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Libération
Droit dans ses bottes

Le nouveau plan israélien pour Gaza est «le meilleur moyen de terminer la guerre», affirme Nétanyahou

Le Premier ministre israélien défend ce dimanche 10 août son plan de conquête de la ville de Gaza, contesté par ses alliés d’extrême droite et les familles des otages.
Des tentes utilisées comme abris temporaires par des Palestiniens déplacés sont installées près de bâtiments endommagés dans la ville de Gaza, le 8 août 2025. (Bashar Taleb/AFP)
publié le 10 août 2025 à 16h21
(mis à jour le 10 août 2025 à 17h22)

C’est le «meilleur moyen pour terminer la guerre» contre le Hamas à Gaza : le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a justifié dimanche le nouveau plan d’opération de l’armée dans le territoire palestinien dévasté et affamé, y promettant par ailleurs une augmentation de l’aide humanitaire. Au même moment, s’est ouverte à New York une réunion urgente du Conseil de sécurité de l’ONU sur le conflit, au cours de laquelle un haut responsable onusien a mis en garde contre «une nouvelle calamité» qui aurait des résonances «dans toute la région» si jamais ce plan était déclenché.

Après 22 mois de guerre, Benyamin Nétanyahou est confronté à une très forte pression, en Israël sur le sort des 49 otages encore aux mains du Hamas, et à l’étranger pour faire taire les armes dans la bande de Gaza, où plus de deux millions de Palestiniens sont menacés d’une «famine généralisée» selon l’ONU. «Nous avons accompli aujourd’hui une grande partie du travail. Nous avons environ 70 à 75 % de Gaza sous contrôle militaire israélien», a déclaré Benyamin Nétanyahou au cours d’une conférence de presse à Jérusalem.

«Calendrier assez court»

«Mais nous avons encore deux bastions restants : ce sont la ville de Gaza et les camps» du centre. Le plan israélien «est la meilleure façon de terminer la guerre» et «nous n’avons pas d’autre choix pour terminer le travail», a-t-il affirmé. Le nouveau plan de l’armée «ne vise pas à occuper Gaza, mais à démilitariser Gaza», a-t-il répété, résumant : «premièrement, désarmer le Hamas. Deuxièmement, tous les otages sont libérés. Troisièmement, Gaza est démilitarisée. Quatrièmement, Israël exerce un contrôle de sécurité prépondérant. Et cinquièmement, une administration civile pacifique non israélienne».

«Nous le ferons en permettant d’abord à la population civile de quitter en toute sécurité les zones de combat pour se rendre dans des zones sûres désignées», où «on leur fournira en abondance de la nourriture, de l’eau et des soins médicaux», a assuré le Premier ministre. Benyamin Nétanyahou a promis des «couloirs protégés» et «d’augmenter le nombre de sites de distribution d’aide de la GHF» (Fondation privée soutenue par les Etats-Unis et Israël), ainsi que les «largages aériens».

«Nous parlons en termes d’un calendrier assez court parce que nous voulons mettre fin à la guerre. […] Nous allons gagner la guerre, avec ou sans le soutien des autres», a-t-il enfin lancé, alors que son plan a suscité la réprobation internationale.

Effroi des familles des otages

L’annonce du plan israélien vendredi a suscité l’effroi des familles d’otages enlevés lors de l’attaque sanglante du Hamas en Israël du 7 octobre 2023, qui y voient une condamnation à mort de leurs proches. Le Hamas a prévenu que la nouvelle offensive aboutirait à leur «sacrifice».

Samedi soir, des dizaines de milliers de personnes ont de nouveau manifesté à Tel-Aviv, pour exiger un accord assurant le retour de tous les otages - dont 27 déclarés morts par l’armée - en échange de la fin des hostilités dans le territoire palestinien. «Le cabinet a décidé du sort des otages : les vivants seront assassinés et les morts disparaîtront à jamais», a accusé Einav Zangauker, mère de l’un d’entre eux, et figure de la mobilisation des familles. Des parents d’otages ont appelé à une grève générale pour dimanche prochain.

Extrême droite et opposition contre le plan

Dans le même temps, l’extrême droite, partie prenante de la coalition gouvernementale a clamé son désaccord. «Le Premier ministre et le cabinet se sont rendus aux faibles», a fustigé le ministre des Finances, Bezalel Smotrich. «Je veux tout Gaza, le transfert (de sa population, ndlr) et la colonisation», a renchéri le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, autre figure d’extrême droite au sein de la coalition.

Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid martèle, lui, que le plan est une «catastrophe». «Ils vont mobiliser à la dernière minute 430 000 réservistes […] Ils démantèlent le pays de l’intérieur», a-t-il répété dimanche. Sur la radio de l’armée, le spécialiste des affaires militaires Doron Kadosh a estimé que «le plan pourrait ne pas commencer avant octobre». D’ici là, «la balle est dans le camp des médiateurs» pour trouver un règlement, souligne le journal Maariv.