du président américain Donald Trump pour Gaza, et être prêt à entamer immédiatement des négociations sous l’égide de médiateurs pour discuter des «détails» de la mise en œuvre de ces libérations.
Quelques heures plus tard, et notamment après la réaction positive du président Trump, le Hamas est allé plus loin en affirmant à l’AFP «être prêt à des négociations immédiates en vue de la fin de la guerre».
Décryptage
La soirée a donc débuté par un communiqué du Hamas annonçant «son accord pour la libération de tous les prisonniers de l’occupation - les vivants et les dépouilles - selon la formule d’échange incluse dans la proposition du président Trump», en référence aux prisonniers palestiniens devant être libérés en échange des otages retenus à Gaza. Il a ajouté être prêt à des négociations immédiates pour discuter des «détails» de la libération des otages. Plus tôt dans la journée, Donald Trump avait posé un ultimatum au Hamas en lui intimant de donner sa réponse avant dimanche soir.
Le président américain n’a pas perdu de temps. Un peu plus d’une heure après l’annonce du Hamas, Donald Trump a estimé, dans un post publié sur son réseau Truth Social, que le Hamas était «prêt à une paix durable». «Vu le communiqué tout juste publié par le Hamas, je pense qu’ils sont prêts à une PAIX durable», a écrit le Président, qui n’a jamais caché son souhait d’obtenir le Prix Nobel de la Paix, dont le lauréat 2025 sera désigné vendredi 10 octobre à Oslo.
«Israël doit cesser immédiatement de bombarder Gaza, afin que nous puissions récupérer les otages rapidement et en sécurité ! A l’heure actuelle, c’est bien trop dangereux», a ajouté Donald Trump. Allié inconditionnel d’Israël, le président ultraconservateur a semblé perdre un peu patience ces dernières semaines et presser Nétanyahou d’accepter de mettre fin au conflit engagé initialement en représailles à l’attaque terroriste du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Les frappes israéliennes sur Gaza ont tué plus de 66 000 Palestiniens en deux ans, alors que les habitants de l’enclave souffrent de famine en raison du manque d’aide humanitaire.
«Nous sommes d’ores et déjà en train de discuter des détails à régler. Il ne s’agit pas seulement de Gaza, il s’agit d’une PAIX recherchée depuis longtemps au Moyen-Orient», a ajouté Trump. Le Hamas a alors réagi aux déclarations de Donald Trump en jugeant «encourageantes» ses déclarations demandant à Israël de cesser les bombardements sur Gaza et un porte-parole du mouvement a même indiqué à l’AFP que le Hamas était désormais «prêt à des négociations immédiates en vue de la fin de la guerre».
«Irréaliste et théorique»
Le bureau du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a réagi dans la nuit en affirmant dans un communiqué être prêt à «l’application immédiate» de la phase de libération des otages. «Nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec le Président et son équipe pour mettre fin à la guerre en accord avec les principes posés par Israël, qui correspondent à la vision de Trump sur la fin de la guerre», a précisé le communiqué, sans pour autant mentionner la fin des bombardements réclamés par Donald Trump.
Sur 251 personnes enlevées lors de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, il reste aujourd’hui 47 otages israéliens dans la bande de Gaza, dont au moins 25 sont morts selon l’armée israélienne. Un membre de l’équipe des négociateurs du Hamas a précisé à la chaîne de télévision qatarie que rendre les otages sous 72 heures, ce qui était proposé dans le plan présenté par le président américain, est «irréaliste et théorique».
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Le mouvement palestinien a par ailleurs réaffirmé son accord pour confier la gestion de la bande de Gaza à une instance palestinienne composée de «technocrates» indépendants, précisant que les autres questions concernant l’avenir du territoire devraient être discutées dans un cadre palestinien «auquel le Hamas participera et contribuera de manière responsable». Mousa Abu Marzouk, membre du Hamas, a affirmé à Al Jazeera que «le Hamas ne désarmera pas avant la fin de l’occupation d’Israël à Gaza».
Le plan de Trump, présenté vendredi dernier à la Maison Blanche, lors d’une conférence de presse commune avec le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, proposait la gestion initiale de l’enclave par «un nouvel organe international de transition» baptisé «Comité de la paix» et présidé par Donald Trump lui-même, disposition sur laquelle le communiqué du Hamas ne dit rien.
Peu après la première réponse du Hamas, un haut responsable du mouvement, Mahmoud Mardawi, avait déclaré à l’AFP que «la proposition américaine (était) vague (et) ambiguë», et nécessitait par conséquent «des négociations par l’intermédiaire des médiateurs».
Le gouvernement égyptien, qui joue un rôle de médiateur, s’est de son côté félicité de la réponse du Hamas. En Israël, Yaïr Lapid, le chef du principal parti centriste d’opposition, Yesh Atid, s’est dit prêt à soutenir Benyamin Nétanyahou pour conclure un accord de paix, si les alliés d’extrême-droite du Premier ministre qui soutiennent son gouvernement lui retiraient leur soutien. «Le Président Trump a raison, il existe une véritable opportunité pour libérer les otages et mettre fin à la guerre. Israël devrait annoncer qu’elle rejoint les discussions pour finaliser les détails de l’accord. J’ai prévenu l’administration américaine que Nétanyahou dispose d’un soutien politique dans son pays pour poursuivre ce processus», a-t-il posté sur les réseaux sociaux.
Le président français Emmanuel Macron a posté sur le réseau social X un message affirmant que «la libération de tous les otages détenus et le cessez-le-feu à Gaza sont à portée de main ! L’engagement du Hamas doit être suivi d’effet sans plus tarder».
Le plan du président Trump, soutenu par le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou et par plusieurs pays arabes, prévoit un cessez-le-feu, la libération dans les 72 heures des otages retenus dans la bande de Gaza, le désarmement du Hamas ainsi que le retrait par étapes de l’armée israélienne.
Il prévoit également le déploiement d’une force internationale.
Mis à jour le 04/10/2025 à 08h56 avec réaction du gouvernement israélien