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Libération
Guerre Hamas-Israël

Gaza : le monde arabe indigné par les frappes israéliennes contre le camp de réfugiés de Jabalia

Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées, selon les autorités palestiniennes, lors de frappes israéliennes contre le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, mardi et mercredi.
Après la frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Jabalia, dans la bande de Gaza, ce mercredi 1er novembre. (Mohammed Al-Masri/Reuters)
publié le 1er novembre 2023 à 16h28

En Cisjordanie, ce mercredi 1er novembre était une journée de «colère» et de grève générale, décrétée par le Fatah, à la tête de l’Autorité palestinienne dans le territoire occupé. Dans la ville touristique de Naplouse, magasins, écoles et transports publics sont restés fermés, en signe de solidarité avec les victimes des bombardements israéliens dans la bande de Gaza. La veille, Tsahal, l’armée israélienne, avait visé le plus grand camp de réfugiés de l’enclave palestinienne, situé à Jabalia, dans le nord du territoire administré par le Hamas. Surpeuplé, le site abrite 116 000 personnes enregistrées auprès des Nations unies dans une zone vaste d’à peine 1,4 kilomètre carré, ainsi que 26 écoles et 2 centres de santé – autant d’éléments qui favorisent le risque qu’une frappe aérienne coûte la vie à des civils.

Mercredi, pendant que des dizaines de blessés étaient enfin évacués par le point de passage de Rafah pour être hospitalisés en Egypte, quelques kilomètres plus au sud, le camp de réfugié a de nouveau été bombardé, provoquant d’énormes destructions. Sur une vidéo tournée par la chaîne qatarie Al-Jazeera, on pouvait voir des habitants hébétés, cherchant leurs proches parmi les débris qui s’amoncelaient dans le cratère creusé par une frappe. Le Hamas a déploré la mort de «familles entières», c’est-à-dire de «dizaines de personnes», dans cette nouvelle attaque.

«Les combats sont entrés dans une phase encore plus terrifiante»

Selon le ministère de la Santé palestinien, contrôlé par le Hamas, le bilan de la frappe de mardi s’élevait déjà à plus de 50 morts et au moins 150 blessées. Parmi les défunts se trouvaient, toujours selon l’organisation islamiste, sept des otages capturés par le Hamas lors des massacres perpétrés en Israël le 7 octobre, dont trois détenteurs d’un passeport étranger. L’attaque avait causé un nouvel émoi dans le monde arabe, l’Arabie Saoudite condamnant «avec la plus grande fermeté le ciblage inhumain par les forces d’occupation israéliennes du camp de réfugiés de Jabalia», quand le Qatar dénonçait un «nouveau massacre». Contre «la guerre israélienne qui tue des innocents», la Jordanie avait annoncé le rappel de son ambassadeur à Tel-Aviv.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, s’était quant à lui dit «consterné par le nombre élevé de victimes», rappelant que «le droit de légitime défense doit toujours être contrebalancé par l’obligation d’épargner les civils dans toute la mesure du possible». L’ONU, par la voix du chef de ses opérations humanitaires, Martin Griffiths, avait déploré une nouvelle «atrocité» dans une enclave où «les combats sont entrés dans une phase encore plus terrifiante avec des conséquences humanitaires de plus en plus épouvantables».

De nouveaux bombardements ce mercredi

«Cela fait plus de deux semaines que nous appelons les habitants de cette zone à partir, par tous les moyens : la radio, le téléphone, la dispersion de prospectus. Nous leur avons dit de se déplacer vers le sud, qui est une zone plus sûre», s’est défendu mercredi le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne. Tsahal affirme avoir ciblé – et réussi à tuer – Ibrahim Biari, présenté comme un des organisateurs des attaques du 7 octobre. Selon les militaires israéliens, celui-ci se trouvait dans «un vaste complexe de souterrains d’où il dirigeait les opérations» et aurait succombé à l’effondrement de cette structure.

Le mouvement islamiste a bâti sous le sol de Gaza un dense réseau de galeries qui lui confère un avantage considérable en cas d’offensive terrestre israélienne, et Tsahal l’accuse d’avoir délibérément placé les entrées de certains des tunnels à proximité de sites civils comme des hôpitaux. «Nous faisons de notre mieux pour minimiser les dommages, jure Daniel Hagari, mais la manière dont le Hamas a construit ses infrastructures nous pose un grand défi.» Près de 9 000 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza depuis la reprise de la guerre, selon le Hamas.