«Nous ne sommes plus seuls. C’est une bouffée d’oxygène pour l’équipe de collègues restée à Gaza», a réagi par message auprès de Libération l’archéologue René Elter après l’inscription, annoncée ce vendredi 26 juillet par l’Unesco, du monastère de Saint-Hilarion de la bande de Gaza au patrimoine mondial en péril de l’organisation onusienne. «La communauté internationale nous suit et nous soutient et nous soutiendra. Là est l’intérêt de cette inscription. Le site et l’équipe de terrain prennent une autre dimension», a commenté l’archéologue, directeur du programme scientifique et de préservation du site.
Reportage
«Cette décision vient reconnaître à la fois la valeur universelle exceptionnelle de ce site et le devoir de le protéger face aux dangers imminents», explique l’Unesco dans un communiqué. «Compte tenu des menaces imminentes qui pèsent sur ce patrimoine dans le contexte du conflit en cours dans la bande de Gaza, le Comité du patrimoine mondial a eu recours à la procédure d’urgence prévue dans les procédures de la Convention du patrimoine mondial», précise l’organisation.
Cette inscription a plusieurs avantages : «Elle permet d’alerter la communauté internationale sur les menaces qui pèsent sur le site et engage l’Etat partie à mettre en place un plan d’action renforcé pour le protéger. Elle ouvre aussi droit à un soutien technique et financier, avec des fonds internationaux comme le Fonds d’urgence pour le patrimoine mondial, pour aider à mettre en œuvre les mesures de conservation», détaille un expert de l’Unesco à Libération.
«Le seul recours pour protéger le site contre une destruction»
Situés sur les dunes côtières de la ville de Nousseirat, les vestiges du monastère de Saint-Hilarion-Tell Umm Amer constitue l’un des sites monastiques les plus anciens du Moyen-Orient, datant du IVe siècle, d’après l’Unesco. Première communauté monastique en terre sainte, fondée par saint Hilarion, elle permit la diffusion des pratiques monastiques dans la région, illustrant la prospérité des centres monastiques désertiques de la période byzantine, selon l’organisation.
«La demande [vient] de la Palestine» pour qui «c’est le seul recours pour protéger le site contre une destruction dans le contexte actuel», a expliqué à l’AFP Lazare Eloundou, le directeur du Patrimoine mondial. Elle a été adoptée «par consensus» par le Comité du patrimoine mondial, «ce qui n’avait rien d’évident au vu du contexte actuel», a rapporté un diplomate onusien.
Analyse
La Palestine a été admise comme membre à part entière de l’Unesco en 2011, ce qui avait provoqué dans un premier temps la suspension des contributions des Etats-Unis, qui avaient ensuite quitté l’organisation en 2017, sous la présidence du républicain Donald Trump, suivis par Israël. Le département d’Etat américain avait alors justifié sa décision par les «partis pris anti-israéliens persistants» de l’Unesco.
En juin 2023, Washington avait toutefois officiellement demandé à réintégrer l’Unesco, sous l’égide de Joe Biden. Israël n’est quant à lui pas revenu au sein de l’organisation.